Accord commercial USA-UE : Ursula von der Leyen plie face à Trump, l’Europe encaisse

Le 27 juillet 2025, Ursula von der Leyen, qui ne représente aucun européen mais qui négocie en leur nom,  a signé avec Donald Trump un accord commercial censé « éviter une guerre », mais qui s’apparente pour beaucoup à une capitulation en rase campagne. D’un point de vue américain, c’est bien joué, Trump se préoccupant de son peuple, pas des autres. D’un point de vue européen, voilà ce qui arrive quand on confie le pouvoir de diriger un continent à des commissaires non élus.

Derrière les sourires forcés, c’est une Union européenne affaiblie, mise sous pression, qui accepte des concessions majeures en échange d’un répit provisoire. Et dans ce jeu transatlantique de dupe, les conséquences risquent d’être lourdes, y compris pour les PME bretonnes.

Une négociation sous contrainte : le sabre de Damoclès des tarifs américains

Depuis sa réélection en novembre 2024, Donald Trump n’a cessé d’agiter la menace de sanctions économiques contre l’Europe, accusée de creuser un déficit commercial abyssal – estimé à 50 milliards de dollars – aux dépens des États-Unis. Dans la logique du « America First » retrouvé, les partenaires deviennent des cibles, et les alliés, des clients potentiels à rançonner. En janvier 2025, à peine investi, Trump annonce vouloir taxer jusqu’à 30 % les importations européennes. L’intimidation est claire : acheter américain ou payer le prix fort.

Face à lui, Ursula von der Leyen, reconduite à la tête de la Commission européenne sans jamais avoir été élue par le moindre citoyen européen, se rend à Prestwick, dans l’antre de Turnberry, propriété de Trump, pour négocier en position de faiblesse. Le résultat ? Un « compromis » asymétrique, présenté par le président américain comme « le plus grand deal jamais signé » – un refrain bien rodé.

Les grandes lignes d’un accord à sens unique

À partir du 1er août 2025, les États-Unis appliqueront une taxe douanière de 15 % sur la majorité des produits européens, notamment dans l’automobile, l’acier, le vin et les cosmétiques. Certes, ce taux est inférieur aux 30 % brandis au départ, et quelques exemptions (aéronautique, chimie, agriculture) ont été obtenues. Mais l’essentiel est là : l’Europe paiera pour continuer à commercer.

En échange, l’UE s’engage à acheter 750 milliards de dollars de gaz naturel liquéfié américain en trois ans – un cadeau inespéré pour les producteurs US, moins pour les objectifs climatiques européens. Pire : Bruxelles promet 600 milliards d’investissements publics et privés européens dans l’économie américaine, notamment dans la tech, les infrastructures et l’armement.

Cet alignement énergétique et financier scelle une dépendance renforcée à l’économie américaine, sous couvert d’apaisement commercial. L’accord est prévu pour trois ans, avec révision possible. Des contre-mesures européennes sont évoquées, mais elles relèvent pour l’instant de la dissuasion théorique.

Les conséquences : choc économique et fracture continentale

À court terme, les nouveaux tarifs douaniers vont peser lourd sur les exportateurs européens. Selon les prévisions internes de la Commission, entre 100 et 200 milliards d’euros de pertes sont à prévoir sur les exportations annuelles. Le secteur automobile allemand est en première ligne, avec des hausses de coût majeures pour Volkswagen, BMW ou Mercedes. L’acier, l’aluminium, les vins, les spiritueux, les cosmétiques : tous seront touchés.

Pour la France, relativement moins dépendante du marché américain, l’impact est plus diffus… mais pas inexistant. En Bretagne, les PME exportatrices de produits laitiers, de cidre ou de conserves agroalimentaires pourraient faire les frais de la hausse des prix et des commandes réduites. Déjà sous pression en raison de la crise agricole et des normes européennes, le tissu entrepreneurial breton risque de voir se fermer un débouché précieux.

