Chaque année en France, près de 400 000 nouveaux cas de cancers sont diagnostiqués. Derrière ce chiffre glaçant, une réalité plus dure encore : les cancers métastatiques — ceux qui se propagent à d’autres organes — restent responsables de 90 % des décès liés à la maladie. C’est à ces formes les plus agressives et les plus résistantes que s’attaque aujourd’hui une équipe française dirigée par Raphaël Rodriguez, chercheur à l’Institut Curie. Leur arme ? Une molécule inédite exploitant une faiblesse inattendue des cellules cancéreuses : leur obsession pour le fer.
Le talon d’Achille des tumeurs : une soif de fer
Depuis plusieurs années, les travaux du Dr Rodriguez, spécialiste reconnu de la biologie chimique appliquée au cancer, mettent en lumière une addiction particulière des cellules tumorales : elles ont besoin de fer pour survivre, se multiplier et, surtout, résister aux traitements. Ce besoin extrême, propre aux cellules cancéreuses les plus agressives, est leur force… mais pourrait aussi devenir leur perte.
L’équipe parisienne a démontré que cette surconsommation de fer peut les rendre vulnérables à un processus de mort cellulaire spécifique appelé ferroptose : une sorte d’« auto-rouille » interne, qui entraîne la désintégration de leur membrane jusqu’à leur destruction. Reste à savoir comment enclencher ce mécanisme de manière ciblée.
Des molécules intelligentes pour déclencher la ferroptose
C’est là que réside l’avancée majeure récemment publiée dans Nature. Les chercheurs ont mis au point une classe de molécules surnommées « dégradeurs de phospholipides », dont la mission est claire : s’introduire dans les cellules cancéreuses, activer le fer stocké dans les lysosomes (de petits compartiments internes à la cellule), et déclencher la chaîne d’événements menant à la ferroptose.
La molécule la plus prometteuse, baptisée Fento-1, a été testée sur plusieurs modèles de cancers parmi les plus redoutés : cancer du pancréas, sarcomes, cancer du sein métastatique. Les résultats sont significatifs : réduction de la croissance tumorale, destruction ciblée des cellules résistantes… et peu d’effets secondaires sur les cellules saines.
Une avancée française à suivre de près
Si ces résultats ne concernent encore que des essais en laboratoire et sur animaux, ils ouvrent une voie thérapeutique nouvelle, en particulier pour les patients en impasse de traitement. L’objectif : intégrer un jour cette stratégie dans les protocoles anticancer, en complément des chimiothérapies et immunothérapies existantes.
Raphaël Rodriguez insiste toutefois : pour passer à l’étape suivante — les essais cliniques sur l’homme — il faudra convaincre les industriels d’investir. Il faut que des acteurs privés prennent le relais pour produire et tester ces molécules à grande échelle. Et c’est là qu’on peut toujours se poser la question de savoir si guérir les malades intéresse réellement les laboratoires pharmaceutiques.
En ciblant une vulnérabilité propre aux cellules les plus dangereuses, cette découverte française pourrait bien représenter un tournant dans la lutte contre les métastases. Un tournant discret, mais potentiellement décisif.
À l’heure où la médecine personnalisée devient le nouveau mot d’ordre, où l’on tente de s’éloigner des traitements « massue » pour adopter des thérapies ciblées, la stratégie du fer est une piste sérieuse. La route est encore longue, mais une chose est sûre : le combat contre le cancer ne cesse de se renouveler. Et parfois, c’est en s’attaquant aux obsessions mêmes de la tumeur qu’on trouve le chemin de sa perte.
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Une réponse à “Cancer métastatique : des chercheurs français explorent une nouvelle piste prometteuse grâce… au fer”
Vouloir éradiquer une maladie chronique sans supprimer les causes qui l’ont produite est une illusion qui ne semble pas prête de disparaître ! Faut dire que la maladie, contrairement à la santé, est une source inépuisable de rentrées financières pour toute l’industrie médicale ! Ceci expliquant cela.