La longue pause touche à sa fin. Deux cent cinquante et un jours après le dernier départ lancé du printemps, la Coupe du monde de biathlon rouvre son livre d’hiver ce samedi 29 novembre, dans la froideur immobile d’Östersund. Comme chaque année, le cirque blanc revient là où tout recommence : un stade nordique balayé par le vent, un pas de tir exigeant, et cette atmosphère de rentrée qui électrise autant les coureurs que ceux qui commentent leur destin.
Pour les passionnés – et j’en fais partie depuis assez longtemps pour avoir vu naître, chuter et renaître plusieurs générations –, cette entrée en matière a un goût particulier. L’exercice 2025-2026 ne ressemblera pas aux autres. Parce que les JO de Milan-Cortina couperont la saison en deux. Parce que de nouveaux duels émergent. Et parce que la France, plus que jamais, se présente armée.
Avant les individuels et la course au dossard jaune, l’IBU a choisi une ouverture dense : quatre relais en deux jours, suivis d’une semaine complète d’épreuves individuelles et de poursuites. Östersund ne pardonne jamais les approximations : c’est un premier juge de paix.
Le programme de la semaine suédoise
Samedi 29 novembre
• 13h15 — Relais dames
• 16h55 — Relais hommes
Dimanche 30 novembre
• 14h00 — Relais mixte simple
• 16h40 — Relais mixte
Mardi 2 décembre
• 15h30 — Individuel dames
Mercredi 3 décembre
• 15h30 — Individuel hommes
Vendredi 5 décembre
• 16h00 — Sprint dames
Samedi 6 décembre
• 16h30 — Sprint hommes
Dimanche 7 décembre
• 13h15 — Poursuite dames
• 15h20 — Poursuite hommes
Chez les hommes : un duel Giacomel – Perrot qui pourrait marquer l’hiver
C’est peut-être la première fois depuis dix ans qu’on peut écrire cela : le biathlon masculin n’a plus de maître. Johannes Boe parti à la retraite, son frère Tarjei également rangé des carabines, la hiérarchie se recompose sous nos yeux.
Le tenant du gros globe, le Norvégien Sturla Holm Lægreid, reste évidemment l’homme à battre. Sa précision clinique et son biathlon propre, presque scolaire, seront encore redoutables sur les longues séquences de tirs. Mais à mes yeux – et à ceux de beaucoup dans le milieu –, la saison s’annonce moins linéaire.
J’y vois un duel majeur, celui qui pourrait porter tout l’hiver : Tommaso Giacomel contre Éric Perrot.
Le premier, italien, arrive lancé par une progression fulgurante et une solidité mentale de plus en plus impressionnante. Le second, français, sort d’une saison 2024-2025 où il a joué le podium du général jusqu’au bout. Perrot a grandi : en maturité, en régularité, en gestion de course. Son tir, autrefois talon d’Achille, se stabilise. Et surtout, il assume enfin son statut.
Autour, d’autres bleus rôdent : Quentin Fillon Maillet, qui veut retrouver une médaille olympique ; Émilien Jacquelin, imprévisible mais capable de fulgurances dans les formats courts ; les frères Claude, solides en relais.
Mais pour le gros globe, mon pronostic tient : Giacomel vs Perrot, toute la saison. Un duel de fond, technique, long, passionnant.
Chez les femmes : une saison ouverte, incertaine, et peut-être historique pour les Françaises
Chez les féminines, tout est plus brouillon… mais dans le bon sens du terme. Plusieurs championnes peuvent viser le général, et la France aura une carte maîtresse : Lou Jeanmonnot.
L’an dernier, elle a laissé filer le globe sur une chute dans les derniers mètres : un épisode qui aurait détruit certaines, mais qui semble l’avoir renforcée. Jeanmonnot apparaît plus affûtée, plus calme, presque plus froide. On ne gagne pas un gros globe qu’avec des jambes : il faut l’âme d’une championne.
En face, l’Allemande Franziska Preuß, revenue à son meilleur niveau, reste une rivale directe. Mais la France a une profondeur rare : Justine Braisaz-Bouchet, éternelle dynamite sur skis, Océane Michelon et Jeanne Richard, promesses devenues certitudes, Camille Bened, Amandine Mengin, Océane Michelon : des profils variés, tous capables de jouer le top 10.
La saison sera d’autant plus agitée que le retour de Julia Simon, débarrassée de sa suspension, rebattra les cartes internes. Les tensions qui ont traversé le groupe la saison passée ne sont pas entièrement dissipées. Et un biathlon sans cohésion, on le sait bien, finit souvent par le payer au moment où le vent se lève sur le tir couché.
Contrairement aux hommes, je ne vois pas de duel unique. Plutôt un duel entre Jeanmonnot – Preuß – Braisaz – Wierer – Hanna Öberg – Davidova sans oubier Vitozzi ou Grotian… Un champ de bataille ouvert. Et souvent, ce genre de saison est la plus belle à suivre.
Une saison coupée en deux par les JO
Impossible d’y échapper : 2026, c’est Milan-Cortina. Les étapes d’Östersund, Hochfilzen, Annecy, Oberhof, Ruhpolding et Nové Mesto serviront de baromètre avant l’envol vers l’Italie.
L’après-olympique, avec trois étapes seulement, risque d’être marqué par des absences, des choix stratégiques, voire des surprises dans le général.
Mais une chose est sûre : jamais depuis dix ans, la France n’est arrivée avec un tel potentiel, autant chez les hommes que chez les femmes.
Östersund est le premier signal. Ses vents, ses plateaux, son ambiance froide : un juge parfait pour savoir qui est prêt.
Le biathlon reprend ses droits, et c’est une très bonne nouvelle.
A suivre comme chaque saison sur l’Equipe et sur Eurosport.
[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.