L’Angleterre est désormais confrontée à ce que l’Agence pour l’environnement (EA) classe comme un « incident d’importance nationale ». Réuni le 12 août, le National Drought Group (NDG), qui rassemble le gouvernement, les régulateurs, les compagnies des eaux, le syndicat agricole NFU, le Met Office et d’autres acteurs britanniques, a placé cinq régions en sécheresse et six autres en sécheresse prolongée.
Selon l’EA, les réserves des réservoirs n’atteignaient que 67,7 % de leur capacité début août, contre une moyenne saisonnière de 80,5 %, avec une baisse de 2 points en une semaine. Les débits de 49 % des cours d’eau sont inférieurs à la normale, et la Wye et l’Ely Ouse affichent leurs plus bas niveaux jamais enregistrés pour un mois de juillet.
Restrictions et inquiétudes agricoles
Certaines compagnies ont déjà imposé des interdictions d’arrosage (Yorkshire Water, Thames Water, South East Water, Southern Water). Dans le Yorkshire, ces mesures ont réduit la demande domestique de 10 %, soit environ 80 millions de litres par jour, l’équivalent de 32 piscines olympiques.
Helen Wakeham, directrice à l’EA, a rappelé que « tout le monde doit jouer son rôle » et que les compagnies « ont l’obligation légale de réparer les fuites ». Le ministre britannique de l’Eau Emma Hardy a prévenu que la pénurie pourrait durer « pour la prochaine décennie », soulignant un plan d’investissement privé de 104 milliards de livres sur 25 ans, incluant la construction de neuf nouveaux réservoirs et de grands projets de canalisations.
Pour les agriculteurs, la situation est critique. Rachel Hallos, vice-présidente du NFU, alerte : « L’herbe ne pousse plus, les rendements chutent, et nous sommes inquiets pour les mois à venir ».
Un printemps historiquement sec
Ce durcissement survient après un printemps 2025 le plus sec depuis plus d’un siècle en Angleterre (depuis 1893), selon le Met Office. Les six mois jusqu’à juillet sont les plus secs depuis 1976, et juillet figure parmi les cinq mois de juillet les plus chauds jamais enregistrés au Royaume-Uni.
Le Dr Will Lang, chef des services civils au Met Office, anticipe des températures proches de 35 °C dans le sud de l’Angleterre au cours de la semaine, avec des conditions encore plus sèches lors de ce qui représenterait la quatrième vague de chaleur pour l’été 2025.
Les conséquences écologiques sont déjà visibles : chute de l’oxygène dissous dans les rivières, mortalité piscicole, prolifération d’algues, assèchement de zones humides, multiplication des feux de landes et de marais.
Face à cette situation, l’EA appelle à un usage « raisonné » de l’eau. Mais au-delà des gestes individuels, c’est bien l’insuffisance chronique des infrastructures et le retard d’investissement qui mettent aujourd’hui l’Angleterre à la merci des aléas climatiques.
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