La ministre britannique de l’Intérieur, Yvette Cooper, s’apprête à annoncer une série de mesures visant à restreindre le regroupement familial des réfugiés. Une réponse à la colère grandissante de l’opinion publique face à l’explosion des arrivées par petites embarcations et à la multiplication des hôtels réquisitionnés pour l’hébergement des demandeurs d’asile.
Des conditions plus strictes pour les familles
Jusqu’à présent, les personnes ayant obtenu l’asile au Royaume-Uni pouvaient faire venir rapidement leurs conjoints et enfants, sans conditions de revenus ni exigence linguistique. À l’avenir, ces règles devraient se durcir :
- obligation de disposer de ressources suffisantes pour subvenir aux besoins du foyer sans recourir aux aides sociales ;
- renforcement des exigences en matière de maîtrise de l’anglais afin de « favoriser l’intégration » ;
- possible délai d’attente avant l’arrivée des familles, à l’image de pays comme l’Allemagne ou le Danemark, qui imposent jusqu’à trois ans d’attente.
Cette réforme intervient après une explosion du nombre de visas familiaux accordés : de 4 300 en 2023 à plus de 20 000 en un an. Une hausse qui accentue la pression sur les services sociaux et sur le logement, déjà saturés dans de nombreuses communes.
Fin annoncée des hôtels pour migrants
Yvette Cooper a également promis la fermeture progressive des hôtels d’accueil d’ici à la fin du Parlement, prévue pour 2029. Une concession aux élus locaux, excédés par les coûts et les tensions sociales générées par ces hébergements.
En parallèle, le gouvernement met en avant ses résultats dans la lutte contre les filières de passeurs. L’agence nationale de lutte contre le crime revendique 347 réseaux démantelés depuis le début de l’année, ce qui aurait contribué à une baisse des arrivées en août, le plus faible niveau depuis 2019.
Ces annonces surviennent dans un contexte politique tendu. Alors que Reform UK, le parti de Nigel Farage, caracole en tête dans les sondages avec un discours prônant les expulsions massives, et que les conservateurs défendent toujours le projet d’externalisation des demandes d’asile vers le Rwanda, le gouvernement travailliste cherche à reprendre la main.
Yvette Cooper assure vouloir sortir des « promesses irréalisables » pour privilégier des solutions « durables et applicables ». Son Livre blanc prévoit également de limiter l’utilisation de la Convention européenne des droits de l’homme par les migrants, en particulier l’article 8 relatif au droit à une vie familiale, souvent invoqué devant les tribunaux.
Une politique migratoire sous tension
Cette réforme du regroupement familial marque un tournant : les réfugiés devront désormais répondre à des critères proches de ceux imposés aux citoyens britanniques qui souhaitent faire venir un conjoint étranger, soumis à un seuil de revenus d’au moins 29 000 livres par an. Pour ses partisans, cette politique vise à restaurer une « équité » entre citoyens et migrants, tout en réduisant la pression sur les infrastructures locales. Pour ses détracteurs, il s’agit d’une attaque frontale contre le droit à la vie familiale.
Une chose est certaine : avec près de 30 000 migrants déjà arrivés par la Manche cette année et une opinion publique de plus en plus exaspérée, le dossier migratoire s’annonce explosif au Royaume-Uni dans les mois à venir. A Londres, une grande manifestation de patriotes est annoncée, le samedi 13 septembre et des dizaines de milliers de participants, venus de toute l’Europe, devraient converger pour dire non à l’immigration.
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