Avec 57 800 emplois et plus de 1 200 établissements, la Bretagne administrative demeure en 2022 la première région française dans le secteur agroalimentaire. Mais derrière ce poids économique majeur, l’Insee souligne des fragilités et des évolutions contrastées selon les filières.
Les industries agroalimentaires (IAA) représentent le cœur battant de l’économie bretonne. Premier employeur industriel de la région, le secteur concentre 15 % des effectifs français, devant les Pays de la Loire (13 %) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (11 %). Concrètement, près de 40 % des salariés de l’industrie manufacturière bretonne travaillent dans les IAA. Un poids historique, lié à la vocation agricole du territoire, qui s’accompagne d’une forte concentration d’emplois dans de très grands établissements : 5 % seulement des sites emploient plus de 250 personnes, mais ils regroupent près de la moitié des effectifs.
Les viandes au premier plan, les produits laitiers en progression
Le visage des IAA bretonnes reste marqué par l’élevage. En 2022, la viande concentre 23 400 emplois, soit 41 % du total. Dans ce domaine, les trajectoires divergent : la viande de boucherie, qui regroupe abattoirs et transformations, a vu ses effectifs croître de 9 % depuis 2008, quand la filière volaille s’est effondrée (-34 % sur la même période). Cette dernière a été durement touchée par la fin des aides à l’exportation et les restructurations, notamment les fermetures de Doux et Tilly-Sabco.
À l’inverse, les produits laitiers affichent une forte dynamique : +43 % d’emplois en quatorze ans, soit 7 800 salariés aujourd’hui. L’essor est lié à la diversification des productions, notamment la poudre de lait destinée au marché asiatique, avec l’usine Synutra de Carhaix comme symbole.
Un maillage territorial essentiel
L’agroalimentaire irrigue l’ensemble du territoire breton. Sur les 61 intercommunalités, 43 comptent au moins 250 salariés dans ce secteur. Certaines zones en dépendent de manière cruciale : plus de 30 % des emplois à Loudéac, Centre Morbihan ou Roi Morvan sont liés aux IAA. À Loudéac Communauté – Bretagne Centre, ce sont 4 400 emplois qui reposent sur cette activité, un record régional devant Vitré (4 300) et Lamballe Terre et Mer (3 600). La présence de grands abattoirs ou de sites de transformation (Cooperl à Lamballe, Bigard à Quimperlé, Bridor à Servon-sur-Vilaine, etc.) explique largement ces ancrages.
Autre caractéristique soulignée par l’Insee : la dépendance vis-à-vis des grands groupes. Six emplois sur dix relèvent de multinationales françaises, tandis que les firmes étrangères pèsent relativement peu (12 %, contre 16 % au niveau national). Ce poids des majors hexagonales renforce l’ancrage du secteur mais limite aussi l’autonomie des territoires.
Un secteur robuste mais fragile
Si l’emploi agroalimentaire s’est globalement stabilisé entre 2008 et 2015 avant de repartir à la hausse (+6 % entre 2015 et 2022), les évolutions demeurent contrastées. Certaines filières prospèrent, d’autres déclinent. Dans un contexte de concurrence internationale, d’inflation et de transition écologique, la dépendance aux grands établissements et la faible valeur ajoutée de nombreuses activités (abattage, premières transformations) posent des questions de résilience.
La Bretagne conserve son rôle central dans l’agroalimentaire français. Mais cette place de leader repose sur un équilibre délicat, où les fermetures d’usines ou les crises sanitaires peuvent avoir des effets dévastateurs à l’échelle locale. Plus que jamais, l’avenir des IAA bretonnes dépendra de leur capacité à innover, à diversifier leurs marchés et à monter en gamme.
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