Au Royaume-Uni, un nouveau pas vient d’être franchi dans la surveillance de l’opinion publique. Selon plusieurs documents internes récemment révélés, des milliers de fonctionnaires britanniques seraient désormais formés pour identifier et « neutraliser » ce que l’administration appelle des « récits à haut risque » circulant sur les réseaux sociaux.
Derrière cette formule technocratique : toute expression publique jugée susceptible d’alimenter les critiques de la politique migratoire ou de créer un « climat de tension » autour de l’accueil des étrangers.
Un appareil d’État chargé de traquer les discours critiques
Le dispositif, mis en place au sein du très puissant Cabinet Office, repose sur le Government Communications Service (GCS), une structure de communication gouvernementale forte de 6 000 agents. Officiellement chargée de lutter contre la « désinformation », elle s’est vu confier une mission élargie : surveiller les réseaux sociaux, repérer les sujets sensibles et diffuser en retour des « contre-narrations » favorables à la ligne officielle.
Cette stratégie s’inscrit dans un cadre baptisé « Resist », un programme de formation dispensé à l’administration depuis plusieurs années et mis à jour récemment. Les agents y apprennent notamment à repérer des signaux d’alerte : critiques sur la gestion du logement social, dénonciation de l’hébergement de migrants dans des hôtels, inquiétudes concernant la sécurité, ou encore réactions à l’installation de demandeurs d’asile dans des bases militaires désaffectées.
Autrement dit : des sujets qui préoccupent très concrètement les Britanniques, notamment dans les villes où l’État loge actuellement plus de 32 000 migrants, principalement de jeunes hommes arrivés illégalement.
Des exemples édifiants : des parents, des riverains ou des associations considérés comme « à risque »
Les documents de formation donnent des exemples frappants de ce que l’administration considère comme problématique.
Il peut s’agir :
– d’habitants s’inquiétant que des familles locales attendent un logement pendant des années pendant que des places seraient réservées à des migrants ;
– de riverains alertant sur la construction de dizaines d’unités nouvelles modifiant l’équilibre du quartier ;
– de représentants d’associations de parents d’élèves partageant des articles de petits médias locaux ;
– ou même de simples citoyens créant des groupes privés pour discuter de la situation dans leur commune.
Ce type de messages, rappellent les formateurs, pourrait « créer de nouvelles tensions entre communautés ». L administration centrale invite donc les collectivités à pratiquer le « pré-bunking » : une communication préventive destinée à désamorcer à l’avance tout discours susceptible de contester les politiques migratoires.
Un système accusé de cibler avant tout les opposants à l’immigration
Pour plusieurs élus d’opposition, cette pratique s’apparente désormais à une forme de police politique. Le député Lee Anderson, de Reform UK, dénonce une atteinte directe à la liberté d’expression :
« Le gouvernement a laissé se dérouler la plus grande vague migratoire de l’histoire moderne et se permet de surveiller ceux qui osent poser des questions. Les Britanniques ont tout à fait le droit de réclamer des comptes. »
Au sein de la société civile, des organisations comme Restore Britain ont déjà déposé des demandes formelles pour obtenir la liste complète des sujets surveillés, ainsi que l’identité des autorités ayant validé ce dispositif. Elles s’interrogent notamment sur la définition floue de ce qu’est un « récit à haut risque » – catégorie où semble se retrouver tout propos qui heurte la politique gouvernementale.
Une législation de plus en plus restrictive
Cette surveillance s’inscrit dans un contexte législatif qui s’est durci ces derniers mois outre-Manche. Le nouveau Online Safety Act permet désormais au régulateur britannique de sanctionner lourdement les réseaux sociaux qui ne suppriment pas à temps les contenus jugés illicites ou « nuisibles ».
Déjà, durant la crise sanitaire, les autorités avaient travaillé étroitement avec les plateformes pour faire disparaître les critiques du confinement.
Aujourd’hui, ce contrôle s’étend à des thèmes hautement politiques : immigration, sécurité, cohésion sociale, politique de logement, dépenses publiques. Autant de sujets qui devraient relever du débat démocratique, mais que l’État britannique cherche à canaliser en classant certaines opinions parmi les « risques ».
Le glissement est clair : derrière la volonté affichée de protéger la société contre les fausses informations, c’est la critique de l’action gouvernementale elle-même qui se retrouve ciblée.
Les citoyens inquiets de l’arrivée massive de migrants dans leurs communes, les parents d’élèves, les élus locaux ou les riverains se voient assimilés à des diffuseurs de « discours nuisibles ».
Une tendance qui illustre, une fois encore, la tentation croissante des gouvernements occidentaux de s’arroger un droit de regard sur ce que leurs populations ont le droit de dire — ou de penser. Une dérive inquiétante dans un pays qui a longtemps revendiqué être l’un des berceaux de la liberté d’expression.
Illustration : DR
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.
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