Retour au Festival du livre en Bretagne de Carhaix : la Bretagne des livres, des langues et des libertés

Entre ferveur bretonne, solidarité culturelle et hommage à la Kabylie, le Salon du livre en Bretagne de Carhaix 2025 a rassemblé des milliers de visiteurs venus célébrer l’esprit d’un peuple qui lit encore debout.

Ce week-end, l’espace Glenmor de Carhaix vibrait au rythme des voix, des pages et des langues. Des milliers de visiteurs s’y sont pressés pour le Festival du livre en Bretagne, grande messe annuelle d’une région qui n’a pas renoncé à penser, à écrire et à se souvenir qu’elle forme un peuple.

Dans les allées, les couvertures colorées des maisons d’édition bretonnes brillaient comme des fanions de résistance, rappelant que l’édition bretonne, durement frappée par la liquidation de Coop Breizh, reste vivante, diverse et combattante.

Une Bretagne qui lit, qui parle, qui persiste

Dès le samedi matin, la foule s’étirait de stand en stand. On y croisait de jeunes familles, des militants de la Bretagne libre ou d’anciens militants, des enseignants, des amoureux de la langue bretonne – tous venus partager le même souffle : celui d’une Bretagne qui ne s’excuse pas d’exister.

On y crois des jeunes familles qui ont décidé d’élever leurs enfants en breton.. « Pour qu’ils parlent et qu’ils rêvent breton , point de départ d’une construction alternative de soi, en dehors de la religion républicaine française imposée ».

Les conversations glissent facilement du français au breton. Dans les travées, on entend des débats enflammés sur l’avenir de la langue.

“C’est un acte politique de parler breton aujourd’hui”, confie Élise, 25 ans, étudiante à Brest. “Pour exister autrement, à contre-courant d’un monde qui veut tout uniformiser.”

Des rencontres et des visages familiers

Entre deux stands, on pouvait croiser Denez Prigent, venu présenter son dernier livre, saluer quelques éditeurs et écouter les jeunes auteurs qui reprennent le flambeau de la création bretonne.

Plus loin, d’anciens militants de la cause bretonne échangeaient des souvenirs avec des jeunes venus “pour la première fois”. L’un d’eux, Gwenaël, 19 ans, s’émerveille : “On a l’impression de marcher dans un lieu où chaque livre est un morceau de notre terre.”

Les conférences, elles aussi, ont attiré. Certaines portaient sur l’avenir de la filière du livre, d’autres sur la défense des cultures minoritaires, un thème renforcé cette année par la présence de la Kabylie, invitée d’honneur du salon.

Kabylie : des montagnes d’Algérie à celles d’Armorique

Invitée centrale de cette 36e édition, la Kabylie a apporté sa chaleur, sa musique et ses luttes. Une vingtaine d’auteurs, poètes et universitaires kabyles ont répondu à l’appel.

Dans son discours d’ouverture, le porte-parole du gouvernement kabyle en exil, Mulut At Azdin, a rendu hommage à la Bretagne : “« Carhaix a été la première ville de France à hisser le drapeau kabyle sur sa mairie, a rappelé Mulut At Azdin, porte-parole du gouvernement kabyle en exil. De nombreux liens unissent la Bretagne et la Kabylie, deux peuples attachés à leur langue et à leur liberté. »

Le public a longuement applaudi. Beaucoup y ont vu un parallèle de destin : deux peuples enracinés, attachés à leur langue, leur mémoire et leur autonomie.

“On ne se bat pas pour exister contre, mais pour continuer à être”, résumait sobrement une auteure kabyle, avant de remercier les Bretons “pour leur fraternité ancienne”.

Une filière à reconstruire, une passion intacte

Malgré l’inquiétude qui pèse sur la diffusion du livre breton depuis la disparition de Coop Breizh, l’atmosphère restait celle d’un renouveau.

“On a perdu un pilier, mais on n’a pas perdu l’envie”, nous assure un éditeur historique de la Bretagne “Ici, les gens achètent, ils discutent, ils soutiennent. C’est une résistance du quotidien.”

Des projets de nouvelle société de diffusion sont à l’étude, et plusieurs maisons ont annoncé vouloir mutualiser leurs moyens. Un signe que l’avenir du livre breton se réinvente, même s’il doit prendre garde à la perfusion de subventions qui n’assurent pas l’indépendance ni la réalité économique de l’opération, ainsi qu’aux écueils idéologiques dans lesquels certains se referment parfois.

À Carhaix, ce week-end, on ne vendait pas seulement des livres.

On y défendait un peuple, ses langues, ses mythes et ses combats. On y sentait cette chaleur qu’aucune subvention ne peut acheter : la fierté tranquille d’un peuple qui refuse de se taire.

 “Tant que nous lirons nos livres, nous ne mourrons pas.”, nous confie une dame, sur un stand dédié à l’histoire de Bretagne.

Et dans le brouhaha des conversations, ce vœu avait la résonance d’un serment.

YV

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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