Le Premier ministre hongrois a sévèrement critiqué le projet de budget de l’Union européenne pour la période 2028-2034, dénonçant une fuite en avant financière au profit de l’Ukraine et au détriment des citoyens européens.
Dans un entretien accordé vendredi 18 juillet à la radio Kossuth, Viktor Orbán a lancé une charge frontale contre le nouveau budget pluriannuel proposé par la Commission européenne. Pour le dirigeant hongrois, le document est non seulement « stratégiquement vide », mais également « moralement et économiquement inacceptable ». Il prévient : « Ce budget ne survivra pas à l’année prochaine ».
30 % du budget hors sol : l’Ukraine et les dettes avant les peuples
Selon les analyses du gouvernement hongrois, entre 20 et 25 % du budget serait consacré à l’Ukraine, un pays qui n’est toujours pas membre de l’UE, sans qu’aucune décision formelle d’adhésion n’ait été prise. Viktor Orbán dénonce ainsi un détournement massif des ressources des contribuables européens, et notamment hongrois, vers un État tiers plongé dans une guerre et une instabilité chronique.
À cette dérive budgétaire s’ajouteraient 10 à 12 % de dépenses affectées au remboursement des dettes passées, portant à plus de 30 % la part du budget déconnectée des intérêts directs des États membres. Pour le Premier ministre hongrois, il s’agit ni plus ni moins d’un chantage permanent à la solidarité et d’un système de punition des pays vertueux au profit de ceux qui vivent dans le chaos.
Une attaque directe contre les agriculteurs européens
Orbán souligne également la baisse inquiétante des fonds dédiés à l’agriculture, pilier historique de la politique européenne. Il fustige un exécutif bruxellois incapable de présenter une vision économique cohérente, tout en sacrifiant les secteurs productifs et enracinés sur l’autel de « projets incertains » dont les citoyens ne voient jamais la couleur.
Pas d’adhésion pour l’Ukraine sans garanties
Hostile à l’intégration précipitée de l’Ukraine dans l’UE, Orbán a déclaré : « Nous devons coopérer avec l’Ukraine, mais sans lui accorder les mêmes droits que nous. » Il met en garde : une fois l’adhésion prononcée, il sera impossible de revenir en arrière, et l’Europe devra alors absorber les déficits, les tensions et les déséquilibreséconomiques d’un pays ravagé.
Il a également dénoncé les atteintes aux droits de l’homme en Ukraine, citant la mort récente d’un citoyen hongrois, József Sebestyén, enrôlé de force par les autorités ukrainiennes. Une tragédie qualifiée de « chasse à l’homme », passée sous silence par Bruxelles, qui continue pourtant de vanter les progrès démocratiques de Kiev.
En contraste avec l’agenda européen, Viktor Orbán a mis en avant le programme national Otthon Start, un plan ambitieux de soutien à la propriété pour les jeunes Hongrois, via des prêts à taux fixe garantis par l’État. Un dispositif 100 % en forint, donc sans risque de change, destiné à stabiliser l’économie et relancer la natalité. Il estime que ce programme pourrait booster le PIB d’un point, preuve qu’un autre modèle économique, enraciné et pragmatique, est possible.
En conclusion, Viktor Orbán a qualifié le projet budgétaire européen de « budget du désespoir », reflet d’une Union en stagnation, sans ambition, qui punit les pays responsables et récompense les incertitudes géopolitiques. Mais le chef du gouvernement hongrois se dit confiant : il compte sur l’appui d’autres pays lucides pour refuser cette fuite en avant et imposer une révision structurelle du cadre financier.
« Ce n’est pas de la solidarité, c’est de la redistribution punitive », a-t-il conclu.
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Une réponse à “Viktor Orbán dénonce un budget européen « voué à l’échec » et une Union « sans ambition »”
Il y a quelque chose de mesquin dans l’attitude d’Orban envers l’Ukraine, et pas seulement parce qu’il est très moyen de mettre une affaire budgétaire (et gazière sans aucun doute, gros sous toujours…) en balance avec l’identité et l’héroïsme d’un pays européen.
La Hongrie et l’Ukraine se sont souvent opposées à travers l’histoire ; il reste chez lui quelque chose de cet antagonisme historique. On dirait aussi qu’il y a une sorte de jalousie. Au début de l’agression russe, de nombreux Hongrois ont noté une parenté évidente avec l’écrasement de leur pays par les chars soviétiques en 1956, mais certains déplorent qu’on s’intéresse plus à l’Ukraine aujourd’hui qu’à ce qu’a subi la Hongrie hier.
En tout cas, ce qui surprend, c’est qu’Orban reste membre d’une Union européenne à laquelle il adresse tant de reproches. Et que l’UE ne lui indique pas un peu plus énergiquement la porte du Hongrexit !