Le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Loire-Atlantique a fait l’objet d’un contrôle approfondi de la Chambre régionale des comptes (CRC) sur la période 2019-2024. Le rapport définitif, publié en mai 2025, pointe une série de fragilités financières et organisationnelles, tout en soulignant des délais d’intervention globalement maîtrisés. Le SDIS, de son côté, conteste certaines analyses et met en avant les efforts déjà engagés pour corriger la trajectoire.
Délais maîtrisés, mais activité inégale entre centres
Globalement, les délais d’intervention respectent les objectifs départementaux, malgré la hausse des sollicitations liées au vieillissement de la population et aux tensions hospitalières. Cependant, la CRC relève de fortes disparités : certains centres respectent largement les délais, d’autres peinent à maintenir des effectifs disponibles, notamment en semaine .
La Loire-Atlantique compte 92 centres de secours, un chiffre largement supérieur à la moyenne nationale (56). Beaucoup de petites structures assurent très peu d’interventions – moins de 900 par an contre une moyenne nationale de 1 646 . La chambre appelle à une rationalisation du maillage, par fusions ou mutualisations, afin de gagner en efficacité.
Le constat le plus préoccupant est budgétaire. Alors que le SDIS a décidé en 2024 un plan ambitieux de 100 recrutements d’ici 2028 et un doublement de ses investissements, la CRC estime cette trajectoire « insoutenable » à l’horizon 2028 .
Plusieurs facteurs fragilisent les comptes :
- Dépenses de personnel très lourdes (83 % des charges en 2024) ;
- Hausse des cotisations sociales (CNRACL), qui pèsera lourdement dans les prochaines années ;
- Sous-évaluation comptable (provisions et amortissements), qui masque un déficit structurel ;
- Une capacité nette d’autofinancement (CAF) appelée à devenir nulle en 2028 puis négative en 2029, ce qui mettrait en cause l’équilibre budgétaire .
La CRC recommande donc d’ajuster rapidement le plan de recrutement et d’investissement pour retrouver une trajectoire soutenable.
Des marges d’optimisation identifiées
Plusieurs pistes sont avancées par les magistrats financiers :
- Réduire le nombre de centres de faible activité et mieux répartir les moyens ;
- Réviser les cycles de travail des agents administratifs et techniques, jugés trop généreux en RTT ;
- Limiter la surreprésentation des fonctions support, au profit de l’opérationnel ;
- Mieux facturer les interventions payantes (pollution, ivresse publique…), aujourd’hui très rarement recouvrées ;
- Développer les mutualisations, notamment pour la formation et les équipements .
La réponse du SDIS 44
Dans sa réponse officielle, le SDIS 44 reconnaît la réalité de certains constats, mais insiste sur des facteurs exogènes qui ont bouleversé la trajectoire financière : hausse imprévue des charges sociales, inflation, alourdissement des normes. Il affirme maintenir son plan de recrutement, jugé vital pour faire face à l’augmentation des interventions, tout en lançant une réflexion interne sur la réorganisation des fonctions support et la réduction des dépenses courantes .
Concernant les délais de paiement critiqués par la CRC, le SDIS précise que le retard constaté en 2023 provenait d’un afflux exceptionnel de 700 factures d’électricité reçues en bloc, et non d’un défaut structurel de gestion .
Enfin, il rappelle que toute révision de son modèle de financement dépend aussi de décisions nationales à venir dans le cadre du Beauvau de la sécurité civile, qui doit clarifier le partage des charges entre l’État, les collectivités et les SDIS.
Ce rapport illustre les tensions croissantes auxquelles sont confrontés les services d’incendie et de secours en France : hausse continue des missions de secours à la personne, crise du volontariat, rigidité des charges de personnel et difficulté à concilier maillage territorial et soutenabilité financière. En Loire-Atlantique, l’avenir du SDIS passera sans doute par des arbitrages délicats : maintenir un maillage très dense, apprécié localement, ou rationaliser au risque de fragiliser l’ancrage territorial, toujours au détriment de la population.
Photo : DR
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