Le Royaume-Uni aime se présenter comme la patrie de la liberté d’expression. Mais l’arrestation du scénariste irlandais Graham Linehan, créateur de la série culte Father Ted, met en lumière une réalité bien différente : dans la Grande-Bretagne de Keir Starmer, certaines opinions valent désormais un passage par la case commissariat.
Un humoriste arrêté pour des posts ironiques
Revenu à Londres pour comparaître devant la justice, Linehan a été interpellé dès son arrivée à Heathrow par des policiers armés. Son « crime » ? Avoir publié sur X (ex-Twitter) des messages satiriques sur l’idéologie transgenre. Après 16 heures de garde à vue et un passage aux urgences dû à une tension artérielle élevée, il a été libéré sous caution… à condition de ne plus rien publier sur X. Une mesure liberticide, qui rappelle les restrictions imposées récemment à un pompier par la police du Staffordshire au nom de « la sécurité publique ».
Linehan s’est fait connaître par son sens de la dérision, notamment en caricaturant l’Église catholique dans Father Ted. Le voir menotté pour avoir tourné en ridicule une idéologie contemporaine pose une question simple : dans quel pays vit-on, si la satire est tolérée pour la religion mais criminalisée pour l’idéologie transgenre ?
Même si Linehan échappe à une condamnation, l’objectif est atteint : dissuader d’autres voix critiques de s’exprimer. C’est « le processus comme punition » : l’exposition publique et les coûts psychologiques suffisent à instaurer l’autocensure.
Graham Linehan has been arrested at Heathrow by 5 police upon his return to the UK.
His crime was these 3 posts.
He was taken to hospital after his blood pressure spiked, and has been banned from posting on X.
Freedom of speech is dead in the UK.@Glinner @elonmusk pic.twitter.com/fhYWr49fS6
— Billboard Chris 🌎 (@BillboardChris) September 2, 2025
Depuis un demi-siècle, la législation britannique a multiplié les restrictions au nom du « maintien de l’ordre » ou de la « protection des sensibilités ». L’Article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme encadre déjà lourdement la liberté d’expression, permettant de la limiter pour des motifs très larges : sécurité, moralité, réputation, prévention des « tensions communautaires »… Une brèche dans laquelle les gouvernements successifs n’ont cessé de s’engouffrer.
Une notion de « sécurité » sans limites
Keir Starmer affirme que le Royaume-Uni défend « farouchement » la liberté d’expression, mais « dans les limites nécessaires pour garder nos rues sûres ». Problème : le terme « sûr » peut englober aussi bien la protection physique que la préservation de simples sentiments. L’Online Safety Act criminalise par exemple toute information fausse susceptible de causer un « préjudice psychologique non trivial ». Quant à la Communications Act de 2003, elle sanctionne les messages jugés « grossièrement offensants ».
Demain, une définition officielle de « l’islamophobie » pourrait ouvrir la voie à de nouvelles restrictions floues et arbitraires.
Lord Young, fondateur de la Free Speech Union, a dénoncé une situation « invraisemblable » : qu’un scénariste soit retenu 16 heures pour des plaisanteries en ligne. Il a même ironisé en proposant que la police arrête Keir Starmer lui-même pour avoir « diffusé de fausses informations » lorsqu’il affirmait devant l’opinion américaine que le Royaume-Uni n’avait « aucun problème » avec la liberté d’expression.
L’affaire Graham Linehan révèle une tendance lourde : un État qui préfère museler ses citoyens plutôt que de protéger leur droit à débattre librement. Dans la Grande-Bretagne actuelle, se moquer d’une idéologie en vogue semble plus risqué que de commettre un véritable crime. Cela risque réellement de très, très mal se terminer outre Manche.
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