Le Livret A, placement symbole de sécurité et d’épargne populaire en France, est aujourd’hui perçu par de nombreux épargnants comme un piège silencieux. Selon une étude réalisée par Goliaths.io auprès de 2 001 Français, un tiers des sondés (33 %) estiment que leur Livret A « les appauvrit en silence », du fait d’une inflation persistante et d’un taux d’intérêt devenu insuffisant pour compenser la hausse des prix.
Dans le détail, 64 % jugent la baisse des rendements « décourageante », tandis que seuls 16 % conservent un attachement sentimental à ce produit. Fait marquant, près de 17 % déclarent ne pas en posséder du tout. L’image protectrice du Livret A se fissure donc progressivement, sous la pression d’une conjoncture économique difficile.
Vers un basculement culturel : les Français et la Bourse
Si les Français restent traditionnellement prudents face au risque financier, l’étude révèle une évolution notable. Plus de 8 sondés sur 10 (81 %) se disent prêts à franchir le pas vers l’investissement boursier.
Parmi eux, 36 % envisageraient un transfert de leur épargne sans hésitation, et 43 % sous condition d’un accompagnement pédagogique et rassurant. Seuls 19 % affirment vouloir rester fidèles à la sécurité du Livret A, quoi qu’il arrive.
Un signal fort qui témoigne d’un changement générationnel : la recherche de rendement supplante peu à peu la peur de l’inconnu. Mais encore faut-il que les outils proposés soient simples et transparents.
Cet appétit croissant pour la Bourse se heurte à des freins persistants. Près de 71 % des Français pointent leur manque de connaissances comme obstacle principal. La crainte de perdre son argent (59 %), le manque de temps (53 %) et une défiance vis-à-vis des plateformes d’investissement (49 %) viennent compléter ce tableau de méfiance.
Seule une petite minorité (3 %) affirme n’avoir aucun frein. Preuve que la pédagogie financière reste un enjeu crucial pour transformer l’intention en passage à l’acte.
Le goût du rendement, même au prix du risque
Face à l’inflation, de plus en plus d’épargnants se disent prêts à prendre des risques calculés. Selon le sondage, 37 % accepteraient un risque modéré pour viser entre 6 et 8 % de rendement annuel, tandis que 23 % se disent prêts à dépasser les 12 %. Même les rendements plus ambitieux (9 à 12 %) séduisent 22 % des sondés.
En revanche, 19 % des Français restent inébranlables dans leur attachement au Livret A, préférant la sécurité à toute promesse de gain.
Si l’intérêt pour la Bourse grandit, il reste souvent enfoui dans le silence des foyers. L’étude révèle que 81 % des Français préfèrent garder le secret sur leurs finances. À peine 2 % avouent avoir investi ou envisagé d’investir en bourse en toute discrétion.
Ce tabou culturel freine la démocratisation de l’investissement, malgré l’émergence de nouvelles générations plus ouvertes aux alternatives numériques.
L’étude met en lumière un paradoxe : le Livret A conserve encore une valeur symbolique, mais son rôle de protection de l’épargne populaire s’effrite à mesure que l’inflation s’installe. Pour 31 % des Français, le constat est clair : ils se sentent appauvris, mais ne voient pas d’alternative simple et accessible.
Dans un pays marqué par la fiscalité lourde, la défiance envers les institutions financières et un climat social tendu, ce basculement vers des placements plus dynamiques pourrait être l’un des grands enjeux économiques des prochaines années.
Les chiffres envoient toutefois un message clair : les Français cherchent des solutions d’investissement plus rémunératrices, capables de protéger leur épargne de l’érosion monétaire. La balle est désormais dans le camp des acteurs financiers et des pouvoirs publics.
*Méthodologie : Enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2 001 personnes résidant en France, âgées de 18 ans et plus. Sondage effectué en ligne en juillet et août 2025 à partir du panel de répondants BuzzPress (27 500 personnes en France sondées électroniquement par email et sur les réseaux sociaux Facebook et LinkedIn). Réponses compilées et pondérées en fonction de quotas préétablis visant à assurer la représentativité de l’échantillon et afin d’obtenir une représentativité de la population visée. Toutes les pondérations s’appuient sur des données administratives et sur les données collectées par l’INSEE.
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