La polémique enfle en Espagne entre le parti Vox et l’Église catholique. En cause : la décision des évêques espagnols de défendre, non pas les préoccupations de leurs fidèles, mais… la liberté de culte de la communauté musulmane de Murcie. Un positionnement qui a aussitôt déclenché un bras de fer politique et médiatique.
L’affaire de Jumilla : un déclencheur symbolique
Tout est parti de Jumilla, petite ville de la région de Murcie, où un élu local de Vox a fait voter l’interdiction de l’utilisation d’un gymnase municipal par des associations musulmanes, qui l’occupaient ponctuellement pour des fêtes religieuses. La Conférence épiscopale espagnole a immédiatement publié un communiqué pour dénoncer une atteinte à la liberté religieuse et… s’aligner sur les positions de la Commission islamique d’Espagne.
Un geste qui a stupéfié une partie de l’opinion publique, tant l’Église espagnole avait jusqu’ici la réputation d’être plus conservatrice que Rome.
Face à cette prise de position, Santiago Abascal, président de Vox, a riposté frontalement. Dans une interview en ligne, il a accusé l’institution ecclésiale de détourner le regard des vrais enjeux – immigration massive, islamisme radical, politiques sociétales de gauche – pour se réfugier derrière des postures moralisatrices.
Il a insinué que ce choix pouvait s’expliquer par les subventions publiques dont dépend l’Église, par le financement indirect qu’elle reçoit à travers l’accueil de migrants via Caritas, voire par son silence entretenu autour des scandales de pédophilie.
L’Église dénonce le « xénophobe »
L’archevêque de Tarragone, Joan Planellas, a répliqué en expliquant qu’« un xénophobe ne peut pas être un vrai chrétien ». Une déclaration qui résume l’angle adopté par l’épiscopat espagnol : opposer l’Évangile de la charité aux positions fermes de Vox sur l’immigration et l’islam.
Mais dans les faits, cette rhétorique alimente un fossé croissant entre une hiérarchie ecclésiale idéologisée et des fidèles de plus en plus sceptiques. Car selon les sondages cités par El Mundo, 72 % des électeurs de Vox se déclarent catholiques. Et malgré les sermons des évêques, le parti de droite nationale a engrangé ces dernières semaines plus de 300 000 nouveaux électeurs parmi eux.
Au-delà de la passe d’armes verbale, le débat porte aussi sur les flux financiers. Vox accuse certaines ONG catholiques – notamment Caritas – de profiter du système d’aides à l’immigration pour entretenir une économie parallèle de la migration. Les évêques, eux, affirment défendre un principe universel de liberté religieuse et de solidarité.
Mais sur le terrain, la réalité est plus complexe : les budgets des régions où Vox pèse politiquement – Murcie, Valence, Baléares – montrent une réduction des subventions destinées aux associations spécialisées dans l’accueil des migrants. Caritas et d’autres structures chrétiennes se retrouvent directement concernées.
Ce bras de fer illustre une crise profonde au sein du catholicisme européen : quand les évêques préfèrent défendre la construction de mosquées ou la protection de pratiques islamiques, au lieu de se concentrer sur la défense de leurs propres communautés en voie de marginalisation, ils prennent le risque de se couper de leur base.
En Espagne, Vox a bien compris cette faille : le parti mise sur l’exaspération d’une partie des catholiques, ulcérés de voir leur Église se transformer en supplétif idéologique du progressisme immigrationniste.
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