À l’occasion de l’université d’été 2025 de Bretagne Prospective, le géographe rennais Jean Ollivro a lancé un plaidoyer en faveur d’une réorganisation profonde de l’Ouest de l’hexagone. Dans une intervention relayée dans une vidéo intitulée Bretagne, Normandie, Val de Loire, Vendée/Poitou : pour 4 régions fortes, c’est maintenant, il a défendu l’idée de quatre régions équilibrées et cohérentes, en rupture avec le découpage technocratique actuel.
Le constat d’un échec territorial
Pour Jean Ollivro, professeur à l’Université de Rennes et président de l’association Bretagne Prospective, la carte régionale issue des réformes récentes reflète avant tout une logique administrative parisienne, déconnectée des réalités vécues.
Les grandes régions créées à marche forcée, comme la Nouvelle-Aquitaine, sont dénoncées comme artificielles, privées de toute identité commune. Le centralisme parisien reste accusé de monopoliser les ressources, tout en négligeant les infrastructures locales : pour relier deux villes voisines de l’Ouest, il faut encore trop souvent passer par la capitale.
Cette situation, héritée de la Révolution française qui a volontairement gommé les provinces historiques, alimente selon lui une fracture démocratique et territoriale. Les “pays”, ces entités culturelles et écologiques de proximité, sont ignorés, alors même qu’ils constituent des repères identitaires et économiques essentiels.
Quatre régions pour redonner du sens
La proposition avancée repose sur une logique historique, culturelle et économique. Elle se décline en quatre ensembles :
- Bretagne, retrouvant son intégrité avec la Loire-Atlantique. Avec ce retour, elle passerait de la 33ᵉ à la 16ᵉ place au classement européen des régions, renforçant son poids et son attractivité.
- Normandie, réunifiée depuis 2016, consolidée comme entité culturelle et historique cohérente.
- Val de Loire, valorisant un patrimoine universellement reconnu – châteaux, paysages, vignobles – pour renforcer son identité touristique et économique.
- Vendée/Poitou, région dynamique appuyée sur un tissu dense de PME (34 % des emplois) et une forte identité populaire, portée par ses dialectes et traditions.
Ces ensembles offriraient, selon Ollivro, un meilleur équilibre, une meilleure compétitivité au niveau européen et surtout une reconnaissance des identités maritimes et historiques souvent marginalisées par Paris.
Un appel à la mobilisation populaire
Au-delà des chiffres, Jean Ollivro insiste sur l’urgence d’un réveil collectif : « C’est maintenant », martèle-t-il, pour refuser les fusions imposées et retrouver des territoires vécus et portés par leurs habitants.
Il rappelle l’exemple des 105 000 signatures recueillies pour Bretagne Réunie ou encore les mobilisations normandes, preuves que l’attachement régional n’a rien d’un folklore dépassé.
L’enjeu est de construire des “territoires populaires”, selon ses mots, c’est-à-dire incarnés par leurs habitants, et non dictés par des technocrates. Une éducation populaire à l’histoire et aux paysages régionaux est présentée comme indispensable, au service d’un projet à la fois écologique, culturel et démocratique.
Cette journée d’échanges a réuni plusieurs voix, dont celles de Michael Dod (Normandie) et Antoine Soumec (cartographies), pour renforcer la vision d’un Ouest réorganisé en quatre régions fortes. L’objectif : dépasser les compromis politiques passés, qualifiés de “colonialistes”, et poser les bases d’une organisation territoriale équilibrée et enracinée.
En conclusion, la proposition ne se réduit pas à une réforme administrative : elle touche à l’avenir même de la démocratie locale en France. Pour Jean Ollivro, écouter les évidences historiques et les aspirations populaires est la seule voie pour sortir de l’impasse d’un centralisme parisien toujours plus pesant.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine