Krzysztof Bosak est le vice-président de la Chambre des députés de Pologne et le coprésident du parti nationaliste polonais Konfederacja (Confédération). Lionel Baland l’a rencontré et interrogé en Pologne pour Breizh-info.
Breizh-info : La Konfederacja a perdu un de ses éléments, la Konfederacja Korony Polskiej (Confédération de la Couronne polonaise), à la suite du fait que le dirigeant de cette dernière Grzegorz Braun s’est présenté en mai 2025 aux élections présidentielles en concurrence avec le candidat de la Konfederacja Slawomir Mentzen. Quelle est actuellement la situation au sein de la Konfederacja ?
Krzysztof Bosak : La Konfederacja est actuellement une alliance stable entre deux partis politiques, un conservateur, libertarien et pro-marché libre, Nowa Nadzieja (Nouvel espoir), et un national-conservateur, Ruch Narodowy (Mouvement national). Les sondages d’opinion sont assez bons. Le résultat moyen est de 15 %, ce qui nous ouvre la perspective d’obtenir un grand groupe parlementaire à l’issue des élections législatives. Nous travaillons dur pour préparer tous les scénarios possibles dans le futur.
Breizh-info : Quelle est la différence entre les deux partis politiques qui composent la Konfederacja ?
Krzysztof Bosak : Je dirais que Ruch Narodowy est plus conservateur, catholique et nationaliste et Nowa Nadzieja est plus favorable au libre marché et libertarien.
Breizh-info : Karol Nawrocki est le nouveau président de la République de Pologne. Est-il proche des idées de la Konfederacja ?
Krzysztof Bosak : Il est évident que, au niveau idéologique ainsi que dans le style de présence dans les débats publics et politiques, le nouveau président de la République Karol Nawrocki est plus près de nos idées que ne l’était le précédent président de la République Andrzej Duda.
Sur certains sujets, Karol Nawrocki est proche de nous, même parfois plus qu’il ne l’est du parti conservateur Droit et justice (PiS). Mais cela ne porte pas sur tous les thèmes. Ce n’est pas une règle générale. Cela dépend du sujet.
Karol Nawrocki est un patriote polonais de droite et un conservateur qui s’attache à représenter non seulement les idées de Droit et justice (PiS), mais aussi d’un grand nombre d’électeurs polonais patriotes. Sa présidence a à peine débuté, en conséquence, il y a peu à dire à propos de celle-ci. Nous attendons les développements futurs.
Breizh-info : L’élection de Karol Nawrocki constitue-t-elle une étape afin de préparer un rapprochement futur entre la Konfederacja et Droit et justice (PiS) ?
Krzysztof Bosak : Je ne dirais pas cela. De nombreuses interprétations sont réalisées par des journalistes et des commentateurs sur les scénarios possibles, sur le niveau de conflit entre la Konfederacja et Droit justice (PiS) ou sur la perspective du futur de la coopération entre ces deux formations politiques.
Je pense que tout ce débat est en fait inutile, car nous sommes des compétiteurs normaux dans la vie politique parlementaire démocratique. Nous sommes en même temps, comme tous les autres partis, des partenaires de dialogue et de coopération, mais aussi des concurrents, des rivaux, et parfois des ennemis, avec des intérêts politiques contradictoires. Je crois que les gens développent trop d’intérêt pour les émotions politiques actuelles entre les partis et leurs dirigeants et trop peu pour l’agenda réel et la stratégie préparée pour l’État, et pas pour le parti.
Breizh-info : Au niveau européen, votre parti, Konfederacja, siège dans deux groupes.
Krzysztof Bosak : Ruch Narodowy appartient à Patriotes pour l’Europe (PfE) et Nowa Nadzieja à Europe des nations souveraines (ESN), alors que Droit et justice est membre de Conservateurs et réformistes européens (ECR). Les partis politiques patriotes polonais sont présents dans tous les groupes de droite au sein du Parlement européen.
Breizh-info : Pensez-vous que, dans le futur, il sera possible de faire un seul groupe avec tous ces partis ?
Krzysztof Bosak : Je pense que théoriquement c’est possible, mais ce sera très difficile et ce n’est pas probable, à cause de nombreux conflits entre différents groupes et nations. J’estime que ce n’est pas un scénario qui verra le jour.
Breizh-info : Et à propos de la guerre en Ukraine, quelle est votre position ?
