En 1609, la province basque du Labourd est le théâtre de la plus meurtrière chasse aux sorcières en France. Près de quatre-vingts personnes sont brûlées vives après un procès itinérant de quatre mois mené par Pierre de Lancre, juge du Parlement de Bordeaux, et Jean d’Espagnet. Un documentaire de Marie Thiry revient sur cet épisode dramatique, en explorant les mécanismes qui ont conduit à cette vague de persécutions.
D’une querelle locale à une répression brutale
À l’origine, Henri IV envoie ses magistrats pour régler un simple conflit autour des revenus du nouveau port de Ciboure. Mais très vite, l’affaire prend une tournure inattendue : de village en village, les accusations de sorcellerie se multiplient, alimentées par la peur, les rivalités locales et l’autorité des juges.
Le tribunal itinérant met en place une mécanique implacable : dénonciations, aveux forcés sous la torture, mise en scène des procès.
L’action des juges s’inscrit dans un contexte où la croyance au diable et aux sabbats est renforcée par des textes influents, comme le Malleus Maleficarum de 1486. Ces ouvrages, largement diffusés grâce à l’imprimerie, servent de référence et légitiment les excès judiciaires.
Au Labourd, contrairement à d’autres régions, de nombreuses jeunes filles sont visées, accusées de participer aux sabbats et de pactiser avec le démon.
Une chasse aux sorcières qui suscite des résistances
Pierre de Lancre va jusqu’à instrumentaliser des enfants, contraints à témoigner contre leurs proches. Mais son zèle finit par inquiéter : le retour des marins pêcheurs de Terre-Neuve et l’intervention de l’évêque de Bayonne contribuent à freiner cette spirale d’accusations. L’épisode marque durablement la mémoire locale et illustre les dérives possibles d’une justice instrumentalisée par la peur.
La réalisatrice Marie Thiry s’appuie sur des entretiens avec historiens, archivistes et chercheurs, de Bayonne à Strasbourg, ainsi que sur des extraits de films (Les Sorcières d’Akelarre, 2020 ; La Sorcellerie à travers les âges, 1922).
Reconstitutions, séquences animées et gravures d’époque viennent illustrer cette enquête rigoureuse sur un des épisodes les plus sombres de la Renaissance française.
Au-delà du récit, ce documentaire met en lumière la logique implacable qui pouvait conduire, en quelques semaines, une population à basculer dans la peur et la dénonciation, jusqu’à provoquer la mort de dizaines de personnes. Quatre siècles plus tard, cet épisode rappelle combien la croyance, la peur et la justice expéditive pouvaient transformer une querelle locale en tragédie collective.
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