Royaume-Uni : l’identité numérique de Keir Starmer rallume la bataille des libertés publiques

Keir Starmer pensait sans doute lancer un outil moderne de gestion administrative. En annonçant, vendredi, la création d’une carte d’identité numérique destinée aux Britanniques comme aux résidents étrangers, le Premier ministre travailliste a surtout déclenché une tempête politique. D’ici 2029, ce titre, stocké sur un téléphone portable, devra permettre de prouver son droit au travail et d’accéder à certains services publics. Mais dans un pays qui n’a jamais connu de carte nationale d’identité, l’idée a immédiatement fait ressurgir de vieux démons.

Le gouvernement assure que l’objectif est clair : compliquer la vie des filières de travail clandestin et lutter contre l’immigration illégale. « Cela rendra le travail illégal plus difficile dans le pays », a affirmé Starmer. L’argument n’a convaincu ni l’opposition conservatrice ni le parti de Nigel Farage. Pour la droite britannique, cette identité numérique n’est rien d’autre qu’un outil de surveillance généralisée. Farage dénonce « un moyen de contrôle de la population » qui permettra de suivre les citoyens « dans leurs déplacements, leurs dépenses et leurs activités », une logique qui rappelle aux esprits la mise en place du pass sanitaire pendant la crise du Covid.

La cheffe des conservateurs, Kemi Badenoch, a promis de s’opposer fermement au projet. Dans un message publié sur X, elle a martelé que les Tories ne soutiendraient « aucune mesure qui priverait les citoyens honnêtes de leurs droits s’ils choisissent de ne pas adhérer à ce système ». L’ancien Premier ministre Boris Johnson est venu en renfort. Dans une tribune au Daily Mail, il a qualifié l’initiative de « projet farfelu du Labour » et assuré qu’elle serait « coûteuse, inutile et anti-britannique », au point de comparer l’iPhone des Britanniques à un futur « Gauleiter numérique » surveillant leurs moindres faits et gestes.

Les inquiétudes ne portent pas seulement sur les libertés. Les experts en cybersécurité alertent sur la fragilité d’une telle base de données centralisée, qui concentrerait toutes les informations personnelles au même endroit. « Imaginez que les prestations sociales soient gelées, les passeports inutilisables et les retraites paralysées », prévient un spécialiste interrogé par le Daily Mail. Le Royaume-Uni, disent-ils, pourrait devenir la cible rêvée d’une cyberattaque massive, capable de le mettre à genoux.

Cette polémique s’inscrit dans une histoire déjà longue. Le Royaume-Uni avait adopté en 2006 une loi instaurant une carte d’identité, sous Tony Blair, mais celle-ci fut abrogée dès 2011 par David Cameron. Le retour du sujet aujourd’hui n’est pas un hasard : l’institut Tony Blair, très actif dans les cercles politiques, a récemment recommandé l’instauration d’une identité numérique. Deux jours plus tard, Keir Starmer en faisait un engagement officiel. Les soupçons de collusion entre l’ancien et l’actuel chef du Labour alimentent la colère des opposants, qui dénoncent un projet « blairiste » recyclé.

Outre-Manche, cette querelle fait écho à l’agenda de l’Union européenne, qui impose à ses États membres de mettre en place d’ici 2026 un portefeuille d’identité numérique. À partir de 2027, les grandes plateformes devront même l’accepter comme outil de vérification. En France, Emmanuel Macron a d’ailleurs affiché son enthousiasme en juin dernier, voyant dans ces dispositifs un levier pour contrôler l’accès des mineurs aux réseaux sociaux. Mais les critiques redoutent une dérive : l’identité numérique pourrait devenir le sésame obligatoire pour travailler, voyager, ouvrir un compte bancaire ou utiliser des services en ligne. Une architecture idéale, disent-ils, pour une société de contrôle.

Le Royaume-Uni n’a jamais connu de carte d’identité nationale. Dans les pubs comme dans les stades, un permis de conduire ou un passeport suffisent. C’est précisément cette exception britannique que les conservateurs, Reform UK et une large partie de l’opinion veulent défendre. En un peu plus de 24 heures, une pétition lancée sur le site du Parlement pour dire « non » à l’identité numérique a déjà recueilli plus de deux millions de signatures. Un signe que la bataille ne fait que commencer.

Crédit photo : DR
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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3 réponses à “Royaume-Uni : l’identité numérique de Keir Starmer rallume la bataille des libertés publiques”

  1. Vert dit :

    Bien sûr que la carte d’identité biométrique est une excellente idée.
    Carte de séjour pour les étrangers également.
    Aux Emirats arabes unis, au nepal tout le monde a une carte d’identité.

  2. gautier dit :

    j’espère que le peuple Anglais tiendra bon contre ce poudré des narines comme Maron ! les peuples se révoltent de plus en plus, alors ils veulent avancer leur projets funestes, l’Euro numérique et le crédit social. nous aussi en France il va falloir être dans la rue sinon ! ce sera de notre faute !

  3. Ronan dit :

    Demat nous avons déjà notre carte d’identité et vitale ; ça suffit amplement car avec ce projet, notre liberté d’aller et de venir sera en grand danger car toutes nos données vont être incluses dans un « Wallet »= portefeuille numérique : bancaires, de santé, immobilières…etc ; elles seront vendues aux technologies américaines via Microsoft ou Google ; opposons-nous à tout cela avec nos amis anglais et Patriotes. Kenavo.

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