À plus long terme, le rachat forcé de GNL américain – alors même que le gaz russe est à nos portes – va à contre-courant des ambitions environnementales de l’UE. Quant aux 600 milliards promis à l’économie américaine, ils posent une question cruciale : pourquoi financer l’innovation chez l’autre quand la nôtre patine ? Comme l’alertait Mario Draghi en 2024, l’Europe finance trop le développement des autres puissances, au détriment de sa propre souveraineté économique.

Les réactions à l’accord ont été aussi immédiates que virulentes. En France, François Bayrou a parlé d’un « jour sombre » et d’un « acte de soumission ». Marine Le Pen a accusé von der Leyen de sacrifier les agriculteurs français pour protéger les exportations automobiles allemandes. À gauche, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une « reddition commerciale ». Seul Stéphane Séjourné, proche de Macron, a défendu l’accord comme un mal nécessaire.

En Allemagne et en Italie, les gouvernements jouent l’apaisement. Friedrich Merz (CDU) se félicite d’avoir « évité le pire » pour les constructeurs. Giorgia Meloni salue un accord qui « préserve la stabilité ». Sur les marchés financiers, la signature du pacte a été accueillie par une hausse des places boursières européennes – mais cette euphorie de court terme masque un rééquilibrage géoéconomique préoccupant.

Sur les réseaux sociaux, la colère est palpable. Des hashtags comme #VetoUE ou #DemissionVonDerLeyen se multiplient. Des mèmes moqueurs tournent en dérision le rôle de la présidente de la Commission, comparée à une VRP soumise à un client capricieux.

Ce pacte entre Trump et von der Leyen ne se résume pas à un accord de commerce : il est un révélateur. Révélateur d’un rapport de force défavorable, d’une Union européenne affaiblie, fragmentée, contrainte de choisir entre l’humiliation et le chaos.

Si l’on ne réagit pas, l’Europe de demain pourrait bien n’être qu’un marché sous influence, où l’indépendance énergétique, industrielle et politique ne sera plus qu’un souvenir de conférence de presse. Et où les peuples, à commencer par ceux des régions comme la Bretagne, n’auront plus rien  pour signifier leur refus.

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6 réponses à “Accord commercial USA-UE : Ursula von der Leyen plie face à Trump, l’Europe encaisse”

  1. louis dit :

    une belle carotte on dit merci qui ?😁

  2. TITUS dit :

    Les traitres qui nous gouvernent ne parleront jamais de FREXIT, seule solution pour retrouver notre indépendance. Et dans la foulée adhérer au BRICS nous permettrait de négocier seuls nos accords commerciaux tout en restant indépendants et libres de toutes nos politiques.

  3. Mompeyssin dit :

    Photo indigne de vous

  4. Franck dit :

    L’Europe est vraiment devenue un paillasson, en Allemagne et en Italie les gouvernements jouent l’apaisement. Friedrich Merzse se félicite d’avoir évité le pire, en fait il pensait: Ouff! Ils nous l’ont mise bien profond mais ils y ont mis un peu de vaseline. Stéphane Séjourné, proche de Macron, a défendu l’accord comme un mal nécessaire. Il doit savoir ce que c’est.

  5. Ronan dit :

    Demat,

    Le nombre de réactions à cet accord est effarant : FLORIAN PHILIPPOT sur sa chaîne You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=DcGpYNgX_IQ ; François ASSELINEAU au journal de TVL, Marc TOUATI sur Europe 1 et j’en passe et des meilleures ; France Soir aussi bien sûr( https://www.francesoir.fr/politique-monde/ue-usa-une-victoire-pour-trump-un-desaveu-pour-ursula) et un seul mot d’ordre en résumé à mon avis : quitter cette Union Européenne car c’est elle qui décide seule, selon le traité de Lisbonne, de nos échanges commerciaux et la France ne peut que se soumettre pour le meilleur et sûrement le pire hélas à cet accord douanier. Kenavo.

  6. NEVEU Raymond dit :

    Excellente photo qui résume merveilleusement bien la situation! La blonde platinée à la chevelure impeccable qui coûte une fortune aux finances de l’Europe sort d’un Donjon d’Ecosse maquée par Trump, excellente photo qui résume la situation! Elle avait déjà été ridiculisée par Erdogan.

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