Connu pour ses cavaliers fulgurants, ses conquêtes brutales et la figure redoutée de Gengis Khan, l’empire mongol est souvent réduit à un empire barbare. Le documentaire L’Empire mongol, une autre histoire, diffusé sur ARTE, vient bousculer cette vision simpliste, en redonnant toute sa profondeur à l’une des plus vastes civilisations de l’histoire.
Une puissance militaire… et un projet politique
Avec des images spectaculaires et des reconstitutions immersives, ce film réalisé par Elliot Stuart propose une traversée érudite de l’histoire mongole. On y découvre comment Gengis Khan, fils de chef déchu et longtemps marginalisé, parvient à unifier les tribus rivales de la steppe au XIIe siècle, forgeant un empire qui, en un siècle, s’étendra de la mer de Chine aux frontières de l’Europe centrale.
Mais l’intérêt du documentaire est de dépasser le seul récit guerrier. Il montre un projet politique ambitieux et novateur : le Yassa, code juridique rigoureux et égalitaire interdisant mensonge, vol et viol, une société où les femmes – y compris l’épouse de Gengis Khan – jouent un rôle public important, et une armée organisée, disciplinée, intégrant des guerriers issus de toutes les strates sociales.
Une civilisation moderne
Bien avant l’Europe, les Mongols favorisent la circulation des idées, des hommes et des biens. Sous le règne de Kubilaï Khan, petit-fils de Gengis, la Chine devient le cœur d’un empire syncrétique où l’architecture, les sciences, l’astronomie et la diplomatie atteignent un haut degré de raffinement. Le documentaire évoque aussi la capitale perdue de Xanadu, recréée en images de synthèse, et qui impressionna Marco Polo par sa grandeur et son ordre.
Les Mongols instituent un système postal efficace, font circuler une monnaie de papier convertible, tolèrent les religions, et favorisent l’instruction grâce à l’introduction d’un système d’écriture.
En s’appuyant sur les recherches historiques les plus récentes, ce documentaire remet en cause l’image classique d’un empire purement destructeur. Il rappelle combien notre connaissance du monde mongol a longtemps été biaisée par des sources ennemies : chroniqueurs arabes, russes ou chinois ayant parfois exagéré les massacres pour souligner leur propre martyrologie.
Mais loin de l’hagiographie, le film n’élude pas la réalité des campagnes militaires sanglantes ou des villes rasées. Il offre un regard nuancé, sans doute plus proche de la vérité historique que de la légende noire.
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