Pénurie hôtelière, explosion des prix, accueil massif de migrants, folie covidiste…Comment l’Irlande a sabordé son tourisme..et une partie de son économie

Pendant des décennies, l’Irlande incarnait une Europe encore authentique : des paysages sauvages, des pubs animés, des B&B accueillants et une population réputée pour son hospitalité. Mais en quelques années, le pays a vu son image se fissurer. Le tourisme, pilier économique majeur de l’île verte, est aujourd’hui en crise. Les visiteurs se font plus rares, les hôtels plus chers, et les professionnels du secteur comme les commerçants dénoncent une politique gouvernementale qui a détourné le parc hôtelier de sa vocation première.

Un effondrement silencieux du tourisme

Selon les données officielles du Central Statistics Office, le nombre de visiteurs étrangers en Irlande a chuté de plus de 7 % en 2025, prolongeant une tendance baissière déjà amorcée après la pandémie. Le pays, qui accueillait près de 10 millions de touristes étrangers avant 2020, peine à dépasser les 6 millions aujourd’hui. Cette chute contraste avec les succès retrouvés de ses voisins européens : +15 % en Grèce, +12 % en France, +18 % au Portugal.

Les touristes, notamment britanniques et américains – deux clientèles historiques – se détournent de plus en plus d’une destination devenue hors de prix et logistique­ment saturée. Le séjour moyen coûte désormais 40 à 50 % plus cher qu’avant la pandémie, et il devient difficile de trouver un hébergement abordable, surtout en été.

L’un des facteurs majeurs de cette déroute est la politique migratoire du gouvernement irlandais. Depuis 2021, une part importante du parc hôtelier a été réquisitionnée pour héberger des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés ukrainiens. Au plus fort de cette politique, près de 60 000 lits touristiques ont été retirés du marché pour être placés sous contrat avec l’État. Que nos lecteurs aillent faire un tour sur les principaux sites de réservation hôteliers, dans les grandes villes ou les zones touristiques, et il s’apercevra du gros problème, notamment s’il est déjà allé en Irlande il y a dix ans ou 20 ans.

Ces établissements, souvent des hôtels trois étoiles de taille moyenne situés dans des zones touristiques clés comme le Connemara, le Clare ou le Kerry, assuraient autrefois l’essentiel de l’offre pour les circuits organisés et les séjours familiaux. Leur disparition a provoqué un effet domino : les tour-opérateurs ont annulé des circuits, les petits commerces locaux (loueurs de vélos, pubs, restaurants) ont vu leurs clients s’évaporer, et les prix ont explosé dans les rares établissements encore disponibles.

Des prix dissuasifs et une offre étranglée

À Dublin, le prix moyen d’une nuit d’hôtel dépasse désormais les 200 euros, soit davantage qu’à Berlin, Prague ou Lisbonne. En province, les tarifs ont suivi la même tendance : une simple chambre dans le Connemara ou à Killarney se réserve des mois à l’avance à prix d’or. L’augmentation du taux de TVA, la flambée des coûts de l’énergie et la pénurie de main-d’œuvre ont accentué le phénomène, mais la raréfaction des hébergements touristiques reste la cause principale.

Même si les autorités affirment que la situation « n’est plus critique », avec environ 6 % du parc hôtelier encore réservé à l’accueil de migrants, les conséquences économiques sont profondes : le manque de lits touristiques aurait coûté jusqu’à 1,1 milliard d’euros de pertes au secteur en 2024, selon les estimations de Fáilte Ireland, l’agence nationale du tourisme. . Plusieurs comtés – Clare, Wicklow, Meath – conservent encore plus de 10 % de leur capacité hôtelière sous contrat d’État.

Les dommages collatéraux persistent pourtant : pénurie de main-d’œuvre, flambée des prix et une offre étranglée qui pousse les familles vers des destinations plus abordables. D’un côté, le gouvernement irlandais vante la relance touristique tout en priorisant l’urgence migratoire. C’est de la solidarité maladroite, qui sacrifie un pilier du PIB (6 %) au nom d’une crise humanitaire légitime, mais sans plan B solide.  . P

Prenons l’exemple de Kenmare, à côté de Killarney : en 15 ans, la fréquentation de la commune, pourtant porte d’entrée du Ring of Kerry, s’est effondrée. Les hôtels qui restent ouverts deviennent vétustes ou trop chers, les établissements sont peu peuplées en septembre, en mai, en juin, alors que ce n’était pas le cas avant. Les commerces ferment. La ville fait triste mine. Un périple sur la côte ouest de l’Irlande donnera la même image, à Bantry, et même dans le Connemara, à Clifden ou à Westport…

Un pays devenu trop cher et trop incertain

Dans un contexte de ralentissement économique et de baisse du pouvoir d’achat, l’Irlande n’attire plus les classes moyennes européennes. Les séjours se raccourcissent, les familles privilégient les destinations moins onéreuses, et les circuits en autocar, autrefois populaires, disparaissent. Le tourisme irlandais devient désormais une affaire de niche : golfeurs, couples fortunés ou séjours sur mesure pour une clientèle américaine aisée.

Le tourisme représentait pourtant jusqu’à 6 % du PIB irlandais et employait plus de 250 000 personnes.

Aujourd’hui, les pubs ferment les uns après les autres dans les villages ruraux, les boutiques de souvenirs baissent le rideau, et les bus touristiques se font rares sur les routes du Kerry. En sacrifiant son parc hôtelier et en laissant s’envoler les prix, au nom de l’accueil inconditionnel de l’autre, mais aussi, il ne faut pas l’oublier, d’une folie sanitaire covidiste poussée jusqu’à l’absurde il y a quelques années,  l’Irlande a compromis ce qui faisait sa force : un tourisme populaire, chaleureux et accessible. Sans un sursaut rapide, le réveil risque d’être douloureux, non pas pour les élites, mais bien pour le peuple qui souffre.

Illustration : breizh-info.com (TDR)
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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