On croyait avoir tout vu : les départs grandiloquents, les arrivées protocolaires, les cols inventés pour torturer les mollets et raviver la mémoire des géants. Et voilà que les organisateurs de la Vuelta 2026 ont décidé de franchir un nouveau palier dans la cruauté élégante, en dessinant un itinéraire qui commence au casino de Monaco — paillettes, marbre et illusion — et s’achève à Grenade, dans l’ombre majestueuse de l’Alhambra, où l’histoire murmure plus fort que les clameurs du public.
Entre ces deux décors, un voyage. Pas un voyage d’agrément, non ; un périple méditerranéen balafré de cols, de poussière et de chaleur. Les coureurs longeront la mer comme on longe un précipice, conscients que le moindre faux pas les ramènera au rang de simples mortels.
Plus de 58 000 mètres de dénivelé positif au programme d’une édition parmi les plus dures de l’histoire de La Vuelta, qui se divise en 2 contre-la-montre, 7 étapes de montagne, 4 de moyenne montagne et 8 accidentées ou plates.
Un départ princier, un combat sans escorte
Le rideau se lèvera sur un contre-la-montre dans les rues policées de Monaco. Un prologue court, presque insignifiant… si l’on oublie que chaque seconde y sera convoitée comme un lingot. Puis la France jouera les entremetteuses : Manosque pour les puncheurs, Font-Romeu pour les premiers souffles courts. Là, les Pyrénées serviront d’amuse-bouche avant l’orgie montagneuse : Andorre, 104 kilomètres, quatre cols, et l’Envalira qui ne pardonne jamais.
Là-haut, l’air se fait rare, et l’ambition se découvre des vertiges. Les favoris commenceront à se regarder en chiens de faïence ; les équipiers prieront pour que leur leader n’ait pas menti sur ses jambes.
Puis la Vuelta basculera vers le sud, comme un homme qui descend l’Espagne pour y trouver la lumière — et rencontrera surtout la fournaise. L’Alto de Aitana marquera la fin de la première semaine : presque 5 000 mètres de dénivelé en une journée, l’équivalent moral d’un examen de conscience grandeur nature.
Ensuite viendront les monstres : Calar Alto, la Pandera, Peñas Blancas. Et enfin, la bête inédite : le Collado del Alguacil, dont les pentes à 20 % ressemblent moins à une route qu’à un acte d’accusation. C’est là que s’échapperont les illusions des sprinteurs et les rêves tardifs des rouleurs. C’est là que la sueur dira la vérité que les communiqués n’osent jamais écrire.
Les grands noms ? Peut-être pas les plus attendus. Pogacar sera (peut être) à la chasse mondiale, Evenepoel au chrono. Vingegaard hésitera. Tant mieux. Une course n’a pas besoin de vedettes ; elle a besoin de héros. Et la Vuelta, par tradition, taille les héros dans le granit.
On parle de Roglic, des revenants du Tour, des hommes qui montent mieux qu’ils ne parlent. Nous verrons. L’Andalousie, cette année, décidera pour eux.
Dans un monde de watts, de données et de stratégies, la Vuelta 2026 semble vouloir revenir à l’essentiel : la souffrance comme ornement, la montagne comme juge, la chaleur comme bourreau.
On dira qu’elle est trop dure. On dira qu’elle est excessive. Elle répondra qu’elle est vivante.
Et lorsque le peloton serpentera jusqu’à l’Alhambra, après trois semaines à tutoyer la folie sous le soleil, peut-être que nous retrouverons ce frisson ancien, celui qui faisait dire aux poètes que le cyclisme n’est pas un sport : c’est une épopée.
YV
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine