Un siècle après sa mort, Erik Satie, compositeur autrefois moqué ou ignoré, revient sur le devant de la scène grâce à un documentaire sensible et poétique réalisé par Gregory Monro. Intitulé Erik Satie, entre les notes, ce film dresse le portrait d’un artiste inclassable, qui a profondément influencé la musique moderne sans jamais vraiment y trouver sa place.
Il vécut dans la misère, dans un désordre aussi absurde que ses partitions griffonnées de consignes mystérieuses (« Enfouissez le son », « Jouez comme un pot de fleurs »…). Erik Satie, mort en 1925 dans son modeste appartement d’Arcueil, n’a laissé derrière lui ni disciples, ni école, ni postérité immédiate. Et pourtant, il est aujourd’hui l’un des compositeurs les plus joués au monde.
Ce documentaire d’une heure, produit en 2025 à l’occasion du centenaire de sa disparition, revient sur l’itinéraire improbable d’un clown triste, génie visionnaire, que le conformisme bourgeois de la IIIe République ne sut jamais comprendre. Gymnopédies, Gnossiennes, Vexations, Trois morceaux en forme de poire, Parade… autant de pièces qui témoignent d’une liberté totale, d’un refus radical des académismes, et d’un humour pince-sans-rire qui frôle parfois le désespoir.
Un portrait musical, intime et facétieux
Gregory Monro s’appuie sur les écrits autobiographiques de Satie – à la fois sarcastiques et profondément mélancoliques – pour explorer la trajectoire de cet homme solitaire et marginalisé. Le film donne la parole à des artistes d’aujourd’hui qui revendiquent son héritage, de Nicolas Horvath à Alice Sara Ott, en passant par la harpiste Kety Fusco ou l’électro-compositeur Thylacine, qui réinterprètent ses œuvres dans un langage contemporain.
Le documentaire dévoile également des archives rares et savoureuses, où l’on croise Jean Cocteau, Picasso, Debussy, Auric ou Jean Wiéner. Des compagnons de route souvent éblouis, parfois moqueurs, mais jamais indifférents au personnage Satie. Ce dernier, tour à tour moine rose, pianiste de cabaret, ou compositeur de ballet surréaliste, échappe à toutes les étiquettes.
Une œuvre toujours vivante
Satie avait prévenu : « Je me suis toujours efforcé de dérouter les suiveurs ». Et c’est bien ce qu’il fit. Sa musique, longtemps méprisée, est aujourd’hui considérée comme prémonitoire de la musique répétitive, du minimalisme, et même de certaines formes de musique ambiante » Il a inspiré John Cage, Philip Glass, Brian Eno, et jusqu’à la pop culture contemporaine.
Erik Satie, entre les notes n’est pas un simple hommage, c’est une immersion dans l’univers d’un homme libre, dont la pauvreté matérielle cachait une richesse intérieure infinie. Un film à voir pour tous ceux qui croient que la musique, pour être belle, n’a pas besoin de plaire.
Crédit photo : DR
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Une réponse à “Erik Satie, génie fantasque et oublié : un documentaire rend hommage au compositeur anticonformiste”
Trop beau, nom de D. !!!