C’est l’une des plus vastes opérations policières jamais menées au Royaume-Uni contre le vol de téléphones portables. Dix-huit personnes ont été arrêtées et plus de 2 000 appareils volés saisis lors d’une série de perquisitions coordonnées à Londres et dans le Hertfordshire. À la clé, le démantèlement d’un réseau criminel international soupçonné d’avoir expédié jusqu’à 40 000 téléphones volés vers la Chine au cours des douze derniers mois.
L’affaire a débuté presque par hasard, la veille de Noël, lorsqu’un Britannique victime de vol a eu la présence d’esprit de suivre son iPhone grâce à l’application “Find My iPhone”. Son téléphone l’a conduit à un entrepôt proche de l’aéroport d’Heathrow. Sur place, les agents de sécurité ont découvert le précieux appareil… dans un carton contenant près de 900 autres téléphones volés, prêts à être expédiés vers Hong Kong.
Des filières bien organisées
Cette trouvaille a permis aux enquêteurs de la Metropolitan Police de remonter toute une chaîne de contrebande reliant les voleurs de rue londoniens à des intermédiaires logistiques, puis à un réseau d’exportation vers l’Asie.
Deux hommes, de nationalité afghane, ont été interceptés quelques semaines plus tard lors d’une arrestation spectaculaire sur une route de banlieue. Les policiers ont découvert dans leur véhicule plusieurs téléphones emballés dans du papier aluminium — une méthode destinée à brouiller les signaux GPS.
Les suspects, âgés d’une trentaine d’années, ont été inculpés pour recel et dissimulation de biens volés. Un troisième individu, ressortissant indien, a été arrêté dans la foulée pour les mêmes motifs. D’autres perquisitions ont abouti à quinze arrestations supplémentaires, dont une majorité de femmes, ainsi qu’à la saisie de plus de trente téléphones supplémentaires.
Selon la police, le réseau pourrait être responsable de la moitié des téléphones volés à Londres. Les appareils, en majorité des produits Apple, étaient achetés jusqu’à 300 livres sterling pièce aux voleurs de rue, avant d’être revendus jusqu’à 4 000 euros sur le marché noir chinois, où ils servaient notamment à contourner la censure d’Internet.
Londres, capitale du vol de téléphones
Le phénomène n’est pas anecdotique. En quatre ans, le nombre de téléphones volés à Londres a presque triplé, passant de 28 609 en 2020 à plus de 80 000 en 2024. Trois quarts des vols commis au Royaume-Uni le sont désormais dans la capitale. Les victimes sont souvent des touristes, notamment dans les quartiers du West End et de Westminster, où les vols à l’arraché à moto ou en trottinette électrique se multiplient.
La ministre britannique de la Sécurité, Sarah Jones, reconnaît que le trafic est devenu extrêmement lucratif : « Certains criminels abandonnent le trafic de drogue pour se lancer dans le vol de téléphones, car c’est plus rentable et moins risqué », explique-t-elle.
L’essor du marché de l’occasion, au Royaume-Uni comme à l’étranger, contribue à cette explosion des vols. La police constate que la plupart des appareils dérobés ne sont jamais retrouvés, souvent déjà revendus, démontés ou expédiés à l’étranger quelques heures après le vol.
Face à cette criminalité industrielle, la Metropolitan Police affirme avoir intensifié ses moyens : 80 agents supplémentaires ont été affectés à une unité spéciale dans le centre de Londres. Les vols de rue auraient baissé de 13 % depuis le début de l’année 2025, mais la défiance du public reste forte, de nombreuses victimes reprochant à la police son inertie.
L’affaire illustre aussi le rôle croissant de la technologie dans les enquêtes criminelles : sans la persévérance d’un simple utilisateur traquant son téléphone sur une application, l’un des plus importants trafics de téléphones d’Europe serait sans doute resté invisible.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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