Krzysztof Bosak : Heureusement, nous ne sommes pas un élément de cette guerre et nous ne voulons, en aucun cas, être impliqués dans celle-ci. Nous pensons que ce serait bien pour l’Ukraine et pour toute l’Europe de terminer ce conflit, mais dans de bonnes conditions.
Le problème, c’est que la Russie ne veut pas de paix. Elle désire étendre sa sphère d’influence et dominer une plus grande partie de l’Ukraine. Donc, à mon avis, c’est très difficile de trouver un bon scénario pour cette situation.
Je ne donnerai pas mes prédictions ou mon plan pour l’Ukraine car cela ne constitue pas mon travail en tant que politicien et dirigeant polonais. Nous soutenons de nombreuses manières, en tant que nation et État polonais, l’Ukraine. Nous souhaitons son indépendance, mais nos relations avec l’Ukraine sont aussi compliquées et difficiles en même temps. Je ne veux pas fournir plus de commentaires, car nous ne sommes pas impliqués, ni dans la guerre, ni dans le débat sur la paix.
Breizh-info : Et sur les réfugiés ? Avez-vous beaucoup de réfugiés ukrainiens ici ?
Krzysztof Bosak : Oui, et nous avons maintenant un problème légal. Que faut-il faire avec tous ces gens, car une législation limitée dans le temps arrive à échéance ? Une nouvelle a été mise en œuvre par le nouveau président de la République Karol Nawrocki [notamment en utilisant son droit de véto]. Nous étions contre les lois spéciales pour les réfugiés ou les migrants d’Ukraine. Nous pensions qu’ils devaient être traités en Pologne sur la base d’un cadre légal valable pour chaque étranger. Les autres partis désiraient accorder des privilèges spéciaux aux Ukrainiens arrivés en Pologne et veulent désormais supprimer ces avantages. La situation devient plus compliquée et les relations entre Ukrainiens et Polonais sont émotionnellement plus sensibles et plus difficiles. Mais je pense que nous pouvons gérer ce problème de la bonne façon. C’est une question interne qui ne doit pas être portée au niveau du débat international.
Breizh-info : Vous avez des problèmes à la frontière bélarusse et allemande ?
Krzysztof Bosak : Nous rencontrons des difficultés sur deux de nos frontières. Nous sommes sur les deux routes d’immigration illégale vers l’Allemagne, la route du sud et celle de l’est. Nous essayons de sécuriser nos limites externes. L’Allemagne utilise des trucs pour placer des migrants sur nos confins, mais, avec un an de retard, le gouvernement polonais a réagi. Ce dernier n’a pas été très dur, mais il a introduit des contrôles temporaires sur la frontière allemande et nous pensons que cela est bien. Nous avions proposé cette solution il y a un an. Des problèmes avec l’immigration illégale existent toujours sur notre frontière avec le Bélarus. Et l’État polonais fait tout ce qu’il faut pour sécuriser cette zone. Nous pensons que le Bélarus doit arrêter de soutenir l’immigration illégale vers l’Union Européenne.
Breizh-info : À la frontière allemande, des manifestations de citoyens polonais ont eu lieu ?
Krzysztof Bosak : Oui, il y a eu cette année une vague de manifestations locales sur la frontière allemande contre la police fédérale allemande et sa pratique de placer des immigrants illégaux afghans sur nos confins.
Nous pensons que la question des immigrants illégaux en Allemagne ne devrait pas faire partie de notre politique interne. La chancelière de l’époque Angela Merkel avait demandé aux gens de venir en Allemagne. Si les Allemands ne le veulent pas, ces derniers doivent envoyer les personnes concernées vers leur pays d’origine, pas en Pologne. Nous sommes très fortement opposés au Pacte européen sur la migration et l’asile.
Breizh-info : Mais votre parti a été impliqué dans ces manifestations ?
Krzysztof Bosak : Oui, ce n’était pas notre initiative, mais nos membres et nos activistes ont participé. Et nous avons soutenu les gens qui ont protesté.
Breizh-info : Désirez-vous ajouter quelque chose ?
Krzysztof Bosak : Je souhaite le meilleur à tous les Français vivant en Europe et j’espère que nos pays reviendront à la politique visant à sécuriser nos nations et nos frontières et qui rendra le développement pacifique de nos États, une fois de plus, à nouveau possible.
Propos recueillis par Lionel Baland
Illustration : DR
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Une réponse à “Entretien avec Krzysztof Bosak : la voix national-conservatrice de la Pologne en Europe face à l’immigration”
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