La paralysie de la centrale nucléaire de Gravelines par un arrivage massif de méduses, en plein cœur d’août, a donné le ton d’un été marqué par des épisodes spectaculaires. Pendant que les plages du Nord voyaient s’échouer des centaines de spécimens urticants, le littoral breton observait la situation avec vigilance.
Du Nord à la Bretagne, des situations contrastées
Le lundi 11 août, la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) a dû arrêter quatre de ses réacteurs (2, 3, 4 et 6) en raison d’un afflux de méduses dans les systèmes de refroidissement. Les deux autres réacteurs, déjà en maintenance, ont conduit à un arrêt complet de la production pendant deux jours, avant un redémarrage progressif le 13 août. Selon Elvire Antajan, chercheuse à l’Ifremer citée par France 3 Normandie le 12 août : « Il est tout à fait normal d’avoir des méduses… c’est une mauvaise coïncidence entre la présence de méduses au large et un courant qui les a entraînées près du littoral ».
Sur les plages, les encadrants rappellent les gestes à adopter : racler délicatement les filaments avec du sable ou une carte rigide, rincer à l’eau de mer et se présenter au poste de secours, comme le préconisait Vincent Thery, chef de poste à Malo-les-Bains auprès de franceinfo il y a quelques jours.
En Bretagne, la situation est plus calme. Dans la baie de Bourgneuf, des méduses ont été observées par mer calme, mais sans caractère particulièrement dangereux, selon Ifremer Nantes, comme le rapportait Le Courrier du Pays de Retz le 14 août. Le littoral reste néanmoins exposé à des pics soudains lorsque vents et courants rabattent les organismes vers la côte.
Les physalies (galères portugaises, très urticantes et potentiellement dangereuses) ont ainsi été signalées début juillet dans le Trégor et avaient déjà provoqué la fermeture temporaire d’une plage à Ploemeur en 2024. Rappelons que la physalie n’est pas une méduse mais un siphonophore, colonie de polypes dotée de filaments pouvant mesurer plusieurs dizaines de mètres.
Pas de flambée générale documentée
La question d’une augmentation durable des méduses reste ouverte. « On n’a pas de suivi en France sur la présence des méduses sur notre littoral », soulignait Elvire Antajan, précisant : « En Normandie, je ne dirais pas qu’il y a plus de méduses qu’il y a dix ans. » Les scientifiques rappellent que dans certaines zones du globe, comme en Namibie, des hausses ont été documentées en lien avec la surpêche, mais aucune tendance nette ne se dégage en France faute de données continues.
Certaines espèces restent néanmoins à surveiller. La Pelagia noctiluca, de couleur violette, est considérée comme la plus urticante que l’on puisse voir en France, surtout en Méditerranée. Les physalies, elles, sont capables de provoquer des brûlures comparées à une électrocution et ont entraîné cet été encore plusieurs fermetures de plages dans le Sud-Ouest.
En 2025, le littoral breton n’a pas connu de prolifération massive comparable aux épisodes méditerranéens ou à la spectaculaire invasion du Nord. Les observations restent ponctuelles, souvent liées à des conditions météo et maritimes particulières. Même échouée, une méduse demeure urticante. Les autorités locales insistent donc sur la vigilance, en particulier lors des périodes de vents et courants orientés vers la côte. La Bretagne semble, pour l’instant, épargnée par une explosion générale des populations, mais reste exposée à des épisodes soudains, notamment avec les physalies, dont la dangerosité impose des fermetures préventives.
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