Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (WGAD) vient de publier deux avis retentissants (Op. 46/2025 et Op. 57/2025) qui placent désormais Cuba au premier rang mondial des condamnations pour détentions arbitraires depuis 2019.
Avec 93 cas reconnus en six ans, La Havane dépasse l’Égypte et devient, de facto, le pays le plus sanctionné au monde dans cette catégorie.
Cette décision intervient après un processus d’arbitrage complet, où le régime cubain avait la possibilité de se défendre — et où il a perdu à chaque fois.
49 nouveaux prisonniers politiques reconnus comme victimes
Les deux avis publiés concernent 49 détenus, tous arrêtés dans le cadre des manifestations du 11 juillet 2021 .
Selon les experts onusiens, ces hommes et ces femmes ont été incarcérés pour des motifs politiques et idéologiques, sans accès à une procédure régulière, sans défense digne de ce nom, et dans des conditions marquées par :
- des disparitions,
- l’isolement prolongé,
- des tortures et traitements inhumains,
- des violations répétées de droits fondamentaux.
L’ONU demande expressément à Cuba de les libérer immédiatement, de les réhabiliter pénalement, et de les indemniser pour les préjudices subis.
Un modèle de répression systémique
Ce nouveau verdict porte à 93 le nombre de cas reconnus depuis 2019. À cela s’ajoute une particularité inquiétante : contrairement à la plupart des autres États sanctionnés, les avis visant Cuba concernent régulièrement plusieurs dizaines de victimes en même temps.
Entre 2024 et 2025, trois décisions regroupent à elles seules 66 détenus. Les experts estiment que les détentions arbitraires à Cuba ne sont pas des épisodes isolés, mais un mécanisme permanent de contrôle social utilisé par le régime pour intimider l’ensemble de la population.
Selon les analyses du WGAD, l’appareil répressif touche indistinctement :
- des groupes religieux,
- des familles entières,
- des quartiers,
- des organisations locales,
- des mouvements citoyens.
L’emprisonnement ne sert pas seulement à neutraliser un opposant : il sert à terroriser les communautés auxquelles il appartient.
Disparitions forcées : Cuba parmi les pires pays au monde
La répression ne s’arrête pas aux détentions.
Le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées classe Cuba au 4ᵉ rang mondial en nombre d’actions urgentes depuis 2012 : 193 cas ont été traités, tous portés devant les instances de l’ONU par l’ONG Prisoners Defenders.
À la différence de pays ravagés par les guerres ou les mafias (Mexique, Irak, Colombie), ces disparitions seraient — selon les experts — entièrement commises par l’État cubain lui-même.
Contrairement à l’image d’un simple organisme consultatif, le Groupe de travail applique une méthodologie proche d’un tribunal :
- les deux parties soumettent leurs preuves,
- des experts internationaux les analysent,
- un avis final est rendu,
- des recommandations obligatoires moralement, mais non juridiquement contraignantes.
Dans tous les cas présentés par Prisoners Defenders depuis 2019, Cuba a été mise en cause. Pour les 49 nouveaux dossiers, le régime n’a même pas tenté de réfuter les preuves fournies, ce que les experts interprètent comme une acceptation tacite des faits.
Les avis du WGAD décrivent un système pénal placé entièrement au service du pouvoir : police, procureurs, juges, gardiens, tous fonctionnent dans un schéma vertical où la privation de liberté devient une arme politique.
Chaque incarcération envoie un message aux Cubains : se taire, ou être puni.
Des mécanismes de l’ONU efficaces mais limités
Le rapport rappelle que les mécanismes onusiens souffrent de limites : absence de pouvoir contraignant, capacités financières restreintes, dépendance au volontariat des États. Mais il souligne aussi leur importance : ce sont parfois les seules instances internationales capables de documenter, à visage découvert, les crimes d’un régime.
Selon Prisoners Defenders, prolonger et renforcer la capacité d’action des experts serait essentiel, notamment dans les cas où des crimes contre l’humanité sont établis.
Avec ces nouveaux avis, l’ONU place Cuba face à une réalité désormais impossible à nier : le régime pratique, depuis des années, une politique de répression massive reposant sur l’emprisonnement arbitraire, la disparition forcée et l’intimidation collective.
La Havane détient aujourd’hui un record dont aucun État ne voudrait se vanter : le plus grand nombre de condamnations pour détention arbitraire au monde depuis 2019.
Reste à savoir si la pression internationale, même symbolique, pourra infléchir un système qui fait de la peur son instrument de gouvernement.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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