Ah ! Ces grands soirs de la démocratie subventionnée où vingt associations, selon ceux qui savent compter sur leurs doigts, vingt-deux selon les manifestants, réussissent l’exploit de rassembler tout juste cinquante personnes sur une place du Pas-de-Calais pour protester contre Caroline Parmentier ! Un exploit d’autant plus remarquable que chacune de ces officines bénéficie d’un soutien étatique, régional, municipal ou bruxellois. Il y avait là le nec plus ultra du monde associatif sous perfusion, flanqué de drapeaux inclusifs, de slogans millésimés 1985 et de pancartes « IVG = liberté », bien évidemment brandies par les derniers survivants du mitterrandisme associatif. Un bel alignement de planètes pour un flop d’anthologie.
C’est cette même nébuleuse d’associations que le journal Libération tente de réveiller de sa torpeur militante pour mener la charge contre l’extrême droite. L’article intitulé « La société civile monte au front » ne trompe personne : il s’agit moins de société civile que d’un bataillon de structures grassement subventionnées, soudainement prises d’un frisson politique à l’idée que la pompe à phynances chère à Alfred Jarry leur soit coupée nette. C’est toute la clientèle de l’État bienveillant, cette galaxie d’associations vivant de conventions pluriannuelles d’objectifs et de crédits d’intervention, qui sent le sol trembler sous ses pieds.
La ficelle est grosse, mais la panique est réelle. Les rédacteurs de Libération dégainent leurs figures obligées, la Cimade, France Terre d’Asile, la Ligue des droits de l’homme, et leur adjoignent quelques jeunes pousses, plus discrètes d’ordinaire, comme Animafac ou la Fédération des centres sociaux. Tous se découvrent soudainement une vocation de résistants culturels. Tous disent avoir compris, il était temps, que « les valeurs associatives sont incompatibles avec l’extrême droite ». En vérité, ce ne sont pas les idées du RN qui les effraient tant que les effets budgétaires qu’un futur gouvernement de droite inspiré du président Milei pourrait entraîner.
Et pendant ce temps, à Béthune, Mediapart décrivait avec le ton grave qui lui sied une manifestation chétive mais moralement sublime contre Caroline Parmentier. La même coalition d’associations, ou leurs avatars locaux, défilait vaillamment pour dénoncer l’élection d’une députée honnie, quoique parfaitement élue. On y ressassait Léon Degrelle, Vichy, la haine, le vivre-ensemble, la République. Les habitués des cortèges, les éducateurs de rue et les porteurs de banderoles étaient là. Les électeurs, eux, brillaient par leur absence.
L’article de Mediapart est un chef-d’œuvre d’auto-aveuglement. On y lit, le plus sérieusement du monde, qu’une commerçante ne connaît pas le nom de sa députée, qu’un passant s’étonne de ses propos mais en reconnaît la pertinence, et qu’une militante voit dans ces cinquante silhouettes un « espoir d’un sursaut ». La députée, moquée pour avoir osé ironiser sur « deux manifestants par association », en sort renforcée. L’on sent dans le papier un mélange d’exaspération et de consternation : comment se peut-il que le peuple ne suive pas ? Que cette ville ouvrière ait tourné le dos à ses anciens maîtres ?
Dans cette fébrilité estivale, il y a quelque chose de tragiquement comique. Le théâtre associatif cherche ses spectateurs. Les subventionnés s’inquiètent de l’arrivée possible au pouvoir de ceux qui remettent en cause jusqu’à la légitimité de leurs existences. Ils se rêvent en sentinelles de la démocratie alors qu’ils ne sont plus, pour la plupart, que des salariés de la morale publique. Le peuple ne veut plus les entendre ; il les finance encore. Voilà leur dilemme.
Et comme ce roi du vieux Nord, Canut le Grand — monarque danois autant qu’anglo-saxon, aux prétentions vastes et à la sagesse discrète qui, lassé de l’encens de ses courtisans, s’assit sur son trône face à la mer montante et, levant le bras, commanda aux flots de reculer… pour mieux prouver à ses flatteurs l’inanité du pouvoir humain face aux lois de la nature, nos pédagogues de la vertu républicaine, nos stratèges de la sensibilisation subventionnée, nos faiseurs de tracts et d’ateliers dans les collèges, font à leur tour face à une marée qu’ils ne peuvent plus contenir. Ils brandissent leurs slogans comme autant de talismans, croient pouvoir fixer la ligne de partage entre le bien et le mal depuis les bureaux d’une fédération ou d’un comité de pilotage, alors que le pays profond, celui des landes, des bourgs, des friches industrielles, s’ébroue et se réveille.
Ce que Libération nous montre, c’est la peur panique des intendants du monde associatif, ces préfets de l’ombre qui craignent pour leur traitement, non pour la République. Leur grande croisade contre Caroline Parmentier n’est qu’un ballon d’essai : un banc d’essai idéologique, mais surtout un signal d’alarme envoyé à Bercy, à l’Élysée, à Bruxelles. Car si la droite revient, une droite véritable, enracinée, identitaire, assumée, elle ne coupera pas seulement les rubans d’inauguration : elle coupera d’abord les vivres. Et cela, dans les palais feutrés de la philanthropie d’État, on le redoute plus que tout.
Les cinquante âmes rassemblées à Béthune sont donc le premier acte d’un théâtre qui peine à recruter ses figurants. La troupe s’agite, les tambours résonnent, les slogans claquent, mais les travées sont vides. Le peuple ne vient pas. Ou s’il vient, ce n’est pas pour huer Caroline Parmentier, mais pour la saluer. Ce peuple-là, que Spengler aurait appelé le porteur muet de l’Histoire, se fiche bien des indignations apprises et des vertus de brochure. Il a cessé d’écouter.
La vérité est là, nue et obstinée : ni les ateliers de la Ligue de l’enseignement, ni les banquets citoyens de la CGT, ni les festivals joyeusement antiracistes ne parviendront à contenir la grande lame de fond qui monte du pays réel. La nation silencieuse, tant méprisée, n’a pas dit son dernier mot. Et toutes les subventions du monde, fût-ce par tombereaux, n’y changeront rien.
— Balbino Katz chroniqueur des vents et des marées —
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5 réponses à “Caroline Parmentier. La marée des subventionnés ne fera pas barrage au peuple”
est ce que le fmi tiendra compte de ces subventions ? c’est peut etre la question que devraient se poser nos braves fonctionnaires de ces associations 😆
Toujours un aussi bon texte, Balbino. Bravo, c’est bien !
Et quand à la photo, elle est explicite.
Et précisément sous la photo, il me vient l’idée d’un titre :
« Ils n’ont par l’air cons, les malheureux !… »
Voyez l’apprente non représentativité. Pas plus de 50 personnes derière toutes ces banderoles!
Il y a des jours ou je me demande si la mise sous tutelle de la France par le FMI suite a sa monstrueuse dette ne serait pas du pain béni pour mettre fin a cette gabegie des subventions a gogos ; car a ne pas en douter c’est le premier poste de dépense qui disparaitrait entrainant de ce faite la disparition de toutes ces associations , journaux parasites.
Certes on devra ce serrer la ceinture mais que d’économies en perspective.
des milliards d’économies ????? c’est pourtant facile !!!!!!