Le programme d’« aide médicale à mourir » (MAID), euphémisme officiel pour désigner l’euthanasie au Canada, est devenu si populaire que ses praticiens peinent désormais à répondre à la demande croissante.
Un pays champion mondial de l’euthanasie
Selon les données officielles pour 2023, l’euthanasie a représenté 4,7 % des décès au Canada, plaçant le pays au deuxième rang mondial derrière les Pays-Bas. La province de Québec détient le taux le plus élevé de la planète, avec plus de 7 % des décès provoqués par MAID.
Depuis la légalisation en 2016, les décès liés à l’euthanasie ont progressé chaque année à deux chiffres, avec une accélération nette depuis 2021, date à laquelle la procédure a été étendue aux personnes non en fin de vie.
En 2023, la croissance a ralenti à +16 %, contre une moyenne annuelle de 31 % auparavant. Les autorités n’ont pas d’explication précise pour cette baisse de rythme.
De nombreux opposants accusent certains médecins de promouvoir activement l’euthanasie, y compris pour des personnes dont le seul problème médical ou psychologique était d’envisager le suicide. Contrairement à d’autres pays où l’on fournit au patient les moyens de se donner la mort, au Canada ce sont les médecins qui administrent eux-mêmes la dose létale.
Un reportage de The Atlantic a suivi une conférence de praticiens de MAID à Vancouver – avec buffets, DJ et sacs cadeaux – où plusieurs médecins ont confié avoir euthanasié des centaines de patients. L’extension prévue en 2027 de l’euthanasie aux personnes souffrant uniquement de troubles mentaux devrait encore augmenter la demande. Des discussions existent déjà sur l’ouverture de la procédure aux mineurs.
Vers une banalisation inquiétante
Les témoignages recueillis illustrent la banalisation du geste : un ancien médecin obstétricien reconverti dans l’euthanasie a expliqué considérer la mise à mort d’un patient comme un « accouchement », l’un donnant la vie, l’autre envoyant « vers l’au-delà ». D’autres parlent de leur travail comme d’un moment « triste mais heureux ».
La question morale du « glissement » ne fait plus vraiment débat au Canada. L’argument central est désormais l’équité d’accès : pourquoi réserver MAID à certains groupes et pas à tous ? Cette logique pousse certains à promouvoir l’option de mort assistée, notamment dans un système de santé saturé, où un patient euthanasié ne nécessite plus de suivi médical.
Des entreprises privées se positionnent même sur ce marché, proposant une « expérience MAID » personnalisée : aménagement de la dernière journée, cérémonie post-mortem, accompagnement des enfants (jusqu’à peindre un cercueil dans une cour d’école ou organiser une « pyjama party » en maison funéraire).
Une autre tendance est l’essor des « MAID Houses », sortes d’hospices spécialement conçus pour mourir « dans le confort », avec fauteuils inclinables et ambiance feutrée, loin de la froideur hospitalière.
Initialement pensée comme un équilibre éthique complexe, la loi canadienne sur l’euthanasie semble désormais dominée par un seul principe : l’autonomie du patient. Dans les faits, il suffit aujourd’hui qu’un malade refuse les traitements pour que sa maladie soit considérée comme « incurable ».
Le soutien de l’opinion publique à MAID reste majoritaire au Canada, mais une inquiétude croissante émerge : certains y voient une manière de réduire les coûts des soins prolongés, au détriment des plus vulnérables. D’autres y voient tout simplement une attaque contre la vie, et la volonté d’un suicide collectif.
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