On aurait voulu un bras de fer, on eut une partie de fléchettes. La 18e étape de la Vuelta 2025 s’annonçait comme un contre-la-montre de vérité, long de 27 kilomètres, mais elle fut rabotée de moitié pour cause de craintes sécuritaires, les autorités espagnoles comme régionales se montrant incapables d’assurer la sécurité des coureurs et de faire respecter leur intégrité. Résultat : douze kilomètres dans les rues de Valladolid, une parenthèse trop courte pour bouleverser la hiérarchie, mais assez pour rappeler que la bicyclette, même bridée, reste une affaire d’artistes.
L’artiste du jour s’appelle Filippo Ganna. L’Italien, qu’on avait à peine vu jusque-là, s’est redressé de l’anonymat comme un monument baroque surgit au détour d’une ruelle espagnole. A plus de 60 km/h dans le final, il a laissé Jay Vine à une seconde et João Almeida à huit longueurs. Huit, c’est peu, mais sur 12 kilomètres seulement. Et c’est bien là que le bât blesse.
Car João Almeida, ce Portugais tenace qui ressemble à un horloger suisse du peloton, a chipé dix secondes au maillot rouge Jonas Vingegaard. Dix secondes en douze kilomètres : faites la règle de trois, et l’on comprend que sur un chrono digne de ce nom, l’écart aurait pu fondre comme neige ibérique au soleil. Au lieu de cela, la Vuelta garde son parfum frelaté : tronquée, rabotée, neutralisée. On protège, on réduit, et on fausse la course.
La Vuelta, année après année, confirme son rôle de troisième couteau des Grands Tours. Loin de l’ivresse italienne et du drame français, elle se débat avec ses itinéraires étriqués, ses étapes raccourcies et ses décisions politiques. On y croise encore de beaux vainqueurs – Ganna en est la preuve – mais le récit collectif s’étiole. Les sprinteurs n’y trouvent presque jamais leur bonheur, les grimpeurs s’ennuient, et les amateurs de suspense restent sur leur faim.
Almeida revient à 40 secondes de Vingegaard avant le juge de paix du Bola del Mundo. L’histoire est encore à écrire, mais le destin semble s’obstiner à garder le Danois en haut de l’affiche. On s’en contentera, faute de mieux.
Etape 19 : une bouffée d’air pour les sprinteurs
Avant les hostilités finales, le peloton se contentera vendredi d’une étape de transition entre Rueda et Guijuelo (161 km). Pas de col, pas de drame, seulement une route propice à une échappée tenace ou, plus probablement, à un règlement de comptes entre sprinteurs en fin de course.
Jasper Philipsen, déjà double vainqueur, guettera un triplé. Mads Pedersen, maillot vert fatigué, essaiera de sauver les apparences. Bryan Coquard, Viviani, Vernon et les autres s’accrocheront à l’idée qu’il reste encore une chance de lever les bras. Mais gare aux baroudeurs, qui savent qu’il s’agit sans doute de leur dernière cartouche.
Un jour de calme avant la tempête du Bola del Mundo : ainsi va cette Vuelta, oscillant entre parenthèses et rendez-vous manqués.
Photo : © Unipublic / Sprint Cycling Agency
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