Destinée aux adolescents, une bande dessinée retrace, sous la Révolution, la révolte des Vendéens, attachés à leur religion et à leurs traditions. Le tome 5 décrit avec réalisme la bataille de Pornic.
Le premier album commence en septembre 1792. De nuit, la comtesse de Montencourt traverse la Bretagne pour rejoindre un lieu sûr. Dès 1789, son mari a été tué par les sans-culottes. Mais le carrosse de la comtesse est attaqué par des bandits. Tandis que tous les hommes de l’escorte sont tués impitoyablement, celle-ci meurt d’une balle perdue. Sa fille, Célénie, dix ans à peine, réussit à s’enfuir avec le précepteur, le bon monsieur Lalouette. Elle se réfugie avec lui à Nantes, chez le marquis de Valoire, le frère de son défunt père, qui s’est enrichi par le commerce triangulaire. Elle découvre alors que celui-ci est le commanditaire du meurtre de sa mère. Mais pour hériter de sa fortune, il doit encore éliminer la fille. Célénie s’enfuit de nouveau, de mystérieux tueurs à ses trousses. Avec sa longue chevelure blonde et sa robe rouge, elle ne passe pas inaperçue dans les ruelles de Nantes. Elle trouve refuge auprès d’un groupe de gamins vivant dans la rue : Titor l’orphelin, Pince-Mitraille son copain et Mélina, qui les commande. Parallèlement, la jeune Léocadie recherche désespérément son père, Lalouette, le précepteur de Célénie. Mais Célénie est enlevée par la bande du truand Mange-doigts, lequel exige une forte rançon à Cravenne, âme damnée du marquis de Valoire. Une partie du groupe de gamins parvient à Machecoul, au sud-ouest de Nantes, pour s’introduire dans le château du marquis de Valoire, qui retient prisonnier le précepteur. Ils y affrontent le fils de Valoire, Enguerrand, naïf officier, hésitant encore entre rester fidèle à l’armée républicaine ou rejoindre l’insurrection contre-révolutionnaire. Pendant ce temps, le pouvoir politique entend éradiquer toute résistance aux idées révolutionnaires… Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné. La nouvelle arrive dans le pays nantais et suscite l’incompréhension. La colère gronde dans la campagne vendéenne. Des royalistes cherchent à former une armée de paysans. C’est alors que Paris décide une levée de 300.000 hommes, ce qui suscite des émeutes. Titor et Pince-Muraille, libérés de prison pour être incorporés dans l’armée républicaine, qui peine à trouver des recrues, sont alors obligés de s’engager comme tambours. Mélina et Léocadie, qui a retrouvé son père, partent à la recherche de Célénie, en croisant paysans insurgés et forces républicaines.
Le tome 5 décrit la bataille de Pornic du 23 mars 1793. Après avoir pris Machecoul, les paysans du Pays de Retz décident d’étendre l’insurrection à Pornic, dont la population est restée favorable à la République. A Pornic, Titor et Pince-Mitraille ont été incorporés au contingent républicain. La petite troupe compte aussi dans ses rangs le commissaire Lambert, qui avant de quitter Nantes avait tenté de tuer Mange-Doigts. Le 23 mars au matin, un détachement de 400 hommes avec un canon, part de Pornic afin de chercher au bourg des Moutiers-en-Retz huit tonneaux de blé. Pendant ce temps, seuls 150 gardes nationaux restent à Pornic. La nuit, un royaliste pornicais part prévenir le général Louis-Marie de La Roche Saint-André, qui fait mettre ses troupes en marche sur Pornic et divise son armée en deux colonnes. Le combat s’engage à 15 heures. Après deux heures de combat, les Républicains se replient sur Paimbœuf sans être poursuivis. Les rebelles s’enivrent en fêtant leur victoire. Mais à 20 heures, le détachement parti le matin aux Moutiers-en-Retz regagne Pornic au pas de course. Les Républicains inférieurs en nombre chargent à la baïonnette et mettent leurs adversaires en déroute. Accusé d’être responsable de la défaite, La Roche Saint-André prend la fuite le soir même du combat et est alors remplacé par François Athanase Charette de La Contrie, dit Charette. De leur côté, Mélina et Léocadie finissent enfin par retrouver Célénie.
