Au début de l’été 2025, le mouvement néerlandais Forum pour la Démocratie (FVD) a rencontré à son domicile, à l’ouest de Paris, Alain de Benoist, figure majeure de la pensée identitaire européenne, écrivain prolifique et fondateur de la Nouvelle Droite. Auteur de plus d’une centaine d’ouvrages consacrés à l’ethnopluralisme, au néo-paganisme, à la métapolitique et à l’identité, le philosophe français a livré au magazine De Dissident un entretien dense et sans concessions sur l’état de notre civilisation et les perspectives de son avenir.
Une pensée enracinée, tournée vers l’Europe
Tout au long de cette conversation fleuve, enregistrée en français et sous-titrée en anglais, Alain de Benoist revient sur les thèmes qui structurent sa pensée depuis plus de quarante ans. Loin d’un repli national, il réaffirme la nécessité de penser l’Europe comme une civilisation unie, malgré ses divisions historiques, pour peser face aux empires actuels. Là où beaucoup d’intellectuels se cantonnent au cadre national, il souligne que les adversaires de l’identité européenne, eux, raisonnent à une échelle continentale, voire mondiale.
L’entretien aborde également la disparition des aristocraties européennes, autrefois garantes de grandeur, et la difficulté de concevoir un avenir commun sans cette élite. De Benoist insiste aussi sur l’importance des jeunes générations, appelées à infléchir le cours des choses à condition de sortir de la passivité.
Sur la question écologique, il dépasse les débats techniques pour dénoncer une crise spirituelle, fruit de l’hubris moderne et de la rupture entre l’homme et son environnement. Les technologies, loin d’être neutres, sont interrogées : favorisent-elles ou entravent-elles l’affirmation des identités dans un monde globalisé ?
Paganisme, droits de l’homme et identité
Plus de quarante ans après la publication de Comment peut-on être païen ?, Alain de Benoist revient sur sa vision du paganisme, qu’il continue de voir comme une réponse au nihilisme moderne. Dans la même veine, il critique à nouveau l’idée de droits de l’homme universels, qu’il considère comme une construction historiquement située et culturellement marquée, appelant à respecter les traditions propres à chaque civilisation.
Interrogé enfin sur la place de l’Europe entre les États-Unis de 2025, en pleine recomposition, et la Russie, il appelle à l’affirmation d’une voie autonome, indépendante, enracinée dans l’histoire et la culture du Vieux Continent. La réflexion s’élargit à l’« illibéral » hongrois, perçu non comme une anomalie, mais comme un laboratoire de résistance aux diktats globalistes.
L’entretien se conclut sur une note volontaire : « Nous avons une civilisation à sauver », rappelle Alain de Benoist, en invitant les Européens à engager leurs forces, chacun à son niveau, dans la défense de leur identité et de leur souveraineté culturelle.