Ancien marin, mécanicien, ingénieur et désormais romancier, Jack Bellazey est de ces esprits indisciplinés que la vie a menés du pont des chalutiers aux rivages de la philosophie et de la médecine. Auteur notamment des romans Les Fils d’Esculape et Carbone, il mêle la science, la réflexion politique et l’aventure humaine dans des récits où la liberté de penser affronte la technocratie et la foi aveugle dans le progrès.
Dans cet entretien accordé à Breizh-info.com, Jack Belazey livre une critique implacable de la médecine industrialisée, de la bureaucratie scientifique et du dogmatisme écologique. Fidèle à l’esprit de Claude Bernard et d’Antoine Béchamp, il réhabilite la théorie du terrain et la singularité de chaque être humain contre l’uniformisation thérapeutique et la soumission à l’industrie pharmaceutique.
L’ancien homme de mer y dénonce aussi le détournement idéologique de la science, le glissement de l’écologie vers une religion d’État et la dérive autoritaire d’un monde qui prétend protéger en surveillant. Pour lui, la liberté intérieure, fondée sur la connaissance, la culture et la curiosité, reste la seule citadelle que le pouvoir ne peut conquérir.
Avec sa plume libre et son regard lucide, Jack Belazey rappelle que penser par soi-même est devenu un acte de résistance — et qu’il n’existe pas de démocratie sans citoyens cultivés, capables de douter, de juger et de choisir leur destin.
Breizh-info.com : Vous avez connu la mer, les moteurs, la pêche, la technique et la littérature. Comment passe-t-on du pont d’un chalutier à l’écriture de romans philosophiques et médicaux ?
Jack Bellazey : Je suis plutôt revenu à mes passions originales après un long détour familial et professionnel que les circonstances de la vie m’ont parfois imposé. J’ai toujours été un grand lecteur aux intérêts très variés et divers que la vie s’est chargé d’enrichir de multiples expériences. Je m’intéresse à tout et reste attentif à tout ce qui se présente par hasard ou par nécessité.
Breizh-info.com : Vous dites ne plus suivre les médias “mainstream” depuis cinquante ans. Cela veut-il dire que, selon vous, la vérité ne peut naître qu’en marge ?
Jack Bellazey : Paradoxalement, j’ai en horreur l’information télévisée depuis que j’ai entendu Yves Mourousi à la fin des années 70 qui présentait le journal de TF1 et passait le relais à son acolyte avec la formule récurrente : « Le reste de l’actualité avec Marie-Laure Augry qui nous dira ce qu’il faut en penser ! ». J’ai trouvé cette formulation révoltante, attentatoire à ma propre liberté de penser et surtout révélatrice des intentions profondes des médias officiels. Seule la vérité objective des faits et du réel m’intéresse et personne n’a le droit de la biaiser pour servir des intérêts politiques, économiques ou religieux. La ‘’voix de son maître’’ ne m’intéresse absolument pas. Aujourd’hui, qui niera le copinage, les conflits d’intérêts quand ce n’est pas le mensonge pur et simple qui infectent des médias officiels tenus par les subventions. En cinquante ans, rien n’a changé.
Breizh-info.com : Dans Les Fils d’Esculape, vous opposez deux visions de la médecine : celle d’Hygie, la prévention, et celle de Panacée, la guérison par les traitements. Est-ce la métaphore d’une bataille plus large entre humanisme et technocratie ?
Jack Bellazey : La liberté de penser par soi-même et pour soi-même est un droit naturel fondamental gravement mis à mal ces dernières années. Toute société qui veut la réduire sous quelque prétexte ou justification (fondés ou non) s’engage sur la pente de la dictature. On doit pouvoir se soigner selon la médecine et les critères de son choix. Nous sommes dans une société sur-administrée où se mêlent l’arrogance, le mépris du peuple et la prétention du technocrate à ne pouvoir prendre que de bonnes décisions. Ces gens oublient un peu vite qu’en dernier ressort le souverain est le peuple quelque soit le système politique. Ils devraient se souvenir ou prendre connaissance du ‘’Code de Nuremberg’’ qui interdit les pratiques atroces d’expérimentation médicale sur des sujets humains…
Breizh-info.com : Vous évoquez les conflits d’intérêts de l’industrie pharmaceutique et la “pandémie devenue opportunité spéculative”. Pensez-vous que la médecine moderne a définitivement perdu son âme au profit de la finance ?
