TV Libertés propose un nouvel épisode de sa série Passé Présent, dans lequel Antoine de Lacoste, spécialiste de géopolitique et collaborateur à la Revue d’histoire européenne, revient sur l’histoire longue de l’Iran, depuis la Perse antique jusqu’à la République islamique actuelle. Une émission d’une richesse rare, qui permet de comprendre les racines profondes d’un pays au cœur des tensions du Moyen-Orient.
De Cyrus à Darius : la grandeur de la Perse antique
L’Iran, rappelle Antoine de Lacoste, est « l’une des plus vieilles civilisations du monde », héritière directe de la Perse antique. Sous Cyrus le Grand et Darius, l’empire perse s’étendait de la Méditerranée à l’Indus, rivalisant avec Rome et Byzance. Ce premier grand empire structuré de l’Antiquité impressionnait déjà par son organisation administrative et sa puissance hydraulique dans une région aride.
Malgré la conquête d’Alexandre le Grand, la civilisation perse survit à travers les siècles, adoptée et respectée par les envahisseurs, qu’ils soient grecs, parthes ou sassanides. « Les Perses ont toujours su conserver leur identité, même sous domination étrangère », souligne Antoine de Lacoste.
Zoroastre et le feu sacré : la religion des origines
Avant l’islam, la Perse fut le foyer du zoroastrisme, l’une des plus anciennes religions monothéistes. Fondée sur la lutte entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, elle a profondément marqué la culture perse. Les mages zoroastriens, adorateurs du feu, ont laissé une empreinte durable, encore perceptible dans certaines régions d’Iran où subsistent environ 100 000 adeptes.
Les conquêtes arabes au VIIᵉ siècle bouleversent la région. Si l’islam s’impose, la culture perse résiste à l’arabisation. Peu à peu, l’Iran adopte le chiisme, notamment à partir des Safavides, qui unifient le pays et posent les bases de l’État iranien moderne. Sous le règne du shah Abbas Ier, au XVIIᵉ siècle, la Perse connaît une renaissance culturelle et artistique, illustrée par la splendeur d’Ispahan et la tolérance envers certaines minorités, comme les Arméniens.
Entre Russie et Angleterre : l’Iran au XIXᵉ siècle
Au XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles, la Perse, affaiblie par les invasions mongoles puis turques, subit l’influence du « Grand Jeu » entre la Russie et l’Angleterre. Ces puissances se disputent le contrôle du pays, notamment après la découverte du pétrole. En 1906, une révolution constitutionnelle introduit un régime parlementaire, mais la domination étrangère reste écrasante.
En 1925, Reza Shah Pahlavi fonde une nouvelle dynastie et entreprend la modernisation du pays : infrastructures, laïcisation, émancipation des femmes. Son fils, Mohammad Reza Pahlavi, lui succède pendant la Seconde Guerre mondiale. Proche des États-Unis et d’Israël, il tente de poursuivre les réformes, mais se heurte à une forte opposition religieuse.
L’épisode du coup d’État de 1953, orchestré par la CIA contre le Premier ministre Mossadegh, reste un tournant. Ce dernier avait osé nationaliser le pétrole iranien, déclenchant la colère de Londres et de Washington. L’humiliation de cet épisode nourrit un ressentiment durable contre l’Occident.
1979 : la révolution islamique et la théocratie
La révolution de 1979 met fin au règne du shah et porte au pouvoir l’ayatollah Khomeiny. Le pays bascule alors dans une théocratie chiite, marquée par une répression féroce, la guerre contre l’Irak (1980-1988) et la rupture avec les États-Unis. Le voile redevient obligatoire, les libertés sont étouffées, mais le régime s’appuie sur un puissant sentiment national et sur la richesse pétrolière et gazière du pays.
Malgré les sanctions, les bombardements israéliens récents et l’isolement diplomatique, l’Iran conserve une élite scientifique de haut niveau, notamment dans le domaine nucléaire. Les universités iraniennes forment chaque année des milliers d’ingénieurs, reflet d’une culture de l’excellence héritée de siècles de raffinement intellectuel.
Aujourd’hui, le régime des mollahs est fragilisé par une contestation croissante, notamment parmi les jeunes femmes qui refusent le port du voile. « L’Iran est un grand pays, et il se relèvera, espérons-le, sans les mollahs », conclut Antoine de Lacoste.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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