Alors que la pression s’intensifie à Berlin pour faire interdire le principal parti d’opposition, les Allemands dénoncent une manœuvre antidémocratique et dangereuse pour la stabilité du pays.
Une tentative de musellement politique ?
Berlin. En mai dernier, l’Office fédéral de protection de la Constitution (BfV), le service de renseignement intérieur allemand, a classé le parti Alternative für Deutschland (AfD) comme organisation « d’extrême droite ». Cette décision, prise sous l’égide de l’ex-ministre de l’Intérieur Nancy Faeser (SPD), connue pour sa proximité avec les milieux Antifa, ouvre la voie à une surveillance accrue du mouvement… et potentiellement à son interdiction.
Mais l’idée de bannir l’AfD, formation classée deuxième force politique du pays, ne passe pas dans l’opinion. Selon un sondage réalisé par l’Institut Allensbach pour la recherche sur l’opinion publique, 52 % des Allemands se disent opposés à une telle mesure. Seuls 27 % y sont favorables, tandis que 21 % se déclarent indécis.
Des électeurs lucides face à l’instrumentalisation du droit
Si une majorité relative des sondés (54 %) qualifie l’AfD de parti « d’extrême droite », cette perception ne se traduit pas pour autant par un rejet de ses électeurs. En effet, 67 % des Allemands de l’Ouest, et jusqu’à 88 % des habitants des Länder de l’Est – anciens territoires de la RDA où l’AfD domine – affirment avoir des proches qui soutiennent le parti. Fait notable : seuls 5 % considèrent ces soutiens comme véritablement « extrémistes ».
Ce décalage entre les discours médiatico-politiques et la réalité vécue explique en grande partie la défiance envers une procédure d’interdiction. Nombre de citoyens y voient une manœuvre du pouvoir pour éliminer un concurrent politique gênant, alors que l’AfD occupe aujourd’hui la place de premier parti d’opposition au Bundestag.
Au-delà du cas particulier de l’AfD, ce projet suscite des mises en garde venues du monde universitaire. Le professeur Andreas Rödder, de l’université Johannes Gutenberg de Mayence, avertit : interdire le deuxième parti du pays pourrait profondément miner la confiance dans les institutions démocratiques.
« Une interdiction qui éliminerait tous les votes AfD et offrirait une majorité parlementaire à la gauche serait un chemin assuré vers la guerre civile », prévient-il.
Même au sein de l’appareil sécuritaire, des voix s’élèvent. Hans-Georg Maaßen, ancien directeur du BfV, dénonce une instrumentalisation politique des services de renseignement. Selon lui, le classement de l’AfD comme organisation extrémiste repose quasi exclusivement sur des déclarations publiques de ses dirigeants sur l’immigration ou la souveraineté, et non sur des faits concrets.
« C’est une opération politique contre l’opposition. Le BfV est utilisé comme une arme, ce qui nuit gravement à sa crédibilité et à sa mission première », a-t-il déclaré.
Autre enseignement du sondage : 54 % des Allemands estiment qu’une interdiction de l’AfD n’aurait aucun effet durable, et qu’un nouveau parti aux positions similaires émergerait rapidement. Une conclusion logique dans un pays où les effets de l’immigration de masse, de l’insécurité culturelle et de la crise du logement sont palpables.
Alors que le gouvernement Scholz cherche à contenir la poussée populiste par la répression judiciaire, le pari est risqué. L’histoire récente enseigne que bâillonner une opposition populaire ne fait souvent que renforcer sa légitimité… et sa colère.
4 réponses à “Allemagne : une majorité de la population rejette l’interdiction de l’AfD, deuxième parti du pays”
« Gouvernement Scholz » ? Cet article daterait de 2024 ?
A quoi sert le point d’interrogation sur le chapeau « Une tentative de musellement politique » . Il y a encore une doute ?
Fascisme de gauche : pléonasme…
L’interdiction souhaitée de l’AFD est la preuve que la démocratie en Allemagne, en Europe, est une véritable mascarade ! Sortons de cette Europe du malheur, de la misère et du désespoir. Van der Layen n’est même pas élue par le peuple. Quelle belle imposture que cette Europe ! Vivement qu’elle explose en vol !