C’est une statistique qui a fait l’effet d’une bombe dans le monde médical américain.
Selon une étude publiée dans la revue scientifique JAMA Network Open et menée par des chercheurs de la Harvard Medical School et du Massachusetts General Hospital, près de 70 % des adultes américains seraient désormais considérés comme obèses.
Ce chiffre spectaculaire ne résulte pas d’une prise de poids soudaine, mais d’une redéfinition des critères médicaux de l’obésité.
Jusqu’ici, cette dernière était évaluée principalement à travers l’indice de masse corporelle (IMC) — un rapport entre le poids et la taille. Mais cette méthode, jugée trop simpliste, ne tenait pas compte de la répartition de la masse graisseuse dans le corps.
Désormais, les chercheurs intègrent de nouveaux paramètres : le tour de taille, le rapport taille/hanches et le rapport taille/taille (waist-to-height ratio).
Résultat : plus de deux Américains sur trois sont considérés comme atteints d’obésité selon ces nouvelles normes.
Une épidémie encore plus massive qu’on ne le pensait
Sur plus de 300 000 adultes analysés dans la base de données américaine All of Us, les chercheurs ont constaté qu’environ 43 % étaient obèses selon la définition traditionnelle.
Mais en appliquant les nouveaux critères, 68,6 % d’entre eux entraient dans la catégorie “obèse”.
« Nous pensions déjà être confrontés à une épidémie d’obésité, mais ces chiffres sont tout simplement stupéfiants », déclare Lindsay Fourman, co-auteur principal de l’étude, dans The Harvard Gazette.
Fait notable : parmi ceux nouvellement classés comme obèses, un quart présentaient pourtant un IMC normal ou légèrement en surpoids, preuve que le simple poids corporel ne suffit pas à évaluer les risques réels pour la santé.
Les chercheurs introduisent également deux sous-catégories :
– l’obésité clinique, qui correspond aux cas où le surpoids provoque des troubles fonctionnels ou organiques (maladies cardiovasculaires, diabète, essoufflement, etc.) ;
– et l’obésité préclinique, lorsque les signes pathologiques ne sont pas encore apparents.
Selon l’étude, plus d’un tiers des participants souffraient d’une obésité clinique avérée.
Une question de santé… mais aussi de société
Cette redéfinition relance le débat sur la “normalisation” de l’obésité dans les sociétés occidentales.
Aux États-Unis, les autorités sanitaires admettent depuis des années que la situation est devenue alarmante :
- un adulte sur deux est en surpoids ou obèse,
- un enfant sur cinq est concerné,
- et le coût global de cette épidémie dépasse 170 milliards de dollars par an.
Le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) rappelle que l’obésité augmente considérablement le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques, d’hypertension et de certains cancers.
Les causes sont multiples : sédentarité, malbouffe industrielle, consommation excessive de sucres, mais aussi baisse de l’activité physique.
Moins d’un adulte sur quatre remplit les recommandations hebdomadaires d’exercice fixées par le CDC, et moins de 10 % consomment la quantité quotidienne de légumes conseillée.
Les États-Unis, miroir des dérives occidentales
Selon les cartes d’obésité publiées par le CDC pour 2023, aucun État américain n’affiche désormais une prévalence inférieure à 20 %.
Les régions les plus touchées sont le Midwest (36 %) et le Sud (34,7 %), avec trois États dépassant la barre symbolique des 40 % : l’Arkansas, le Mississippi et la Virginie-Occidentale.
Les chercheurs de Harvard soulignent que la nouvelle définition ne vise pas à “pathologiser” davantage la population, mais à mieux identifier les risques de maladies graves chez des personnes auparavant jugées “en bonne santé” selon leur IMC. « L’IMC ne prend pas en compte la distribution de la graisse corporelle, ni son impact sur les organes », explique Steven Grinspoon, auteur principal de l’étude.
« Cette nouvelle approche permet de repérer plus tôt les individus à haut risque de maladies cardiovasculaires ou métaboliques. »
Mais pour d’autres observateurs, cette redéfinition soulève aussi une inquiétude : celle d’une société malade qui s’habitue à la maladie. Aux États-Unis, comme dans une partie de l’Europe, la sédentarité et la surconsommation alimentaire sont devenues la norme, au point que la “bonne santé” se mesure désormais… à l’échelle du désastre collectif.
Au-delà des chiffres, cette étude révèle une crise civilisationnelle : celle d’un monde où la nourriture ultra-transformée, le stress permanent et le manque de mouvement détruisent silencieusement la vitalité des peuples.
L’obésité n’est plus un problème individuel, mais le symptôme d’un modèle de société épuisé. Alors que les États-Unis comptent désormais près de 7 adultes sur 10 considérés comme obèses, la question n’est plus seulement médicale — elle devient politique, culturelle et anthropologique : comment une civilisation peut-elle continuer à exister si elle ne parvient plus à se maintenir physiquement en bonne santé ?
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