Un traitement vedette du diabète de type 2, le tirzépatide (commercialisé sous les noms Mounjaro et Zepbound), est aujourd’hui dans le viseur des chercheurs après la publication d’une vaste étude menée au Royaume-Uni. Selon les résultats, ce médicament doublerait le risque de développer une forme grave de rétinopathie diabétique chez les patients déjà fragilisés au niveau de la rétine.
Une maladie silencieuse mais redoutable
La rétinopathie diabétique proliférante (ou PDR), est une complication redoutée du diabète : elle se manifeste par la croissance anormale de vaisseaux sanguins sur la rétine, pouvant entraîner une hémorragie, un décollement de la rétine ou un glaucome néovasculaire. Sans traitement, ces lésions peuvent conduire à une perte de vision irréversible.
Une étude de terrain sur près de 7 000 patients
Les chercheurs de l’Imperial College London Diabetes Centre ont étudié les données médicales de 6 870 adultes atteints de diabète de type 2. Parmi eux, 3 435 avaient reçu du tirzépatide pendant au moins six mois. Les chercheurs ont comparé leurs résultats à un groupe témoin apparié – même âge, même durée de diabète, même état rétinien au départ.
Résultat : 1,1 % des patients traités au tirzépatide ont développé une rétinopathie proliférante, contre 0,5 % dans le groupe témoin. Soit un risque doublé (+115 %), en particulier chez les personnes déjà atteintes de lésions oculaires légères.
Pourquoi ce médicament peut poser problème
Le tirzépatide agit en stimulant la libération d’insuline et en réduisant l’appétit, ce qui permet une chute rapide du taux de sucre dans le sang. Mais selon la Dre Meenal Agarwal, optométriste interrogée par les auteurs, ce mécanisme pourrait être à double tranchant. « Des baisses brutales de la glycémie peuvent fragiliser les vaisseaux rétiniens et accélérer des lésions préexistantes », explique-t-elle.
Ce phénomène – déjà observé dans le cadre d’un contrôle glycémique intensif – pourrait expliquer pourquoi certains patients voient leur état visuel se détériorer peu après l’initiation du traitement. En moyenne, les complications oculaires sont apparues environ 11 mois après le début de la prise de tirzépatide.
Un effet paradoxal chez les patients sans atteinte initiale
Fait intéressant : chez les patients sans lésion rétinienne au départ, le médicament semble au contraire offrir une certaine protection, avec une baisse de 27 % du risque de rétinopathie sur la durée du suivi. Ce qui suggère que le danger concerne surtout les patients fragilisés.
Les auteurs de l’étude ne remettent pas en cause l’efficacité du tirzépatide dans la gestion du diabète et de ses complications métaboliques. Mais ils insistent sur la nécessité d’un suivi ophtalmologique renforcé, dès l’initiation du traitement, chez les personnes à risque.
Des signes d’alerte doivent être connus des patients : baisse soudaine de la vision, taches sombres, lignes déformées, éclairs lumineux, etc.
Un enjeu de santé publique
Avec des millions de patients concernés dans le monde, les résultats de cette étude publiés dans la revue Diabetologiapourraient bien influencer les recommandations cliniques à venir. En France, où l’incidence du diabète continue de progresser, ces données rappellent que tout progrès pharmacologique exige une surveillance étroite et personnalisée.
La société pharmaceutique Eli Lilly, qui commercialise le tirzépatide, n’a pas encore réagi publiquement à cette publication.
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Une réponse à “Tirzépatide : le médicament contre le diabète doublerait le risque de cécité chez certains patients”
de la » Berberine » pour la glycémie, et du « Gugull » pour le bon fonctionnement du sang dans les artères et les petits vaisseaux sanguins.