Le tribunal administratif de Ludwigshafen a récemment confirmé l’interdiction de candidature de Joachim Paul, député régional de l’AfD en Rhénanie-Palatinat. Cette décision, qui pourrait sembler ponctuelle, s’inscrit en réalité dans un schéma beaucoup plus inquiétant : l’État allemand utilise la justice et ses institutions pour neutraliser ses opposants politiques. A chaque recul démocratique, nous croyons qu’il est unique et définitif. Pourtant, il n’est ni le premier ni le dernier. Partout en Europe, la démocratie régresse, non à cause de l’extrême droite, mais des élites libérales, démocrates et humanistes. Elles prônent des valeurs qu’elles n’appliquent jamais, surtout envers leurs adversaires. Le motif invoqué, des « doutes » quant à sa loyauté constitutionnelle, repose sur le rapport des services de protection de la Constitution, organisation soumises aux directives gouvernementales. Un rapport administratif devient ainsi une arme pour museler un député légitimement élu.
Lire cet article à ce sujet : https://www.freilich-magazin.com/politik/demokratie-unter-beobachtung-wie-rechtsextremismus-hergestellt-wird
C’est un précédent dangereux : presque tous les candidats de l’opposition pourraient être exclus de la même manière avant les élections, limitant la capacité du parti à mener une campagne, gaspillant des ressources et affaiblissant son organisation interne. Cette pratique rappelle les mécanismes des régimes autoritaires : neutraliser méthodiquement les figures politiques crédibles pour ne laisser que des candidats dociles et manipulables. Mais ce qui se passe à Ludwigshafen n’est pas un cas isolé. Partout en Europe, la démocratie est sous pression, et les forces établies semblent utiliser des moyens administratifs pour contrôler l’opposition. En Roumanie, l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle par la Cour constitutionnelle, où le nationaliste Calin Georgescu est arrivé en tête avec près de 23 % des voix, illustre clairement ce recul démocratique. L’Allemagne n’est donc pas une exception : une tendance européenne se dessine, où l’opposition crédible se voit systématiquement affaiblie par des manigances admnistratives et politiciennes.
Joachim Paul n’est pas seulement un député régional : il représente un courant politique structuré, capable de mobiliser des électeurs et de porter une opposition réelle au gouvernement. En l’excluant de la course électorale, l’État neutralise une partie du débat démocratique. Chaque exclusion crée également un terrain favorable aux opposants internes au sein du parti, accentuant les rivalités et fragilisant les structures de l’AfD. L’enjeu dépasse Ludwigshafen : il s’agit de défendre le droit fondamental des citoyens à élire librement leurs représentants.
Pour l’AfD, ce moment est important. Chaque étape du combat juridique doit être préparée avec la conscience qu’il s’agit d’une bataille symbolique pour la démocratie, qui dépasse largement le simple cadre municipal. Les citoyens doivent comprendre que l’élimination d’un leader sur la base de rapports administratifs ou de doutes subjectifs ne concerne pas un parti isolé, mais le droit de toute opposition à exister et à représenter les électeurs.
L’affaire Ludwigshafen, combinée aux tendances observées en Europe, montre que la démocratie peut être attaquée de l’intérieur, par des institutions censées la protéger. Le combat de Joachim Paul est celui de tous ceux qui refusent que l’État décide arbitrairement qui peut représenter les citoyens et qui ne peut pas.
L’AfD et ses partisans se tiennent à un carrefour. Le soutien, la mobilisation de l’opinion publique et une stratégie juridique rigoureuse sont essentiels pour transformer cette attaque arbitraire en victoire. Si Ludwigshafen est perdue, le précédent affaiblira l’opposition partout en Allemagne et servira d’exemple pour d’autres pays européens. Mais si Joachim Paul et son parti résistent, cette bataille peut devenir un symbole de résilience, un avertissement clair : la démocratie ne se laisse pas museler par l’État ni par des institutions prétendument neutres.
Chaque citoyen attentif doit comprendre l’enjeu. La neutralisation de leaders politiques crédibles à travers l’Europe illustre une tentative coordonnée de réduire l’opposition politique, de contrôler les élections et de limiter la liberté des citoyens.
Matisse Royer
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine