Surfrider Foundation Europe publie ce 17 septembre les résultats d’une enquête menée pendant l’été 2025 auprès d’un panel de médecins finistériens. Sans prétendre établir une causalité formelle, les réponses recueillies font émerger un signal : plus de la moitié des praticiens interrogés jugent probable que certains symptômes observés chez leurs patients soient directement liés à la qualité des eaux côtières. L’association demande désormais à l’ARS Bretagne de reprendre le suivi et de piloter une étude épidémiologique approfondie.
Un signal sanitaire venu des cabinets médicaux
De juin à septembre, trente médecins du Finistère ont répondu au questionnaire de Surfrider, dont une dizaine en Pays d’Iroise, sept sur Brest Métropole et d’autres sur Quimper, Douarnenez, Quimperlé et la Côte des Légendes. Dix-neuf d’entre eux estiment probable un lien entre certaines pathologies vues en consultation et l’état des eaux de mer cet été. Selon leurs retours, cela représenterait entre 26 et 85 patients malades par mois pour ce seul panel. Les jeunes de 3 à 25 ans semblent les plus touchés. Les tableaux rapportés vont de la gastro-entérite aux dermatites, otites, infections urinaires et diarrhées. Deux cas individuels, documentés par analyses biologiques, font état de parasites d’origine fécale : une surfeuse ayant subi une déshydratation sévère après une session à Penfoul (Landunvez) et un homme de 48 ans évoquant des diarrhées chroniques après s’être baigné à Portsall.
Sur le terrain, la plage de Penfoul concentre les préoccupations. Malgré un « zonage à enjeux sanitaires » arrêté par la préfecture en 2024, les mesures réalisées cette fin d’été témoignent d’épisodes francs de contamination : 1 700 ufc/100 ml en E. coli lors d’un prélèvement du 29 août 2025, puis 28 000 ufc/100 ml d’entérocoques et 11 000 ufc/100 ml d’E. colilors d’un contrôle de l’ARS le 3 septembre. L’association rappelle par ailleurs avoir constaté des pics de pollution hors jours de fermeture de plage, ce qui interroge l’efficacité des dispositifs actuels lorsque l’information au public se résume à l’ouverture/fermeture.
Au vu de ce faisceau d’indices, Surfrider demande à l’ARS Bretagne de reprendre officiellement le suivi et de conduire une étude épidémiologique à l’échelle départementale pour affiner le lien entre contaminations bactériologiques et atteintes à la santé des usagers (baigneurs, surfeurs, pratiquants nautiques). L’objectif affiché est double : objectiver les risques au plus près des usages réels et évaluer l’efficacité des mesures déployées localement (assainissement, gestion des ruissellements et débordements, information). Une réunion entre l’association et l’ARS est prévue début octobre.
Un débat européen sur la qualité des eaux de baignade
Le dossier finistérien s’inscrit dans une controverse plus large autour de la directive européenne « eaux de baignade ». Surfrider juge la réglementation insuffisante : elle cible l’été, exclut les zones de sports nautiques et se concentre sur la seule bactériologie quand d’autres pressions (déchets, blooms algaux, chimie) pèsent sur les milieux et potentiellement sur la santé. L’ONG plaide, documents à l’appui, pour étendre le contrôle sanitaire aux zones récréatives, suivre la qualité de l’eau toute l’année, ajouter des paramètres (déchets, cyanobactéries/algues nuisibles, polluants chimiques) et mieux informer le public sur site et en ligne. Elle demande aussi d’harmoniser cette directive avec la Directive-cadre sur l’eau et la Directive-cadre stratégie pour le milieu marin, déjà plus exigeantes côté chimie et déchets.
Penfoul n’est pas un cas isolé, insiste Surfrider, qui suit ce site depuis 2022 et affirme avoir relevé des dépassements jusqu’à dix fois les seuils réglementaires sur des paramètres bactériologiques. Cet été, le Pays d’Iroise a connu plusieurs épisodes de fortes contaminations. Les médecins répondants, eux, rappellent leurs limites méthodologiques : l’enquête n’est pas un registre exhaustif et ne permet pas, à ce stade, d’inférer un lien de cause à effet. Elle documente néanmoins un signal sanitaire et des pistes d’exposition crédibles, au premier rang desquelles les eaux souillées par déversements d’eaux usées, ruissellements ou débordements pluviaux — des phénomènes récurrents sur côtes urbanisées.
Et maintenant ?
L’association veut faire de l’automne une séquence de travail avec l’ARS Bretagne. Dans l’intervalle, elle recommande une vigilance accrue sur les jours post-pluie, le respect des fermetures temporaires et une information locale plus lisible pour les usagers réguliers (clubs, écoles de surf, associations nautiques), souvent exposés plus longtemps et en dehors des seules zones déclarées « baignade ». À l’échelle européenne, elle appelle à réactiver la réflexion autour de la révision de la directive afin que le classement d’une eau « excellente » reflète réellement l’ensemble des pressions qui s’y exercent, du microplastique aux micro-organismes.
Prochain rendez-vous : la rencontre ARS–Surfrider début octobre. Si une étude officielle est lancée, elle permettra, sur plusieurs saisons, de croiser microbiologie, épisodes météo, usages réels du littoral et données de santé afin de passer du soupçon à la preuve — et d’orienter, enfin, des solutions à la source plutôt qu’une succession de fermetures.
Nota bene : Surfrider affirme se tenir à disposition des autorités et des élus locaux pour partager ses données depuis 2022 et participer à la mise en place d’un protocole de suivi renforcé à Penfoul et sur d’autres sites sensibles du Finistère.
Crédit photo : Wikipedia (cc)
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