Jack Bellazey : Il existe de nombreuses alternatives à ce qui est présenté comme la solution unique et sans égal par les mondialistes dans beaucoup de domaines scientifiques y compris la médecine. Le monde occidental est complètement aveuglé par sa prétention scientifique suprémaciste. Il y a aujourd’hui des congrès scientifiques internationaux dans les pays non-occidentaux où on ne rencontre pas un seul européen. Les technologies nouvelles et les approches y sont inédites et originales. Il est urgent d’abandonner l’idée même de médecine moderne si on ne veut pas se réveiller dans un monde émergent qui n’aura plus besoin de nous et où nous serons dépassés. L’appât du gain n’est pas un critère scientifique.
Breizh-info.com : Vous redonnez vie à la théorie du terrain de Claude Bernard et Béchamp. Pourquoi ce concept, marginalisé depuis Pasteur, est-il à vos yeux si fondamental aujourd’hui ?
Jack Bellazey : Le vingtième siècle a été celui de la puissance américaine. Malheureusement, cette nation sans profondeur historique s’est autorisée à éliminer tout ce qui gênait son intérêt industriel immédiat. Le capitalisme de connivence a conduit à l’élimination brutale de toutes les médecines alternatives au profit du monopole allopathique. C’est un fait historique. Pour la survie du choix d’industrialiser la maladie pour industrialiser le médicament, le genre humain ne peut être qu’une masse indifférenciée et interchangeable à laquelle on peut prescrire des panacées. Les deux personnages surnommés Fils d’Esculape débattent toute leur vie de savoir si le genre humain est un rang d’oignons ou une file indienne. Autrement dit, le médecin doit-il traiter ses patients par paquets de vingt ou un par un ? Antoine Béchamp et Claude Bernard en prônant « Le terrain est tout, le microbe n’est rien » obligent à tenir compte de l’individualité physiologique de chaque être humain ce qui est désastreux pour l’industrialisation de la santé car il n’y a plus alors que des cas particuliers. C’est le cœur du débat que traite mon roman.
Breizh-info.com : “Confiner les bien-portants est une absurdité technique”, dites-vous dans une autre interview. Selon vous, la crise du Covid a-t-elle été d’abord sanitaire ou idéologique ?
Jack Bellazey : Je n’ai aucune autorité pour donner un avis technique. Je me contente donc du fait historique qui, par l’expérience, a toujours été de considérer dans une épidémie qu’il fallait isoler les malades et laisser les biens-portant vaquer à leur occupations. Il est établi que le contraire conduit au développement de l’épidémie. Quant à la crise du Covid, un de mes personnages dans ‘’Carbone’’, le docteur Legrand, est en charge de la purger et découvre à cette occasion ses mécanismes dont il expose sa théorie à un cercle d’amis. Mais nous sommes là, bien entendu, dans la pure fiction romanesque. L’instrumentalisation du Covid à des fins politiques, sociales, financières et économiques est le seul élément qu’il est difficile de contester à ce jour.
Breizh-info.com : Dans Carbone, vous inversez le récit écologique dominant : le CO₂ n’est plus l’ennemi mais le moteur de la vie. C’est une position qui dérange. Vous considérez-vous comme climato-sceptique, ou simplement réaliste ?
Jack Bellazey : Le CO2 est la nourriture des plantes. C’est un fait technique incontestable. Si on le supprimait totalement de l’atmosphère, la Terre deviendrait un désert sans vie végétale, animale et humaine. Le surnommé Carbone dans mon roman est un personnage attaché envers et contre tout à la réalité de faits irréfragables. Il passe sa retraite à expérimenter, dans une vaste serre robotisée et connectée, l’action du CO2 sur la croissance des végétaux.
Breizh-info.com : Vous opposez le pêcheur, le fermier, le chasseur — les “vrais écologistes” — aux militants urbains. L’écologie, pour vous, doit-elle redevenir un savoir paysan plutôt qu’un dogme de bureau ?
Jack Bellazey : L’écologie est strictement l’étude des milieux où vivent tous les êtres vivants et de leurs interactions. L’instrumentalisation de ces connaissances pour défendre une interprétation biaisée des faits relève de l’idéologie : c’est de l’écologisme. 80 % de la population française vit en ville et a de la nature une vision à caractère magique et irréel. Il suffit de voir les problèmes causés par les bobos qui ont acquis une résidence secondaire à la campagne au moment du Covid. Il y a eu des procès pour des coqs trop matinaux, des cochons qui sentaient mauvais et des vaches qui meuglaient à côté de chez eux. Le pire, c’est qu’ils ont parfois gagné contre les paysans! Beaucoup d’entre eux ont revendu leur thébaïde et sont repartis en ville où ils voteront écolo pour se consoler de leurs désillusions ! Encore une fois, seule la vérité objective des faits inscrite dans la nature mérite notre attention. Le reste n’est que vaines spéculations quand ce n’est pas pur terrorisme intellectuel public ou privé. La science est le territoire du doute et de la remise en cause permanente et non pas celui du consensus qui n’est que le confort temporaire d’une erreur partagée. C’est pourquoi les professionnels en charge des métiers en contact direct avec la vie naturelle sont les mieux placés pour en parler.
