Florence Bergeaud-Blackler, Alain de Peretti et le djihad des étiquettes

Je lisais hier matin, au bar des Brisants, l’excellent article du Figaro signé Ela Cauvin consacré au dernier ouvrage de Florence Bergeaud-BlacklerLe Djihad par le marché. Le café était noir, la mer immobile, et je pensais à ceux qui, depuis des années, ont crié dans le désert ce que la chercheuse vient d’énoncer avec le poids d’une institution : que le halal n’est pas qu’une norme alimentaire, mais un cheval de Troie, un levier de conquête culturelle et religieuse. Parmi ces voix obstinées, il faut citer celle du docteur Alain de Peretti, fondateur de l’association Vigilance Halal, qui depuis plus d’une décennie se bat, presque seul, contre ce qu’il nomme l’« industrialisation de la soumission ».

Dans l’entretien publié par Le Figaro, la chercheuse écrit sans détour : « Le halal s’est fait le levier économique d’un assaut civilisationnel silencieux. » Cette phrase, qu’on croirait sortie d’un essai de Carl Schmitt sur les guerres totales, résume tout. À partir de la fin des années 1970, au lendemain de la révolution iranienne, le halal s’est mué en un vecteur politique, instrumenté par les Frères musulmans et les États qui voyaient dans cette norme religieuse un outil de puissance. Ce que la foi prescrit, l’économie exécute ; ce que la théologie bénit, le commerce étend.

Le récit qu’en donne Florence Bergeaud-Blackler est implacable : du Codex Alimentarius de 1997, où les Nations unies ont reconnu une « norme » halal mondiale, jusqu’à la conférence de l’Organisation de la coopération islamique à Koweït puis Dubaï, où fut proclamé le mot d’ordre : « One halal logo, one halal standard : United We Succeed, Divided We Fail ».  Sous couvert d’harmonisation, c’est un projet d’unification spirituelle qui s’avance. Les pays occidentaux, par naïveté ou lâcheté, ont accepté de « fixer les règles du jeu », croyant n’y voir qu’un marché prometteur. Ce marché, aujourd’hui, les dévore.

Les lignes les plus fortes du livre touchent à la figure du consommateur musulman présenté comme « soldat d’un djihad économique ». La formule glace. Les Frères musulmans, note l’auteur, ont compris avant tout le monde que le supermarché est plus efficace que la mosquée pour diffuser une norme. Acheter devient un acte de piété, refuser un produit « impur » un acte de résistance. Le djihad se mène désormais par le ticket de caisse.

L’exemple du Palestine Cola, lancé à Malmö par deux frères palestiniens et soutenu par une gauche occidentale en mal de causes, illustre cette stratégie d’entrisme marchand. Florence Bergeaud-Blackler relève que même un sénateur communiste français s’est prêté à cette publicité militante. Ainsi, l’économie islamique recycle les codes du capitalisme pour le subvertir de l’intérieur, tandis qu’une partie de notre intelligentsia applaudit, fascinée par le récit victimaire d’un Orient supposément opprimé.

Plus inquiétant encore, la chercheuse montre comment cette emprise économique s’accompagne d’une conquête du discours. Le Centre for Media Monitoring, bras du Muslim Council of Britain, s’emploie à « contrôler le récit » en imposant une novlangue où le mot « islamiste » devient suspect et la simple mention de la religion d’un terroriste, un délit d’« islamophobie ». Le résultat est connu : une presse tétanisée, une recherche muselée, un État désarmé.

C’est là qu’intervient, depuis longtemps, Alain de Peretti. Vétérinaire de formation, patriote par vocation, il a fondé Vigilance Halal pour alerter les Français sur la prolifération des abattoirs pratiquant l’égorgement rituel sans étourdissement, non pour la communauté musulmane, mais parce que l’industrie trouve plus commode de généraliser cette pratique à toute la chaîne. Il rappelle inlassablement que le halal n’est pas seulement une question de cruauté animale, mais un problème de souveraineté : car chaque bête abattue selon un rite religieux est soumise à une redevance versée à une autorité cultuelle. Autrement dit, nous finançons sans le savoir une économie confessionnelle sur notre propre sol.

