Le déploiement du réseau public de fibre optique Bretagne Très Haut Débit (BTHD), piloté par le syndicat Mégalis Bretagne, accuse un important retard, malgré des investissements colossaux et une ambition régionale affichée depuis plus d’une décennie. C’est la conclusion d’un rapport de la Chambre régionale des comptes.
Créé en 1999, le syndicat mixte ouvert Mégalis Bretagne regroupe la région, les départements et les intercommunalités bretonnes. Il pilote depuis 2013 le projet Bretagne Très Haut Débit, visant à raccorder 1,5 million de locaux à la fibre d’ici 2026, couvrant ainsi 60 % de la population et 90 % du territoire breton dans les zones non couvertes par les opérateurs privés.
Avec un coût total estimé à près de 2 milliards d’euros, le projet breton se distingue par son ampleur nationale. Contrairement à d’autres régions, Mégalis a conservé la maîtrise d’ouvrage publique, confiant uniquement l’exploitation du réseau à une filiale du groupe Orange.
Pourtant, selon le rapport de la Chambre régionale des comptes, la Bretagne affiche en 2024 le taux de déploiement le plus faible de métropole, avec seulement 57 % de locaux raccordables contre près de 90 % au niveau national. La date de complétion initiale prévue pour 2030 a été ramenée à 2026, mais sans validation officielle du comité syndical.
Le rapport pointe de nombreux dysfonctionnements dans le pilotage du projet, notamment des retards structurels dès la première phase (2015-2018), une gouvernance rigide, un recours excessif à la sous-traitance, des procédures administratives complexes, et des outils de suivi techniques partiellement maîtrisés.
Par ailleurs, la résilience du réseau face aux aléas climatiques reste insuffisante. Les tempêtes de l’automne 2023 ont causé des coupures prolongées de plusieurs mois dans certaines zones. La Chambre recommande la mise en place urgente d’un schéma de résilience.
Autre point critique : la délégation de service public (DSP) accordée pour l’exploitation du réseau est jugée très déséquilibrée en faveur du délégataire. Les bénéfices attendus pour ce dernier pourraient tripler, alors même que Mégalis ne maîtrise pas suffisamment les leviers économiques du contrat.
Enfin, le rapport déplore des lacunes dans la comptabilité du syndicat et appelle à une réforme de la gestion budgétaire, bien que le financement global ne présente pas de tension majeure à ce jour.
Malgré les efforts récents de réorganisation et de montée en puissance du déploiement (300 000 prises par an visées), le projet BTHD incarne les difficultés structurelles d’un aménagement numérique régional ambitieux, mais encore trop éloigné des réalités de terrain.
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Une réponse à “Très haut débit en Bretagne : Mégalis Bretagne à la traîne malgré deux milliards d’euros investis”
Détournements massifs et corruption, voilà ce qu’on découvrirait en examinant dans le détail ce dossier, ce qui ne sera pas fait. Cette région est gangrénée à tous les niveaux par les conflits d’intérêts, le clientélisme politique et le copinage.