Breizh-info.com : Votre roman imagine des éoliennes à axe vertical bien plus efficaces que les hélices actuelles. Pensez-vous que la bureaucratie française étouffe l’innovation technique sous prétexte d’écologie ?
Jack Belazey : L’État et sa bureaucratie sortent de leur strict rôle régalien de protection de la population quand ils se mêlent de planifier tout type d’activités. La planification conduit à chaque fois au copinage, au conflit d’intérêt, voire à la corruption. Il ne faut donc pas s’étonner que celui qui a les faveurs du gouvernement empêchera les nouveaux entrants de lui prendre sa place. Dans ‘’Carbone’’, nous sommes dans une dystopie d’après-guerre où l’État, ruiné, est réduit à la portion congrue. La liberté totale qui en découle pour les acteurs économiques permet à Arthur, jeune protégé de Carbone, de se lancer dans l’aventure technologique sans contrainte. A ceux qui me diront que c’est impossible, je les renverrai à la réalité de l’exemple d’Elon Musk au USA qui a été moqué par toutes les agences spatiales étatiques quand il a fait part de ses projets spatiaux. Il n’empêche qu’il envoie des fusées pour poser des satellites pour un coût dix fois moindre que la NASA et consorts.
Breizh-info.com : Vous dénoncez “l’euphorie écologique post-Covid” comme une nouvelle religion. Quelle différence faites-vous entre foi écologique et manipulation politique ?
Jack Bellazey : Clamer être progressiste est un acte de foi, ce qui en fait une nouvelle religion qui interdit toute remise en cause ou même simple discussion. La nouveauté d’une découverte n’est pas un critère de valeur incontestable. Faut-il encore que la pratique réelle en démontre la pertinence et l’utilité. Il y a très peu de distance entre l’appel à croire et la manipulation politique, le premier nourrissant très souvent la seconde.
Breizh-info.com : Vos romans mêlent science, philosophie et aventure. Pensez-vous que le roman puisse redevenir un lieu de résistance intellectuelle, comme au temps de Zola ou Bernanos ?
Jack Bellazey : Le roman est un des dernier espace de liberté d’expression absolue. Il permet d’aborder des sujets polémiques et sensibles en proposant la fiction de débats et de solutions qui ne pourraient jamais être évoqués dans le monde réel et qui actuellement sont même interdits sous peine de mise à l’index. L’auteur peut donc imaginer des actions politiques, économiques, techniques qui n’existent pas et n’existeront peut-être jamais. Il n’a pas l’embarras de la mise à l’épreuve réelle mais il n’empêche que cela permet à l’esprit précurseur et visionnaire d’annoncer un futur qui parfois se réalisera contre toute attente. Les voyages extraordinaires de Jules Verne, écrits au 19° siècle, se sont tous réalisés, sauf ‘’Voyage au centre de la Terre’’. Il faut savoir que les romans de science-fiction sont lus par les chercheurs au cas où ils y trouveraient une idée inédite. C’est la force de la fiction romanesque. Quant à se positionner en résistant ou en contestataire, pour ma part je laisse libre cours à ma créativité même si elle est nourrie de mon parcours de vie. Le lecteur est totalement libre de refuser ou d’accepter la proposition romanesque. Je n’ai aucun esprit militant étant intimement convaincu de la force irrépressible de la vérité à s’imposer quelque soit le chemin emprunté.
Breizh-info.com : Vous citez souvent la liberté de choix comme ce qui distingue l’homme de l’animal. À l’heure du contrôle numérique et de la pensée de masse, comment préserver cette liberté intérieure ?
Jack Bellazey : La liberté intérieure est à mon avis la plus facile à défendre. La société peut vous couper la parole, vous enfermer, vous menacer mais finalement elle n’est jamais sure d’exercer sa férule jusqu’au fond de votre esprit et de votre âme. C’est pourquoi elle s’emploie à mettre la main sur les enfants le plus tôt possible afin de conditionner leur façon de penser que ce soit par des apprentissages orientés, des cachets ou de sournoises contraintes. Toutes les sociétés le font. On prête à Saint François-Xavier la terrible formule : « Laissez-moi vos enfants jusqu’à l’âge de sept ans, et après faites-en ce que vous voulez ! » .
