C’est une cargaison de cocaïne interceptée en 2020 qui a révélé, de manière inattendue, un vaste système de corruption au sein du bailleur social de la ville de Martigues (Bouches-du-Rhône), la Semivim. À l’époque, les enquêteurs français, alertés par une opération conjointe américano-italienne, découvrent 3,3 tonnes de drogue dissimulées dans un conteneur de bananes à bord d’un cargo à destination de Marseille.
Les balises GPS placées dans les pains de cocaïne conduisent les policiers jusqu’à une villa de Saint-Mitre-les-Remparts, près de Martigues. Le locataire, un entrepreneur local, est soupçonné de corruption. Un de ses proches, Adel Baha, salarié de la Semivim, finit par avouer son rôle dans un réseau de favoritisme et de marchés truqués.
Le parquet de Marseille ouvre alors, le 9 avril 2021, une enquête préliminaire, puis une information judiciaire le 14 octobre 2021 pour corruption, trafic d’influence, favoritisme, prise illégale d’intérêts et blanchiment en bande organisée (France 3 PACA). Le média Blast fut le premier à révéler les rouages de ce dossier, qui aboutira à la mise en examen de plusieurs élus, administrateurs et chefs d’entreprise.
Un système clientéliste bien rôdé
Parmi les premiers mis en cause figure un couple emblématique de la Semivim : Patricia Baptiste, directrice du patrimoine et proche du maire, et son compagnon Adel Baha, médiateur social employé de l’office HLM. Il admet avoir renseigné des entreprises pour l’obtention de marchés publics. Entre 2019 et 2020, il aurait perçu plus de 400 000 euros, dont près de 300 000 en liquide, et joué 700 000 euros au casino selon le journal Libération. Tous deux sont mis en examen fin 2021, notamment pour corruption passive et favoritisme.
Trois entreprises, filiales du groupe Omnium Développement, sont également poursuivies en 2022 pour avoir versé d’importantes sommes d’argent, offert des voyages à l’étranger ou fourni des matériaux en échange de marchés. Elles signent en janvier 2024 une convention judiciaire d’intérêt public, s’acquittent d’une amende de 1,7 million d’euros, et versent 250 000 euros d’indemnités à la Ville de Martigues et à la Semivim.
Selon France 3 PACA, la justice s’intéresse aussi à Corinne Dupont, directrice générale de la Semivim, ainsi qu’à deux adjoints au maire. Tous sont mis en examen pour favoritisme.
Le maire communiste dans la tourmente
Le 29 avril 2025, Gaby Charroux, maire communiste de Martigues depuis 2009 et président de la Semivim jusqu’en 2023, est à son tour mis en examen pour favoritisme. L’information, longtemps tenue secrète, est révélée par Blast le 17 juillet, puis confirmée par le parquet de Marseille.
Le maire de Martigues Gaby Charroux. Source : laprovence.com
Selon les enquêteurs, plusieurs salariés auraient alerté le maire sur les pratiques illégales en cours. Le juge d’instruction lui reproche de ne pas avoir empêché un favoritisme lors d’une commission d’appel d’offres à laquelle il n’avait pourtant pas participé.
Sur le site de Blast le 17 juillet, l’intéressé a défendu sa position : « Nous bénéficions à Martigues comme ailleurs de la présomption d’innocence. Et dès que cela me sera rendu possible, je ferai la démonstration de mon innocence à propos du supposé favoritisme. Venue au secours du maire, la section locale du Parti communiste insiste : « Dans cette affaire, il n’a pas manqué un seul euro dans les caisses de la Semivim », rapportait le Figaro le 22 juillet.
Mais à moins d’un an des municipales, cette affaire ternit l’image du dernier bastion communiste de la région, alors que le Rassemblement national ne cesse de progresser autour de l’Étang de Berre. À Martigues, le PCF dirige la ville depuis 60 ans…
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Une réponse à “Corruption, trafic de cocaïne, favoritisme : Martigues, fief communiste depuis 60 ans, sous pression judiciaire”
En 1950, les chanteurs parlaient de Martigues comme » la Venise provençale « …..et aujourd’hui ? Les politiques de gauche ( encore eux ! ) dans de sombres affaires de favoritisme et en toile de fond non pas les barques de pêcheurs mais un trafic de drogue….40 ans de politique de gauche de puis Miterrand et voilà le résultat !