En Italie, des milliers d’internautes ont publié des photos érotiques ou pornographiques de leur femme, de leur mère ou d’inconnues sur des groupes Facebook, des plateformes et des forums, dans le but de les livrer en pâture aux autres utilisateurs, qui étaient invités à les commenter. Des photos volées sans le consentement des principales intéressées, ou détournées en deepfakes transformant des photos publiques en photos à caractère sexiste et/ou pornographique. Plusieurs personnalités sont concernées dont le Premier ministre Giorgia Meloni.
MiaMoglie
« Salut je suis nouveau dans ce groupe, j’ai une femme super bonne et chaudasse. Une grosse sal***, un spectacle de la nature. Amusez-vous bien et faites-moi savoir ce que vous en pensez. Elle est actuellement ignare de mes fantasmes. »
L’infirmière signale le groupe à Meta mais elle ne reçoit pas de réponse et le groupe reste actif. Elle décide alors de contacter la scénariste et auteur Carolina Capria qui fait en sorte que la dénonciation devienne publique et virale, levant le voile sur un vase de pandore. Les autorités compétentes prennent en charge l’affaire et mènent l’enquête, prenant contact avec les femmes exposées pour déterminer si elles avaient ou non consenti à être photographiées dans leurs lits, sous la douche, à la mer, aux toilettes etc et à être exposées par leurs maris. Des maris et des voyeurs au profil aussi varié qu’insoupçonnable : employés, chômeurs, anciens politiciens, entrepreneurs, militaires, policiers… Tombant sous le choc d’une telle trahison de la part de l’être aimé, elles sont plus de trois mille à porter plainte en quelques jours. Si le groupe à été fermé et que les auteurs des publications sont actuellement mis en examen, il est pratiquement impossible de retirer les photos de la toile plusieurs d’entre elles ayant déjà été retrouvées sur des plateformes pornographiques, notamment sur les sites cuckhold.
Le groupe MiaMoglie était actif depuis sept ans et avait fait l’objet de nombreuses signalisations qui n’ont jamais abouties, ce qui est pour le moins surprenant quand on sait la facilité avec laquelle les contenus, même les plus anodins, non-alignés sur la politique progressiste de Meta sont censurés.
Phica.eu
En parallèle, une autre affaire éclate. Sur le forum du site pornographique Phica.eu – désormais fermé – parmi des milliers de photographies pornographiques, se sont retrouvées celles de femmes, y compris des figures institutionnelles, des actrices et des grandes journalistes, ignares du fait que leurs image était échangée et commentée. Photos dérobées, photos librement échangées mais diffusées à leur insu, photos publiques falsifiées grâce aux techniques de l’intelligence artificielle (deepfake) et transformées en contenu pornographique. Dans tous les cas les femmes y sont exposées comme de la marchandise et livrées à leur insu à la perversion des internautes.
Le mercredi 27 août 2025, l’eurodéputée italienne Alessandra Moretti (Parti Démocrate) publie une vidéo sur Instagram annonçant, dans la foulé du scandale MiaMoglie :
« J’ai récemment découvert que j’étais, moi aussi, victime d’un site pornographique fréquenté par des milliers d’hommes, sur lequel des centaines de mes photos ont été téléchargées depuis 2014. Des photos qui ont été modifiées puis données en pâture à ces animaux qui les ont commentées avec des phrases obscènes, chargées de violence et de brutalité »
Avant la fermeture du forum, sous la pression de la police chargée de lutter contre la cybercriminalité, plus de 200.000 personnes étaient inscrites et diffusaient des images avec 600.000 accès par jour.
Pas le patriarcat, mais son contraire
Le si pratique « patriarcat » a bien entendu encore une fois été pointé du doigt. Pourtant, comme le rappelle avec justesse la sénatrice Susanna Donatella Campione, membre de la Commission Justice et féminicide :
« Aucun patriarche n’aurait jamais exposé sa propre femme à la risée publique.
L’homme patriarcal ne tire aucune satisfaction du jugement d’autres hommes sur le corps de la femme à laquelle il est lié. Dans les sociétés patriarcales, le corps des femmes est recouvert, justement pour les soustraire totalement au regard des autres hommes. »
Pour la sénatrice,
« Nous ne sommes pas ici en face d’une réaffirmation du patriarcat et encore moins de machisme. Au contraire, les hommes qui ont partagé ces images n’ont exercé aucun pouvoir sur leur compagne mais ont démontré une véritable dépendance à l’image féminine. Incapables de rapports réels avec des femmes réelles, ils cherchent la confirmation seulement à travers l’écran. »
Ces hommes – des déviants qui n’assument pas leur déviance sexuelle – sont le symptôme d’une société où les perversions sont normalisées, partagées et donc encensées, où l’intimité violée devient un spectacle mis à la portée de tous, et où l’humiliation subie par les victimes est amplifiée par la technologie.
Continuer à généraliser en mettant tous les hommes sans distinction dans le même sac, ne fera qu’entraver l’émergence de solutions au problème de l’hypersexualisation de la société et de l’explosion des perversions sexuelles.
Audrey D’Aguanno
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