Alors que l’Église d’Angleterre s’apprête à accueillir, en janvier 2026, la première femme archevêque de Canterbury, une polémique politico-juridique s’invite déjà au sommet. Une lettre signée par des députés et pairs conservateurs demande à Sarah Mullally d’abandonner le projet d’un fonds de 100 millions de livres destiné à financer, sur neuf ans, des actions de « réparation » après la mise au jour de liens historiques entre un ancien fonds ecclésial et l’esclavage transatlantique. Les élus contestent la base légale de cette dépense et jugent la priorité ailleurs, au moment où de nombreuses paroisses peinent à entretenir leurs bâtiments et à assurer leur mission quotidienne.
De son côté, l’institution répond que le dispositif est élaboré « en toute transparence » et « conformément au droit des charities », tout en assumant une démarche morale. Le bras de fer s’annonce d’autant plus sensible qu’il touche à la fois à l’argent, à l’histoire et à la ligne doctrinale d’une Église déjà fragilisée par des crises internes mais aussi par une crise existentielle profonde
Une lettre d’élus conservateurs adressée à la future archevêque
Selon plusieurs médias britanniques, un groupe de parlementaires conservateurs (députés et membres de la Chambre des Lords) a écrit à Dame Sarah Mullally pour lui demander de renoncer au plan de financement de 100 millions de livres. Parmi les signataires cités figurent notamment Katie Lam, Chris Philp et Claire Coutinho. Leur argument central est juridique : ils estiment que l’endowment historique administré par les Church Commissioners ne pourrait être utilisé qu’à des fins strictement encadrées, comme le soutien à la vie paroissiale, l’entretien des églises et le paiement de salaires du clergé.
Dans leur courrier, ces élus invitent l’institution à « renforcer les paroisses » plutôt qu’à lancer, selon eux, des projets « médiatiques » et « juridiquement douteux », au moment où de nombreuses communautés locales peinent à maintenir leurs églises ouvertes et en état.
D’où vient le plan des 100 millions : Queen Anne’s Bounty et un rapport de 2023
Le projet contesté découle d’un rapport rendu public en janvier 2023 sur les « liens historiques » entre l’Église d’Angleterre (via ses structures financières) et l’esclavage transatlantique. Le rapport s’intéressait notamment à Queen Anne’s Bounty, un fonds créé en 1704 pour soutenir le clergé anglican le plus pauvre, et à ses investissements ou apports liés, directement ou indirectement, à l’économie de l’esclavage (dont des placements, par exemple, via des structures commerciales de l’époque).
À la suite de cette publication, l’Église avait annoncé une enveloppe de 100 millions de livres, étalée sur neuf ans, pour financer un programme mêlant investissements, recherche et actions d’engagement dans des communautés jugées affectées par l’esclavage.
Les Church Commissioners, gestionnaires historiques d’un important patrimoine financier de l’Église, affirment que la mise en place du dispositif se fait « de manière transparente » et « en ligne avec le droit des charities » et leurs obligations fiduciaires. Ils présentent ce plan comme une réponse à une responsabilité morale, évoquant une mission de transformation des « structures injustes » et de recherche de « réconciliation ».
En clair : là où les élus conservateurs voient une dépense contestable et un précédent, l’institution affirme pouvoir la cadrer juridiquement et la défendre théologiquement.
Sarah Mullally, actuelle évêque de Londres, doit prendre ses fonctions le mois prochain (janvier 2026), avant une installation prévue à Canterbury Cathedral en mars 2026. Elle arrive après une période de vacance au sommet, consécutive à la démission de Justin Welby sur fond de scandale de safeguarding (protection des personnes vulnérables), un dossier qui a durablement entamé l’autorité morale de l’institution.
Cette controverse financière et mémorielle intervient donc au pire moment : elle oblige la future primate à arbitrer, dès ses débuts, entre une ligne de « réparation » portée par l’appareil institutionnel et une contestation politique qui entend recentrer l’Église sur ses missions locales et ses contraintes matérielles. La folie woke s’est emparée de l’Eglise d’Angleterre, et pourrait bien totalement la détruire à très moyen terme.
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