Jimmy « Shades » Smyth, ancien membre de l’UVF (Ulster Volunteer Force) et figure tristement célèbre du conflit nord-irlandais, a surpris plus d’un observateur en épousant, ce week-end, une femme catholique lors d’une cérémonie à l’hôtel Dunsilly d’Antrim.
Âgé de 59 ans, Smyth est apparu tout sourire aux côtés de sa nouvelle épouse – dont l’identité n’a pas été rendue publique – devant amis et proches. Le couple a ensuite posé pour des photos dans les jardins du château d’Antrim, entouré de demoiselles et garçons d’honneur, profitant d’un temps radieux.
Un lourd passé paramilitaire
Cette scène contraste radicalement avec le parcours violent de Smyth. Ancien tueur à gages de l’UVF, il a été impliqué dans plusieurs assassinats à caractère sectaire durant les Troubles, période de violences politiques et communautaires qui a marqué l’Irlande du Nord jusqu’à la fin des années 1990.
En 1994, il a été condamné à perpétuité pour le meurtre de Cormac McDermott, un catholique tué à Ballymena, avant d’être libéré en 2000 dans le cadre de l’Accord du Vendredi Saint. L’an dernier, il a toutefois été acquitté du double meurtre d’Eamon Fox et Gary Convie, deux ouvriers catholiques tués à Belfast en mai 1994, ainsi que des accusations de tentative de meurtre, possession d’arme à feu et appartenance à l’UVF.
Malgré ces acquittements, le juge O’Hara avait alors déclaré que Smyth était « heureux de tuer des catholiques uniquement parce qu’ils étaient catholiques ».
L’UVF, un acteur clé des Troubles
Fondée en 1966, l’Ulster Volunteer Force est une organisation paramilitaire loyaliste, opposée au nationalisme irlandais et attachée au maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni. Se présentant comme une force de défense des protestants, elle a mené durant les Troubles une campagne violente, visant principalement des civils catholiques.
L’UVF est responsable de centaines de morts, souvent des assassinats ciblés ou des attentats à la bombe. Bien que certains de ses membres aient été jugés et condamnés, beaucoup de crimes attribués à l’organisation restent non résolus, en partie à cause de la peur des représailles et du rôle trouble joué par des informateurs infiltrés au sein du groupe.
Après l’Accord du Vendredi Saint (1998), l’UVF a officiellement annoncé la fin de sa lutte armée, mais elle reste surveillée pour son implication dans des activités criminelles, notamment le trafic de drogues et le racket.
Des accusations jamais jugées
Smyth a également été cité par plusieurs anciens membres de l’UVF comme étant impliqué dans d’autres assassinats : celui de Gerard Brady, chauffeur de taxi catholique abattu à Antrim en 1994, et celui d’Adrian Carroll, tué à Armagh en 1983 dans un meurtre qui déclencha l’affaire controversée des « UDR Four ».
Malgré les témoignages d’anciens paramilitaires devenus informateurs, dont Mark Haddock et Terry Fairfield, Smyth n’a jamais été poursuivi pour ces faits. Dans le cas du meurtre de Brady, la police avait pourtant recueilli des aveux indirects et des éléments circonstanciels, mais aucune procédure judiciaire n’a été engagée.
Le contraste est saisissant : celui qui, il y a trois décennies, était traqué par la police pour meurtres et possession d’armes, célèbre aujourd’hui son mariage dans la bonne société d’Antrim. Si son union avec une femme catholique peut sembler ironique au vu de son passé, elle illustre aussi les contradictions, et parfois les zones grises, de l’Irlande du Nord post-Troubles.
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