Régis Hautière, scénariste né en 1969 à Fougères, est surtout connu pour des bandes dessinées historiques : Le Dernier Envol et Au-delà des nuages (avec Romain Hugault), La guerre secrète de l’espace (avec Damien Cuvillier)… Mais son grand succès reste la série La Guerre des Lulus, dans laquelle il imagine les aventures d’un groupe d’enfants pendant la première guerre mondiale. Il plonge maintenant ses jeunes lecteurs en pleine Révolution française. Pour placer l’action à hauteur d’enfants, il imagine un nouveau groupe de jeunes. Le scénariste insiste sur leur amitié et leur solidarité. Dans ce récit bien rythmé, il n’y a pas de temps mort.
Dans ce nouveau tome, Régis Hautière parvient à intégrer dans son récit les grands évènements de l’année 1793, mêlant enjeux à taille d’enfants et faits historiques. Il fait le choix de ne pas prendre véritablement parti entre les deux camps. Un peu comme un film qui se veut neutre, il y a des gens honnêtes et des arrivistes dans les deux camps…
Dans le tome 5, il reconstitue ainsi fidèlement la bataille de Pornic du 23 mars 1793. Les faits qu’il raconte, même s’ils surprennent, sont authentiques.
Le dessinateur Xavier Fourquemin, né à Neuilly-sur-Seine en 1970, vit en Belgique. Après ses études dans la section bande dessinée de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, il participe aux albums collectifs Les Contes de Brocéliande et Les Contes du Korrigan. Ses premières séries ont déjà pour héros des enfants (La légende du Changeling, Le train des Orphelins).
Dans Révolutionnaires !, son dessin, très expressif, présente des tronches de truands à la limite de la caricature. Mais les traits des enfants vivant dans le quartier du Bouffay, repaire des mendiants et vagabonds, dégagent un véritable charisme. Chacun porte ainsi son caractère sur son visage, de l’innocente Célénie au fourbe Valoire, enrichi par le commerce triangulaire puis voulant tirer profit de la révolte des paysans. Le dynamisme des planches respecte ce scenario mené tambour battant.
Dans les premiers tomes, on regrette que le dessinateur n’ait pas fidèlement reconstitué la ville de Nantes à cette époque. Quand on l’interroge à ce sujet, il avoue n’être jamais venu à Nantes et n’avoir travaillé qu’à partir d’images d’archives et de gravures. Il cherche en effet à retrouver l’ambiance des rues de Nantes sous le Révolution, sans chercher à reproduire la réalité. Une seule exception dans le tome 1 : l’église Sainte-Croix de Nantes, lorsque le groupe d’enfants s’y réfugie. Xavier Fourquemin dessine cette Eglise telle qu’elle était à l’époque, non surmontée par la façade d’un campanile et l’ancien beffroi de la ville ajoutés en 1860 par l’architecte Henri-Théodore Driollet. Mais il s’améliore par la suite. Dans le tome 4, il reconstitue avec justesse la place du Bouffay et la mairie de Nantes, puis, dans le tome 5, la ville de Pornic.
Dans le tome 5, il dresse un portrait élogieux de François Athanase Charette de La Contrie, semble-t-il inspiré du tableau réalisé par Paulin Guérin en 1819 (Musée d’Art et d’Histoire de Cholet).
Les couleurs chaudes d’Amparo Crespo Cardenete conviennent bien à ce récit particulièrement distrayant.
Cette série étant surtout destinée à un jeune public, un dossier pédagogique en fin de chaque album expose sommairement la Révolution française. Les enfants découvriront ainsi le sort, dans la ville de Nantes, des prêtres qui avaient refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé, l’invention de la guillotine, les prises de Machecoul et de Pornic.
Révolutionnaires ! – Tome 5, Pornic. 54 pages, 13,95 euros. Editions Le Lombard.
Kristol Séhec.
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