Les services de l’État, aveuglés par leur fétichisme de la laïcité, feignent de ne pas voir que la généralisation du halal dans la restauration collective, les supermarchés ou les abattoirs d’exportation constitue un renoncement politique. « Quand l’État finance l’islamisation à son insu », écrit Florence Bergeaud-Blackler, en citant les conseils religieux qui, sous couvert de « lutte contre la radicalisation », diffusent en réalité un islam toujours plus normatif.

Il faut lire Le Djihad par le marché comme on lirait un rapport d’état-major. Les données y sont claires, la stratégie adverse y est décrite avec méthode. Les Frères musulmans, note-t-elle, ont su tirer parti de nos contradictions : l’égalitarisme culpabilisé de nos élites, la crédulité technocratique, l’appétit marchand de nos entreprises. Ce sont nos faiblesses, non leur force, qui ont ouvert la brèche.

Alain de Peretti, dans ses interventions publiques, ne dit pas autre chose. Il met en garde contre cette « halalisation » rampante de la société, où la norme religieuse supplante la règle commune. L’association qu’il préside, Vigilance Halal, accomplit un travail d’intérêt national : informer, vérifier, révéler. Son site recense depuis des années les certificats opaques, les filières parallèles, les complicités administratives. C’est une œuvre de santé publique autant que de civilisation.

La France a longtemps cru qu’en tolérant tout, elle resterait neutre. Or, comme l’écrivait Spengler, « une civilisation meurt quand elle perd la volonté d’être elle-même ». Le halal industriel n’est pas une mode alimentaire : c’est une machine à désarmer l’Occident, une morale d’importation qui, sous le signe de la pureté, impose l’obéissance.

Je referme le livre et songe à ces mots du général De Gaulle : « Les peuples n’ont que la vie qu’ils méritent, s’ils refusent de la défendre. » À notre époque d’étiquettes et de QR codes, le combat pour la vérité passe parfois par une simple mention sur un emballage. Encore faut-il avoir le courage de la lire.

Balbino Katz, chroniqueur des vents et des marées

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

2 réponses à “Florence Bergeaud-Blackler, Alain de Peretti et le djihad des étiquettes”

  1. Vert dit :

    Comme en suisse interdire l’abattage hallal.
    La flandre belge l’a fait

  2. Vert dit :

    Comme en suisse interdire l’abattage hallal.
    La flandre belge l’a fait .

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

International

Portugal : le Parlement adopte la loi Chega interdisant le voile intégral dans l’espace public

Découvrir l'article

International

L’Allemagne reconnaît officiellement des fêtes musulmanes : le Land du Schleswig-Holstein ouvre la voie

Découvrir l'article

A La Une, Education, International, Religion, Sociétal

Canada. La viande halal imposée dans des écoles fait scandale

Découvrir l'article

Sociétal

Un sondage commandé par la Grande Mosquée de Paris mesure le « ressenti » des musulmans en France

Découvrir l'article

International, Justice, Politique, Religion

Autriche : un arbitrage fondé sur la charia validé par la justice

Découvrir l'article

Sport

MMA : Dominé au sol, le Sud-Africain Dricus Du Plessis battu par Khamzat Chimaev

Découvrir l'article

International

Allemagne. À Berlin, l’intégration à reculons : quand des imams prônent le mariage des mineures et la polygamie

Découvrir l'article

International

Royaume-Uni : les prénoms musulmans dominent les naissances, symbole d’un changement démographique profond. Muhammad, prénom le plus attribué

Découvrir l'article

Santé, Sociétal

E. coli dans l’Aisne : silence gêné autour du lien avec des boucheries halal

Découvrir l'article

International

Le fruit mûr de la démographie : vers un parti musulman au Royaume-Uni ?

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky