Les Slovènes ont tranché : dimanche 23 novembre, une majorité d’électeurs a rejeté la loi qui devait légaliser l’euthanasie pour les personnes en phase terminale. Selon les résultats préliminaires de la commission électorale, 53 % des votants ont dit non, contre 46 % favorables au texte.
Un vote qui suspend immédiatement l’entrée en vigueur d’une loi déjà adoptée par le Parlement en juillet 2024, après un précédent référendum consultatif favorable.
Une seconde consultation arrachée par les opposants
Cette nouvelle consultation n’était pas prévue. Elle a été déclenchée après une pétition ayant recueilli plus de 40 000 signatures, dépassant le seuil légal pour forcer un second vote.
À la tête du mouvement, l’activiste conservateur Ales Primc, qui s’est félicité du résultat : « La compassion a gagné. La Slovénie a rejeté une réforme fondée sur la mort par empoisonnement. »
Pour lui et ses soutiens — associations médicales, groupes conservateurs, Église catholique — la loi franchissait une ligne rouge : celle qui sépare l’accompagnement en fin de vie d’une facilitation légale du suicide assisté.
Que prévoyait la loi ?
Le texte, porté par le Premier ministre libéral Robert Golob, autorisait les personnes :
– atteintes d’une maladie incurable,
– en situation de souffrance jugée insupportable,
– et considérées comme mentalement aptes,
à demander une assistance à mourir sous conditions strictes :
– double validation médicale,
– temps de consultation obligatoire,
– administration du produit mortel par le patient lui-même.
Les personnes souffrant uniquement de troubles psychiatriques étaient exclues du dispositif.
Robert Golob avait appelé les électeurs à soutenir la loi, la présentant comme une avancée sur les droits fondamentaux : « Ce n’est pas une question politique mais une question de dignité, de droits humains et de choix individuel. »
Pour ses partisans, la législation offrait une possibilité de mourir sans douleur, en évitant les longues agonies ou les départs clandestins vers la Suisse.
Une mobilisation des milieux conservateurs et médicaux
Les opposants ont mené une campagne particulièrement active.
Leurs arguments :
– la loi violerait la Constitution slovène,
– elle ouvrirait la porte à des abus,
– elle entamerait la confiance dans les soins palliatifs, jugés insuffisamment développés,
– et elle transformerait l’État en autorité habilitée à autoriser la mort plutôt qu’à protéger la vie.
Plusieurs associations de médecins ont également estimé que la Slovénie devrait d’abord améliorer ses unités de soins palliatifs, avant d’envisager une légalisation aussi radicale.
Près de 41 % des électeurs se sont déplacés. Un taux modéré, mais suffisant pour respecter la règle slovène selon laquelle le camp du « non » doit représenter au moins 20 % du corps électoral pour invalider la loi.
La présidente Natasa Pirc Musar a rappelé l’importance de cette consultation : « Il est juste que les citoyens disent aux politiques ce qu’ils estiment correct ou non. »
Une Slovénie en décalage avec la tendance européenne ?
Plusieurs pays européens ont déjà légalisé des formes d’assistance à mourir — notamment l’Autriche, la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, l’Espagne et le Luxembourg. D’autres, comme le Royaume-Uni, maintiennent des interdictions strictes, où l’euthanasie peut conduire à des poursuites pénales.
La Slovénie, elle, fait le choix inverse de ses voisins les plus libéraux. Pour ses partisans, ce vote freine une avancée sociétale. Pour ses opposants, il rappelle que la fin de vie ne peut être réduite à une procédure administrative.
Le Premier ministre Golob l’a reconnu après le vote : « Le défi demeure. »
Le débat sur l’assistance à mourir est loin d’être clos. Les partisans du texte estiment qu’une nouvelle version de la loi verra le jour tôt ou tard, peut-être plus encadrée. Les opposants, eux, savourent une victoire qui dépasse le cadre législatif : un rejet populaire clair, dans un pays où les questions bioéthiques restent profondément sensibles.
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