La pensée de masse n’existe que par le consentement au confort de la soumission. Celui-ci peut toujours être balayé par l’exaspération de ceux qui s’y abandonnent. Ceux qui se targuent d’avoir le contrôle par l’excellence de leur méthode, par leur supériorité propre ou celle de leur technologie s’illusionnent sur la pérennité de leur pouvoir. La liberté est constitutive de la nature humaine. Je suis convaincu que son renoncement par paresse, par commodité ou par négligence est toujours temporaire. De la même façon, l’autorité se perd au moment où vous l’exercer.
La meilleure façon préserver votre liberté de penser est de la cultiver précieusement par vous-même. Apprenez, lisez, cultivez-vous pour aiguiser votre jugement.
Breizh-info.com : Vos livres font dialoguer le passé et le futur — de L’Abreuvoir des ambitieux au monde post-effondrement de Carbone. Est-ce une façon de réconcilier la mémoire et l’anticipation ?
Jack Bellazey : L’histoire est cyclique mais plutôt que l’éternel recommencement de l’ouroboros qui se mange la queue, elle est la succession des spires de l’hélice du temps. Chaque tour nous fait avancer d’un cran.
Carbone est le roman de l’aventure d’une vie mise à profit pour avancer d’une marche en surmontant l’effondrement du monde connu. Il a un caractère prométhéen avec la possibilité de renaître des pires catastrophes par la noble volonté de penser et l’héroïsme d’être productif.
‘’L’Abreuvoir des Ambitieux’’ est le roman du déroulement du 20ème siècle à travers la saga d’une famille bretonne rescapée de l’extinction totale. Elle va traverser les champs de bataille de la vie sur plusieurs générations. Elles devront s’adapter aux métamorphoses politiques, économiques et religieuses de la Bretagne, de la France et, au-delà, jusqu’en Afrique et au Moyen-orient à la faveur des guerres et des bouleversements historiques. C’est le récit de 120 ans d’histoire du point de vue d’acteurs ordinaires.
Breizh-info.com : Si vous deviez résumer votre message à une génération qui doute de tout, que lui diriez-vous ?
Jack Bellazey : Je lui dirais qu’elle n’est pas un ensemble indifférencié d’êtres vivants. Bien au contraire, il faut que chacun prenne conscience de son individualité. Vous êtes humain ! Vous n’êtes pas un ‘’animal social’’ selon l’axiome répété à l’envi par tous les sociologues. Vous êtes un être unique donc rare, précieux et sacré. Le règne animal est caractérisé par ses instincts innés qu’il complétera par l’imitation. L’animal n’est donc pas libre car conditionné à la naissance. L’humain est libre par nature et par choix, il est contraint à l’apprentissage et à l’obligation de penser. C’est le sens profond du péché originel des chrétiens.
Personne n’a le droit de vous sacrifier à l’intérêt général ou au bien commun sans votre consentement expresse. Ne pas penser et ne pas faire de choix, c’est refuser de vivre. Vous vous devez d’abord à vous-même. En ceci, vous n’êtes pas des êtres prioritairement sociaux. Vous êtes capables de sociabilité et de commerce avec les autres mais le groupe n’a pas à surclasser votre avis ou à exiger votre sacrifice. Vous avez des droits fondamentaux naturels imprescriptibles mais vous avez le devoir d’apprendre et d’agir pour les exercer et les défendre. La poursuite de votre propre bonheur est à ce prix. L’échange avec les autres ne peut se concevoir qu’au bénéfice mutuel de partenaires consentants et sans violence.
Le monde dans lequel nous sommes vous refuse tout cela sans le dire. Le pouvoir vous veut incultes et désespérés, avec pour toute issue l’hypnose des écrans et la consommation. Il vous appartient de décider de renverser la table en vous cultivant, en apprenant, en lisant des livres. Vous pouvez, vous devez remédier à la misère éducative dans laquelle vous avez été entretenu. Si besoin est, il n’y a aucune honte à réapprendre à lire, à écrire et à compter correctement. Le monde appartient aux gens cultivés. Vous pouvez en être. Votre renaissance par l’effort vous donnera le sentiment du juste mérite et de votre accomplissement personnel, soit la fierté et la dignité d’être un homme ou une femme de valeur.
DU MÊME AUTEUR (les livres sont à commander ici)
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