Vatican : « journée jubilaire LGBT » entre cafouillage, bras de fer interne et malaise chez les fidèles

Le 6 septembre, Rome a accueilli une journée jubilaire dédiée aux groupes LGBT. Annoncée durant la préparation du Jubilé sous le pontificat de François, puis retirée du programme officiel avant d’être réintroduite discrètement, l’initiative a finalement été déclassée en « journée non officielle ». Résultat : une célébration bricolée, des règles internes non appliquées, et un coup de projecteur peu flatteur sur les tensions au sein de la Curie sous Léon XIV.

Une journée née sous François, héritée par Léon XIV

Proclamé en 2024 sur le thème de l’espérance, le Jubilé avait réservé une place à une rencontre portée par La Tenda di Gionata, association italienne très active sur les questions d’homosexualité au sein du catholicisme. Le feu vert initial — attribué à François, soutenu par des jésuites et par la Conférence épiscopale italienne — avait suscité un tollé parmi des fidèles et des clercs attachés à la discipline liturgique et à la clarté doctrinale. D’où un premier retrait de l’agenda… avant une réintégration silencieuse.

Dans les jours précédant l’événement, plusieurs signaux ont accrû la perplexité : audience du 28 août avec la religieuse María Lucía Caram (connue pour ses positions pro-LGBT et pro-choix), rencontre du 1er septembre avec le jésuite James Martin, figure de proue du courant « inclusif ». Ces rendez-vous, relayés par des images officielles, ont été peu mis en avant par les canaux habituels du Saint-Siège, nourrissant l’impression d’une communication à géométrie variable.

Le jour venu, la messe des pèlerins LGBT n’a pas été célébrée dans le cadre d’une audience pontificale, mais à l’église du Gesù — haut lieu jésuite —, présidée par Mgr Francesco Savino, vice-président de la Conférence épiscopale italienne, appelant à « rendre leur dignité à chacun ». Sur le papier, le Dicastère pour l’Évangélisation avait interdit banderoles partisanes et drapeaux. Dans les faits, croix arc-en-ciel, étoffes multicolores et drapeaux LGBT ont été aperçus jusque dans la basilique Saint-Pierre, sans intervention des équipes d’accueil.

Un prêtre belge aurait même porté une cape aux couleurs du mouvement intersexe.

Des journalistes accrédités, qui avaient interrogé en amont le Vatican sur les consignes et leur application, disent n’avoir obtenu que des réponses évasives — quand réponse il y avait. De quoi transformer une journée « déclassée » en séquence confuse, susceptible d’être vécue comme un scandale par une partie des fidèles.

Le pape retient sa parole, la Curie avance ses pions

Fait notable, Léon XIV n’a ni reçu officiellement les groupes ni évoqué leur présence durant l’audience jubilaire. Certains invoquent une simple question de calendrier (audiences bilatérales espacées, canonisations de Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati le dimanche), mais le contraste n’en est pas moins spectaculaire : enthousiasme affiché par des relais progressistessilence papal et mise à l’écart protocolaire.

Au-delà de l’épisode, c’est une ligne de fracture qui transparaît :

  • d’un côté, un pape décrit comme réfléchi, peu enclin aux coups d’éclat médiatiques, soucieux de tenir la doctrine tout en privilégiant une pastorale prudente ;
  • de l’autre, une machine curiale marquée par l’ère bergoglienne, décidée à projeter une continuité avec François, quitte à forcer le trait à coups de symboles, d’initiatives « non officielles » et d’opérations de communication.

Dernier exemple pointé par des observateurs romains : un entretien-livre promouvant l’idée d’une adhésion substantielle de Léon XIV aux orientations de son prédécesseur — notamment en morale et en écologie —, perçu par certains comme une tentative de cadrage politique du nouveau pontificat.

Ce qui s’est joué le 6 septembre n’est pas un simple flottement logistique. Pour beaucoup, l’épisode corrobore un diagnostic ancien : l’existence, au Vatican, de réseaux d’influence structurés autour de thématiques sexuelles et familiales. Un « lobby » que Benoît XVI avait évoqué prudemment, et dont la capacité de nuisance se manifesterait moins par des textes que par des faits accomplis, des symboles ostentatoires, l’instrumentalisation d’événements et la non-application des règles pourtant écrites noir sur blanc.

Or, l’unité dans l’Église ne se décrète pas par des compromis communicants : elle suppose une doctrine claire, partagée, stable. En prétendant tenir ensemble une vision traditionnelle et une vision progressiste qui la contredit sur des points essentiels, on accroît la confusion, on épuise les prêtres et les fidèles, et l’on fragilise l’autorité. La journée jubilaire LGBT, conçue par l’appareil, déclassée au dernier moment, puis laissée dériver malgré les consignes, en est un cas d’école.

À très court terme, le Vatican s’apprête à accueillir, ce 13 septembre, un grand concert « Grace from the World », avec Karol G en invitée d’honneur — une tête d’affiche associée, dans l’espace médiatique, aux codes LGBT. Un choix qui s’ajoute au mosaïque des signaux envoyés ces dernières semaines : audiences ciblées, journée « non officielle » tolérant des attributs militants dans des lieux sacrés, communication papale retenue.

Pour les fidèles, demeure une amertume : celle d’avoir vu, au cœur même du Vatican, des symboles idéologiques s’imposer sans que personne ne les stoppe, alors même que des règles existaient. Pour l’institution, le défi est plus vaste : réaffirmer avec netteté ce qui est de l’ordre de la pastorale et ce qui touche à la doctrineappliquer ses propres normes — et éviter que la Curie ne parle au nom d’un pape qui, ce jour-là, s’est tu.

En un mot : l’« affaire du 6 septembre » n’a pas tant montré un Vatican progressiste qu’un Vatican divisé, où la tête et les membres ne vont pas toujours du même pas. Et où l’absence de garde-fous effectifs laisse le champ libre à ceux qui préfèrent épouser l’air du temps plutôt que annoncer l’Évangile.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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