Philippe de Villiers a lancé début septembre une pétition exigeant l’organisation d’un référendum sur l’immigration. En quelques jours, son site referendum-immigration.com revendiquait plus de 600 000 signatures – aujourd’hui plus d’un million 500 000.Un succès apparent, relayé avec bienveillance par de nombreux médias conservateurs et identitaires dont le nôtre. Mais derrière l’effet d’annonce, une question mérite d’être posée : à quoi sert réellement cette pétition ?
Car la comparaison souvent faite avec la pétition contre la loi Duplomb est trompeuse. Cette dernière avait été déposée sur la plateforme officielle de l’Assemblée nationale, qui impose une identification via FranceConnect et garantit l’authenticité de chaque signature. Résultat : plus de deux millions de citoyens, vérifiés, ont soutenu cette démarche, ouvrant la voie à un débat parlementaire.
Rien de tel dans le cas de la pétition de Philippe de Villiers. Le site est totalement indépendant, et aucune vérification sérieuse n’empêche un internaute de signer plusieurs fois. Plusieurs médias ont d’ailleurs testé la procédure : il suffit de changer d’adresse mail pour voir le compteur grimper. Autrement dit, la crédibilité des chiffres annoncés est sujette à caution.
Un autre élément interroge : au moment de signer, l’internaute est invité à cocher une case pour s’abonner à la newsletter de Philippe de Villiers. Derrière l’appel solennel au peuple, il y a donc aussi la constitution d’un fichier d’adresses électroniques considérable. La manœuvre rappelle celles de campagnes électorales passées, où la pétition devenait avant tout un outil de marketing politique.
Dès lors, une question simple s’impose : si l’objectif était réellement d’obtenir un référendum, pourquoi ne pas avoir choisi la voie institutionnelle, celle qui a permis à la pétition contre la loi Duplomb de peser jusqu’au Palais Bourbon ? Pourquoi avoir préféré un site personnel, faillible, et opaque sur la réalité des signatures ? À trop multiplier les pétitions hors cadre légal, ne risque-t-on pas de banaliser l’outil, de le vider de sa substance et de tromper des citoyens sincères ? Le bien public, la clarté démocratique, ne devraient-ils pas primer sur l’appât d’une base de données ou sur l’effet d’annonce médiatique ?
La question n’est pas anodine. Car la cause – un référendum sur l’immigration – touche au cœur les inquiétudes de millions de Français. La traiter avec des procédés contestables, c’est courir le risque de la décrédibiliser.
Dans une époque où la confiance politique est déjà fragilisée, la tentation du coup de com’ ne devrait pas l’emporter sur l’exigence de transparence. Au fond, le vrai courage politique ne consiste-t-il pas à emprunter la voie la plus exigeante – celle des institutions – plutôt que celle, plus confortable, de la communication ?
Julien Dir
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7 réponses à “Pétition de Philippe de Villiers : Vrai référendum sur l’immigration ou simple collecte d’adresses ?”
Très bonne réflexion Julien. Transmettez votre message à Philippe de Villiers, je pense qu’il vous répondra.
Je connais beaucoup de personnes qui n’iront jamais signer une pétition en passant par France connect pour de multiples raisons : pas de compte France connect, peur des conséquences de la signature à telle ou telle pétition? temps nécessaire pour accéder à la pétition etc…
Dans son intervention sur cnews de ce vendredi, P de Villiers explique que les adresses des signataires lui a permis de voir que toute la France même celle de petits villages de campagne a répondu…
Exact! C’est mon cas…j’ai abandonné vu la complexité pour rendre valable ma signature !
Oui Julien Dir, vous avez évidemment raison ! J’ai relayé, comme Breizh Info, à hauteur de mon petit carnet d’adresses, cette pétition sur un sujet d’intérêt sensible, national, incontestable, mais la manière dont elle a été organisée me fait maintenant, à moi aussi, douter de mon geste. Ce qui est un comble, et dessert malheureusement Philippe de Villiers.
S’il en avait le courage, il battrait immédiatement, publiquement , sa coulpe, et relancerait immédiatement le même processus, mais cette fois par une voie incontestable, qui lui rendrait son crédit.
S’il attend trop, cela jettera de manière durable le doute sur sa personne. Ce qui serait naturellement stupide.
Passer par France connect pour signer cette pétition c’est avoir la garantie que vous serez fiché comme un extrémiste de droite. Aucune confiance dans France connect qui est un outil de surveillance.
A supposé qu’il y ait eu des doublons dans le nombre de signataires de la pétition de Villiers, il n’empêche qu »elle aurait atteint en un peu plus d.’une semaine le million de signatures ( loin devant celle de Duplomb )Pour répondre à Julien Dir, « il vaut peut être mieux la ( immigration ) traiter avec des procédés contestables , que ne pas la traiter du tout.