L’édition 2025 du rapport « Regards sur l’éducation » de l’OCDE met en lumière un paradoxe français : la hausse du nombre de diplômés ne s’accompagne pas d’une progression des compétences. « En France, il y a des adultes qui ont passé des années à l’école et parfois à l’université et qui n’ont même pas les compétences en littératie [NDLR : compétences à l’écrit) d’un enfant de 10 ans », a souligné Andreas Schleicher, directeur du département Éducation et Compétences de l’OCDE, cité par Le Figaro Étudiant le 9 septembre.
Les taux de réussite en licence confirment ce déclassement : seuls 34 % des étudiants inscrits en 2023 ont obtenu leur diplôme en trois ans, et 46 % en quatre ans. Dans le reste de l’OCDE, 59 % des étudiants décrochent leur licence avec une année supplémentaire, rapportait le journal Marianne le même jour. Si 48 % des jeunes adultes des pays membres de l’OCDE sont aujourd’hui diplômés du supérieur, contre 27 % en 2000, l’organisation constate que les compétences en écriture et en mathématiques « ont stagné ou diminué » au cours de la dernière décennie.
Déclin documenté : de PISA à l’illettrisme des jeunes
Cette alerte s’inscrit dans une série de constats préoccupants. Au classement PISA 2022, la France n’obtenait que 474 points en mathématiques (26e place), 474 en compréhension de l’écrit (29e place) et 487 en sciences (26e place), très loin des pays asiatiques en tête.
Un rapport parlementaire présenté le 24 janvier 2024 soulignait déjà l’ampleur du problème : en 2022, 28 % des élèves de CE1 n’étaient pas capables de lire correctement à voix haute et 45 % des entrants en sixième n’atteignaient pas la vitesse de lecture attendue en fin de CM2. Aux Journées Défense et Citoyenneté (JDC), 11,2 % des jeunes de 16 à 24 ans présentaient de « grandes difficultés de lecture » et près de 5 % relevaient de « l’illettrisme ». Pour les rapporteurs, cet échec représentait « un scandale d’État ».
Les carences touchent aussi l’enseignement supérieur : le concours post-bac Puissance Alpha, qui regroupe 19 écoles d’ingénieurs, a supprimé en 2025 l’épreuve écrite de français, jugée « anxiogène », alors qu’elle se limitait déjà à un QCM de 45 minutes portant sur grammaire, compréhension écrite et orthographe. Ne restent que des QCM de mathématiques (1h30), de sciences appliquées (1h) et d’anglais (45 minutes).
Une tiers-mondisation intellectuelle préoccupante
Le constat dressé par l’OCDE est sans appel : « diplôme » ne rime plus avec « compétence ». Alors que des pays comme la Norvège ou l’Irlande enregistrent des progrès remarquables dans l’enseignement supérieur, la France accumule les signaux de déclassement : échec massif en licence, recul aux enquêtes internationales, illettrisme chez les jeunes adultes et effacement du français jusque dans les écoles d’ingénieurs.
Cette tendance traduit une véritable tiers-mondisation intellectuelle. En tolérant que des adultes diplômés n’aient « pas les compétences d’un enfant de 10 ans », la France accepte de saper son avenir économique et culturel. Seule une refondation autour de la maîtrise du français et de la formation solide des enseignants permettra d’enrayer ce déclin annoncé.
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