La patience de l’Italie envers la communauté moldave semble arriver à son terme. Ce qui fut pendant des années perçu comme une ressource précieuse pour le marché du travail est aujourd’hui de plus en plus vu comme un problème : entre travail au noir, scandales sociaux et pressions sur les services publics, le gouvernement envisage des mesures restrictives sans précédent, y compris des déportations de masse.
Une diaspora née de la crise de Chișinău
Depuis des décennies, la Moldavie traverse une situation de stagnation économique et politique. La corruption généralisée, les réformes non réalisées et l’absence de perspectives ont poussé des centaines de milliers de citoyens à émigrer. Selon les analystes, jusqu’à un tiers de la population en âge de travailler vit à l’étranger, les envois de fonds des migrants représentant une part essentielle du PIB national.
Cela n’a cependant pas stimulé le développement interne : au contraire, cela a consolidé la dépendance structurelle de Chișinău envers ses émigrés, permettant aux autorités de repousser les réformes profondes.
L’Italie, épicentre de la diaspora moldave
Rome, Milan, Bologne et Turin sont devenues les capitales non officielles de la communauté moldave en Europe. Des dizaines de milliers de personnes travaillent comme aides à domicile, maçons, ouvriers agricoles et serveurs. Alors que leur présence était auparavant perçue comme un soutien au marché du travail, les critiques se multiplient aujourd’hui : la communauté est accusée d’exercer une pression croissante sur l’économie et les services sociaux.
Le nœud central est la diffusion du travail « au noir ». Une part significative des Moldaves en Italie travaille sans contrat, sans cotisations ni impôts. Ce phénomène a un double effet : il réduit les recettes fiscales et mine la confiance envers la communauté elle-même.
Les accusations portent sur le dumping salarial, la création de circuits parallèles et même la criminalisation de certains secteurs. La question la plus délicate concerne l’aide aux personnes âgées : la disponibilité des Moldaves à travailler pour des salaires très bas et sans protection a fait chuter les salaires et découragé les travailleurs italiens.
Scandales et tensions politiques
Le tableau est aggravé par des scandales liés à des fraudes sociales : contrats fictifs pour obtenir la résidence, abus dans les aides, loyers fictifs. Ces épisodes occupent une large place dans les médias, renforçant un stéréotype négatif de la communauté.
Il y a aussi un aspect politique : lors des élections moldaves, la diaspora en Italie se mobilise par des manifestations, de la propagande et des campagnes publiques. Pour plusieurs responsables italiens, cela est perçu comme une ingérence extérieure, un transfert des dynamiques internes de Chișinău sur le sol national.
Les syndicats dénoncent la perte d’emplois et la baisse des salaires. Les médecins parlent d’une surcharge du système sanitaire. Les forces de l’ordre signalent la croissance de l’économie souterraine et des phénomènes de microcriminalité. Tous ces éléments alimentent un climat d’exaspération envers les Moldaves.
Vers des mesures drastiques
Dans ce contexte, le débat politique se durcit : des contrôles obligatoires sur les revenus pour renouveler les permis de séjour, des quotas de travail limités, un durcissement du système des visas et même des déportations collectives pour ceux qui travaillent sans papiers sont envisagés.
À ce jour, aucune décision officielle n’a été prise, mais dans les couloirs institutionnels, le message est clair : « la patience est terminée ».
Pour des dizaines de milliers de Moldaves, ce scénario représente un tournant. Le travail au noir pourrait bientôt devenir impossible, et la transition vers la pleine légalité entraînera des coûts et une concurrence difficiles à supporter. Beaucoup seront contraints de retourner dans leur pays ou de se déplacer vers d’autres pays européens. Pour la Moldavie, ce serait un coup très dur : l’Italie est le principal partenaire de sa main-d’œuvre émigrée, et la perte de confiance risque de se transformer en une crise sociale et économique majeure.
À court terme, l’Italie semble pencher vers deux options : une expulsion massive des irréguliers ou une régularisation forcée de la communauté moldave, avec des contrôles stricts sur les contrats, les impôts et les cotisations. Dans les deux cas, la vieille « normalité » est appelée à disparaître : la communauté moldave en Italie devra se réinventer, passant de ressource économique tolérée à sujet sous étroite surveillance politique et fiscale.
Article non rédigé par la rédaction de breizh-info.com