De New York à Paris, des Hamptons à la Creuse, la fracture n’est plus sociale : elle est civilisationnelle. Et elle annonce, partout, la sécession des peuples enracinés face aux métropoles décadentes.
La gauche exulte : New York a un maire musulman, socialiste et d’origine indienne. Zohran Mamdani, 34 ans, élu triomphalement face à un centriste et à un républicain en déroute. Les éditorialistes européens s’extasient. Les insoumis français en font un modèle. Et les bobos parisiens rêvent déjà d’un “Mamdani à la française”.
Mais tout cela ne veut rien dire. Mamdani n’a pas “conquis” New York : il a simplement hérité d’une forteresse idéologique, une ville devenue laboratoire du progressisme urbain. Son élection n’est pas un séisme politique : c’est la confirmation d’une ligne de fracture désormais infranchissable.
New York vote à gauche, comme San Francisco, Boston, Paris ou Berlin. Parce que ces villes ne sont plus des peuples, mais des tours d’ivoire mondialisées, des réservoirs de fonctionnaires, d’étudiants, de minorités communautarisées et de consommateurs coupés du réel. Pendant ce temps, les Amériques profondes – du Texas aux Appalaches – votent Trump, comme les campagnes françaises ou le Yorkshire votent conservateur.
L’empire des villes contre le monde réel
Il faut être un militant parisien pour croire que l’élection d’un socialiste à New York dit quelque chose de “nouveau” sur la politique américaine. New York est à gauche comme l’eau mouille et le feu brûle. La gauche y célèbre la “diversité” en marchant sur des trottoirs où l’on croise la misère, les dealers et les sans-abri. On y parle d’égalité depuis des immeubles à dix millions de dollars. On y rêve d’un monde sans frontières depuis des quartiers surveillés par la police privée.
Dans cette bulle, tout est symbole. La couleur de peau du maire, sa religion, sa “jeunesse” : tout devient message, posture, signal moral. Mais le reste du pays s’en fiche. Le pays profond, celui des paysans, des chasseurs, des ouvriers, regarde ce cirque avec dégoût et se dit : « ces gens-là ne sont plus des nôtres ».
Le fossé est désormais ontologique. Il ne s’agit plus de désaccords politiques, mais de deux civilisations parallèles : l’une vit dans les algorithmes, les slogans, les conférences sur le climat ; l’autre laboure la terre, fait tourner les usines et prie pour que ses enfants aient encore un avenir.
Les peuples se séparent
Ce qui se joue en Amérique n’est qu’un miroir grossissant de ce qui couve en Europe. Nous aussi, nous vivons la séparation lente des mondes : la France de Paris contre la France périphérique, la Bretagne enracinée contre les métropoles hors-sol, les peuples européens contre les élites post-nationales.
Il n’y a plus de dialogue possible. L’un parle d’“inclusivité”, l’autre de “continuité”. L’un rêve d’effacer les frontières, l’autre d’en retrouver le sens. L’un vit dans le fantasme d’une humanité abstraite, l’autre dans la chair d’un peuple concret.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets : quand les mots n’ont plus de sens commun, les peuples cessent de vivre ensemble. Aux États-Unis, on le voit : le “pays rouge” et le “pays bleu” ne se supportent plus. Le divorce est entamé. La sécession viendra, tôt ou tard, comme une délivrance. Et l’Europe suivra.
La sécession ou la guerre civile froide
Croire qu’un “Mamdani” peut sauver New York, c’est comme croire qu’un “Mélenchon” peut sauver Paris. Ce sont des hommes du spectacle, non de l’ordre. Ils gouvernent des villes devenues folles de morale et d’idéologie. Mais leur victoire n’est que celle du parasitisme sur la production, du verbe sur la matière, du discours sur la réalité.
Le monde rural, lui, résiste encore. En Bretagne, dans les campagnes françaises, dans le Midwest américain, la lucidité gronde. Les peuples enracinés comprennent que le vivre-ensemble n’est plus qu’un slogan pour désarmer les consciences. Ils savent qu’il faudra choisir : la soumission ou la séparation.
La gauche urbaine ne se sent plus pisser. Elle croit régner sur la planète parce qu’elle domine les capitales, les écrans et les universités. Mais le cœur des nations bat ailleurs. Dans les terres, les bourgs, les hameaux. Là où les gens travaillent, croient, élèvent leurs enfants et refusent de mourir pour les chimères d’un monde qui ne veut plus d’eux.
L’élection de Zohran Mamdani n’est pas une victoire de la gauche mondiale : c’est un symptôme de plus de la dislocation du monde occidental. D’un côté, les villes-cités globales, vitrines d’un humanisme hors sol. De l’autre, les peuples qui se redécouvrent comme nations.
Et entre eux, plus de ponts possibles.
La sécession n’est plus un fantasme : c’est la seule alternative à la guerre civile. Les peuples ne veulent plus vivre ensemble parce qu’ils ne vivent plus dans le même monde.
Le XXIe siècle ne sera pas celui de l’unité mondiale, mais celui des séparations vitales.
YV
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