Ce mardi, entre les caves tranquilles de Saumur et les amphithéâtres de Poitiers, le peloton du Tour de France Femmes avec Zwift a livré une étape de légèreté apparente et de brutalité chronométrique. Pas un virage mal pris, pas une côte pour jouer les trouble-fêtes. Juste du plat, du vent dans le dos, et cette curieuse tension que seuls les jours de sprint savent faire monter.
Et comme souvent lorsque la route file sans bosses, c’est Lorena Wiebes qui s’est imposée. La Néerlandaise a jailli à deux cents mètres de la ligne, telle une flèche décochée avec une régularité métronomique, pour s’offrir sa deuxième victoire d’affilée sur ce Tour 2025, la cinquième de sa carrière sur l’épreuve, et asseoir encore un peu plus son autorité sur le maillot vert. C’est désormais une habitude : quand il y a sprint, il y a Wiebes — et quand il y a Wiebes, il y a souvent Vos dans sa roue.
Vos toujours en jaune, Gillespie dans l’histoire
Car derrière la fusée SD Worx, on a retrouvé Marianne Vos, en Jaune comme un vieux soleil tenace. Deuxième une nouvelle fois — la quatrième dans ce même ordre sur le Tour après Paris 2022, Montignac-Lascaux 2023, et Angers la veille —, elle conforte son avance au classement général. Douze secondes devant Wiebes, encore douze devant Kim Le Court-Pienaar, la Mauricienne qui confirme sa montée en puissance dans le gotha mondial.
Mais cette étape n’a pas livré qu’un duel batave. Elle a offert à Lara Gillespie une ligne dans les annales : l’Irlandaise, en prenant la troisième place, devient la première coureuse de son pays à monter sur un podium d’étape du Tour de France Femmes. Une performance applaudie autant pour sa rareté que pour sa fraîcheur : le vert irlandais a remplacé un instant les oranges néerlandais sur les clichés d’arrivée.
Une étape avalée à toute allure
Sans échappée du jour, sans grand frisson de baroudeuse solitaire, les 130,7 kilomètres ont été avalés à 45,022 km/h de moyenne, la deuxième étape la plus rapide de l’histoire de la course, juste derrière Rotterdam 2024. Les jambes tournaient rond, les casques s’alignaient au cordeau, et le vent favorable a transformé la plaine en autoroute.
Les spectateurs de bord de route n’en ont pas moins profité : il y avait, sur les bas-côtés, des nappes à carreaux, des enfants qui criaient pour rien, des cyclistes amateurs qui imaginaient qu’un jour peut-être, eux aussi… Mais dans le peloton, personne n’a tenté la fugue. Pas de cavalière de l’impossible. Pas de Clémence Latimier aujourd’hui pour rêver à l’épopée. Le peloton avait décrété l’arrivée groupée, et il a tenu parole.
Vollering rassure, la FDJ reprend espoir
La veille, on l’avait vue au sol, froissée, traînée sur le dos dans une chute collective à 3,7 kilomètres de l’arrivée à Angers. Ce mardi, Demi Vollering (FDJ-Suez) a montré qu’elle avait plus d’acier que d’aluminium dans les veines. Elle a pris part aux tentatives de bordure, elle a roulé fort, elle a serré les dents. Et elle est arrivée dans le premier peloton, rassurant son équipe, ses supporters, et peut-être elle-même.
Elle reste sixième au général, à 25 secondes de Vos. Le Tour est encore long, les étapes piégées nombreuses. Et déjà, les puncheuses affûtent les mollets pour l’arrivée de demain à Guéret, où les faux-plats, les petites rampes sournoises et les finisseuses aux dents longues voudront en découdre. Un terrain parfait pour Pauline Ferrand-Prévot, ou pour Le Court-Pienaar, qui grimpe aussi vite qu’elle sourit.
Et ce mercredi ? Une ligne à grimper, des places à gagner
Mercredi 30 juillet, cap sur Guéret. Une cinquième étape de 126 kilomètres, vallonnée, escarpée, propice aux puncheuses et aux grimpeuses explosives. La première vraie bataille au sommet ? Peut-être.
En tout cas, les sprinteuses y seront moins à leur aise. Les Vos, Ferrand-Prévot, Ludwig ou Lippert pourraient bien tirer leur épingle du jeu. Le classement général va bouger. Le Tour, jusqu’ici réservé aux jambes les plus puissantes, va enfin s’ouvrir aux tempéraments les plus joueurs.
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