Depuis quelques jours, tout l’espace médiatique officiel, surtout tenu par les « euro-mondialistes », ne parlait quasiment plus d’autre chose que du fameux accord sur les droits de douane entre les pays européens et les États-Unis.
Je dis à dessein « pays européens » car ces médias emploient « ad nauseam » le terme d’ Europe, comme si l’Union européenne était devenue un nouvel État-nation baptisé Europe, ensemble monolithique pourvu de tous les attributs de la souveraineté d’un véritable État. C’est à l’évidence un abus de langage d’autant plus que ces pays ont rarement pu apparaître aussi divisés qu’ils ne le sont aujourd’hui.
A ces divisions politiques déjà très inquiétantes pour le devenir de cette Union européenne, s’ajoute un fossé qui se creuse un peu plus chaque jour entre les peuples et leurs dirigeants. Cela n’avait pas échappé au vice-président américain JD Vance qui avait, lors d’un discours mémorable à Munich, fustigé ces derniers en raison du manque de démocratie qui caractérisait leur façon de gouverner. Ce que nous venons de vivre avec l’épisode des droits de douane illustre parfaitement les mots de JD Vance.
Pendant que « l’Europe » se divise, le reste du monde s’organise
Un très intéressant article publié sur le site « NEO » au sujet du sommet des BRICS de Rio de Janeiro fait état de cette évolution très rapide du changement mondial qui est en train de s’opérer. Les conclusions qui y figurent méritent pourtant qu’on s’y intéresse de près. La déclaration finale auraient dû faire l’objet d’un véritable débat sur ces chaînes qui, pourtant, prétendent nous donner l’information la plus complète et la plus objective. Le site MAP en résume les différents points en Français.
Ce qui doit en être retenu :
« Cette déclaration souligne l’engagement du groupe en faveur d’un « ordre international plus démocratique, représentatif et équitable », reflétant une frustration persistante à l’égard des institutions dominées par l’Occident. Le bloc réaffirme son soutien à une réforme de l’ONU, notamment à l’extension du Conseil de sécurité afin de mieux refléter les réalités géopolitiques actuelles et de renforcer la représentation des pays du sud global.
Les BRICS se positionnent ainsi à la fois comme réformateurs et comme alternative aux institutions existantes. L’accent mis sur le renforcement de leurs propres structures, telles que la Nouvelle Banque de Développement (NDB) et l’Accord de Réserve de Contingence, démontre une volonté d’institutionnalisation progressive. Ces outils ne sont pas présentés comme parallèles, mais comme complémentaires, destinés à « renforcer la coopération Sud-Sud » et à « favoriser la stabilité financière ».
Le groupe plaide également pour un monde multipolaire où « aucun pays ou groupe ne domine ». Affirmant les principes de souveraineté et de non-ingérence, les BRICS remettent en question la légitimité des sanctions non approuvées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ils défendent ainsi un discours où la compétition institutionnelle s’accompagne d’un plaidoyer pour une plus grande légitimité, réaffirmant que l’ordre mondial post-occidental doit refléter les voix du Sud global »
Ce qui doit nous faire réfléchir, c’est que les différents pays qui assistaient à ce sommet brésilien représentent plus de 80 % de la population mondiale. Les BRICS+ parmi lesquels figure l’Indonésie en représentent à eux seuls plus de la moitié. Tous n’étaient pas directement impliqués mais nombreux étaient les «observateurs », ce qui démontre l’intérêt qu’ils portent à cette démarche.
Ce qui doit également nous faire réfléchir, c’est de savoir quel rôle, nous, les occidentaux non-américains et notamment la France, allons nous pouvoir jouer dans ce profond bouleversement de l’architecture mondiale. L’énorme changement auquel nous assistons va considérablement redistribuer les cartes. L’ère des puissances maritimes, née en 1492, est en train de se terminer au profit des puissances continentales. Le commerce maritime, sans concurrence réelle durant plus de cinq siècles, doit maintenant composer avec les autres infrastructures de transport. La Chine, avec ses BRI (Belt and Roads Initiative) affirme clairement sa volonté dans ce domaine et a pris une très nette avance.
Pourquoi un tel silence de nos dirigeants politiques ?
Difficile d’imaginer qu’ils ne voient pas ce qui est en train de se produire. Pourquoi sont-ils dans ce qui s’apparente de près à un véritable déni ? Donald Trump, de son côté, semble l’avoir tout à fait compris. Pour le moment, et il ne peut pas faire autrement, il se contente de « montrer ses muscles » aux BRICS. Mais cette apparence ne doit pas nous endormir. Il est très probable qu’il ait autre chose en tête, et notamment de s’entendre avec les deux autres grandes puissances économiques que sont la Russie et la Chine sur un autre partage du monde. Sa volonté de sortir d’un libre échange rendu quasi-institutionnel par l’École de Chicago témoigne de ce changement de paradigme. Il veut redonner à l’Amérique la plus grande autonomie possible de façon à lui assurer la plus grande indépendance possible. D’autant plus que les recettes que vont lui procurer les droits de douane vont lui permettre de baisser les impôts fédéraux tout en donnant à l’industrie américaine un nouvel espace de développement.
Chez nous, nous continuons notre imperturbable bonhomme de chemin. Le « Mercosur », obsolète vestige d’un ordre d’ores et déjà révolu, semble toujours à l’ordre du jour. La seule indication de la boussole gouvernementale est la quasi-certitude d’une guerre avec la Russie qui doit monopoliser tous nos efforts.
Peut-être serait-il temps que quelqu’un sorte de ce silence. Le problème est que les dirigeants européens au pouvoir, y compris ceux de la France, sont pratiquement tous issus des mêmes « cercles de pensée ». Que ce soit le Bilderberg, la Commission Trilatérale ou encore les Young Global Leaders de Davos, tous ont été « idéologisés » par le projet d’un monde monopolaire avec un gouvernement mondial contrôlé par la finance internationale. Dans son livre « l’Amérique empire », Nikola Mirkovic y fait allusion en écrivant que l’État profond américain avait préféré « coloniser les élites plutôt que de coloniser les pays ». Dans ces conditions, aborder la réalité des choses peut constituer une sorte de reniement. Il ne faut pas trop compter sur eux pour orienter différemment le destin de notre nation de façon à lui redonner, ainsi qu’au peuple français, son entière souveraineté.
Ce qui est plus troublant, c’est que ceux qui aspirent à exercer le pouvoir et qui disposent de la notoriété donné par des appareils politiques puissants restent aussi discrets sur leurs visions du monde futur. Peut-être ont-ils peur de ne pas être compris par le peuple ?
Le plus simple serait de lui demander, après avoir présenté la réalité telle qu’elle est et non telle qu’on voudrait qu’elle soit.
Jean Goychman
Crédit photo : DR
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2 réponses à “Pendant qu’on nous endort, le reste du monde s’éveille”
C’est la chute de l’Empire Romain d’Occident. Nous avons les dirigeants que nous méritons, et nous méritons le sort qui nous échoit.
A noter que tous les pays des BRICS utilisent le système métrique, ce qui n’est pas le cas des USA…